Deux jours après le saccage du tribunal de la commune IV du District de Bamako par des manifestants demandant la libération de l’animateur et activiste Ras Bath, le ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux Me Mamadou Ismaïla Konaté s’est rendu sur les lieux pour constater de visu les dégâts matériels et les dommages subis par le dit tribunal.
Lors de cette visite, le ministre était accompagné par le Procureur Général près de la Cour d’Appel de Bamako et le Directeur Général de la Police Nationale. A leur arrivée sur les lieux du sinistre, ils ont été reçus par le président du Tribunal de Grande Instance de la Commune IV du District de Bamako, Moussa Ali Yattara, le Procureur par intérim, Mamadou M. Sidibé. Le ministre Konaté a constaté l’ensemble des dégâts causés par les manifestants. Ces dégâts visibles étaient entre autres, quatre (4) véhicules endommagés dont deux (2) complètement calcinés, une moto aussi, les compteurs d’électricité dont l’un enlevé. Après avoir fait le constat, le ministre a exprimé son indignation face à la situation.
Selon lui, l’objectif de cette visite était de s’enquérir de l’état d’esprit et de l’état de santé du personnel du tribunal après cet acte regrettable.
« Ce que je viens de voir est, ni plus ni moins, un acte de désolation. Aucune liberté, aucune opinion, aucune démarche ne peuvent justifier ce genre d’actes », s’est indigné le Garde des Sceaux. Pour lui, c’est la vie du personnel qui était en jeu avec un tel mouvement d’une foule sourde, muette et aveugle, capable de s’en prendre à toute personne en face. Il a salué le président du Tribunal de Grande Instance de la commune IV et son staff pour leur courage.
« Nul n’est au-dessus de la loi », a laissé entendre Me Konaté. Avant d’indiquer qu’à travers son acte, le tribunal vient de faire renaitre la justice qui sera désormais aveugle en poursuivant toutes les personnes qui sont en violation de la loi sans exception. Il a exprimé sa joie de constater qu’il n’y a eu aucune perte en vie humaine parmi le personnel du tribunal. Avant d’adresser ses condoléances à la famille du manifestant qui a été tué lors de la manifestation. Le ministre a promis des poursuites judiciaires contre ceux qui ont appelé à descendre dans la rue et ceux qui se sont mis en mouvement ainsi que les 19 personnes arrêtées et déférées dans le cadre de cette affaire.
« Aucune liberté ne sera opprimée. Aucune personne ne sera poursuivie en raison de son opinion et quelle qu’elle soit d’ailleurs. Il faut qu’on soit responsables dans ce pays. Tous ceux qui se sont levés pour exprimer des opinions par-ci par-là ne se sont levés qu’en retard par ce que cette personne, depuis 24 mois, insulte qui il veut, met en cause qui il veut tout seul sans aucun respect», a martelé le ministre de la Justice. Selon qui, les actes de Ras Bath sont loin du journalisme et de la liberté d’expression. Il a même pointé un doigt accusateur sur la presse pour avoir laissé prospérer l’animateur Ras Bath autour d’elle en lui permettant de troubler la sécurité, l’ordre public, la paix et le calme.
Le ministre Mamadou Ismaïla Konaté a dénoncé les propos de ceux qui mettent en cause les actions des autorités sur la question. Avant de critiquer la classe politique qui, selon lui, agit en retard pour avoir été elle aussi victime des ‘’attaques’’ de Ras Bath.
A en croire le ministre, les avocats de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath sont passés le voir le lendemain de la manifestation à son bureau. C'est-à-dire le jeudi 18 août sur sa situation. Et c’est cette entrevue qui a permis d’aboutir à un dénouement heureux avec sa libération mais sous contrôle judiciaire. Pour le ministre Konaté, avec cette libération, il y a des conditions car Ras Bath est interdit d’antennes à la télévision et à la radio. Mais aussi, de s’exprimer en public, de participer aux mouvements de foule ainsi que de quitter la commune IV durant le temps de la procédure.
Par ailleurs, le ministre Konaté a salué le courage et la détermination des forces de l’ordre dont les éléments de la Police Nationale et ceux de la Garde Nationale qui ont protégé le président du tribunal de la commune IV et d’autres responsables jusqu’à leur sortie du tribunal en faisant face à tous les risques qui pesaient sur eux.
Quant au Procureur par intérim, il est revenu sur les faits qui sont reprochés à Ras Bath qui sont entre autres, l’outrage public à la pudeur, envers les autorités et la force publique et l’incitation à la désobéissance des troupes.
Modibo Dolo