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Repression des manifestants pacifiques: La majorité parlementaire s’oppose à une interpellation du Gouvernement
Publié le jeudi 25 aout 2016  |  Le Prétoire
Première
© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires.Photo: Honorable Issaka SIDIBE




La journée du mardi 23 août 2016 a été très chaude à l’Assemblée nationale. Et pour cause, les députés de la majorité et ceux de l’opposition ont servi au public un jeu de chiffonniers avec de sérieuses prises de bec. La majorité parlementaire s’est vigoureusement opposée à une demande du groupe de l’opposition visant à interpeller le gouvernement sur l’utilisation d’armes à feu contre les manifestants des récents événements que nous avons connus.

Faisant suite à la demande des partis politiques de l’opposition républicaine et démocratique réunis en séance extraordinaire, le jeudi 18 août 2016 au siège de l’URD, visant à interpeller le gouvernement sur les événements du 12 juillet à Gao et du 17 août à Bamako, le groupe parlementaire Vigilance républicaine et démocratique (VRD) a essayé de tenir cette promesse. Mais, c’était sans compter avec la détermination des groupes parlementaires de la majorité présidentielle de protéger le gouvernement.

En effet, au cours de la séance plénière de ce mardi, qui a eu lieu dans le cadre de la session extraordinaire convoquée par le gouvernement, le président du VRD, Seydou Diawara a voulu introduire une requête d’interpellation du gouvernement en application de l’article 91 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui dispose: « en dehors des cas d’interpellation visés à l’alinéa 2 de l’article 90, tout député qui désire interpeller le Gouvernement sur l’exécution d’un programme adopté par l’Assemblée nationale ou sur une question d’actualité, en informe le Président en séance publique et la dépose immédiatement ». L

’intéressé souhaitait interpeller le gouvernement sur des manifestations organisées à Gao le 12 juillet 2016 pour protester contre la mise en place des autoritées intérimaires; des manifestations organisées à Bamako le 30 juillet 2016 en réaction aux actions de déguerpissement des voies publiques; et des manifestations organisées le 17 août 2016 à Bamako devant le Tribunal de la commune IV, à la suite de l’arrestation du chroniqueur Radio Mohamed Youssouf Bathily dit « Ras Bath ».

C’est alors que les choses sérieuses ont commencé. C’est d’abord le Président de l’institution qui s’est opposé fermement à cette requête, suivi d’Issa Togo du groupe parlementaire Adema-Asma. Selon eux, cette demande de l’opposition est irrecevable car l’ordre du jour des séances plénières de la session extraordinaire est défini par le gouvernement. Ce qui sous-entend qu’à part l’adoption des projets de loi, il est quasiment impossible d’interpeller le gouvernement à travers des questions d’actualité ou des questions orales.

Le député de l’Adema va jusqu’à dire que si l’opposition n’est pas d’accord, elle n’a qu’à organiser une conférence de presse pour se plaindre et pour cela, la Maison de la presse est une tribune toute trouvée, a-t-il indiqué. Très remonté par ces propos, Mody N’Diaye de l’opposition, troisième vice-président de l’Assemblée nationale, réplique en affirmant que cette demande d’interpellation est plus que jamais nécessaire, compte tenu de la situation sécuritaire perplexe du pays. Il argumente en ajoutant que cela entre dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale.

Contrôle qui, dit-il, doit être permanent. Et Alkaïdi Mahamoudou Touré de renchérir en qualifiant la position de la majorité d’«arbitraire». Pour lui, c’est une façon pour la majorité de montrer qu’elle est au pouvoir, sinon, c’est à la conférence des présidents de décider de l’opportunité ou pas de leur demande et non aux groupes parlementaires. Le député élu à Diré d’ajouter que si la majorité refuse d’entériner leur demande, ils ne baisseront pas les bras, car la requête sera reconduite pour la session d’octobre. Car, pour eux, il est impératif que le gouvernement rende des comptes sur l’utilisation d’armes à feu contre les manifestants pacifiques.

Comme s’il ne voulait aucunement arranger les choses, Moussa Timbiné, président du groupe parlementaire RPM, vient enfoncer le clou en traitant l’opposition de plaisantin. Selon lui, il n’est pas question pour le gouvernement de s’expliquer sur des dossiers qui font déjà l’objet d’enquêtes en cours. Cela reviendrait à divulguer des secrets d’instruction. Il accuse les manifestants d’être manipulés et assure que ces derniers et leurs complices seront débusqués et traduits devant la justice.

S’en est suivi une réaction très vigoureuse du Président du VRD, Seydou Diawara, qui estime qu’il est triste pour ce pays que les députés ne soient pas sincères dans l’application du règlement intérieur de leur institution.
Ne s’avouant pas vaincue, l’opposition promet de faire «comparaitre» le gouvernement à l’hémicycle dès l’ouverture de la session prochaine prévue pour octobre prochain. Dieu veille !

Harber MAIGA
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