C’est avec désespoir et indignation, il faut le dire, que le peuple malien a, encore une fois, assisté aux affrontements entre frères d’armes dont le 33é Régiment des commandos parachutistes fut le théâtre vendredi dernier.
Au moment où le monde entier s’affaire au chevet de notre pays pour nous rendre notre dignité bafouée pendant des mois, voici que des éléments de nos forces armées tombent très bas. De quoi attrister le président de la République par intérim qui, face à ces comportements ignobles, s’est adressé à la fois avec désolation et fermeté aux forces armées du Mali, le jour même des évènements. « J’aurais préféré m’adresser à vous pour vous féliciter de l’action que vous menez au Nord de notre pays et des victoires remportées en compagnie de nos frères et de nos alliés sur notre ennemi commun », avait introduit le Pr Dioncouda Traoré, exprimant ainsi tout le regret qu’il a du ressentir face à ce triste spectacle d’échanges de tirs fratricides, au moment où d’autres éléments de notre armée (des patriotes), appuyés par des forces africaine et française, donnent quotidiennement le meilleur d’eux-même contre le terrorisme et le crime organisé dans le Nord de notre pays.
«Devant un tel spectacle, quel sentiment croyez vous qu’éprouvent vos frères, vos compagnons d’armes, venus vous offrir de mourir à vos cotés pour sauver votre pays ? », avait-il interrogé, estimant que certains d’entre nous n’ont jusque-là pas compris la gravité de la situation dans laquelle nous nous trouvons ou ne donnent aucune importance à l’existence même de leur patrie. C’est là la leçon de morale qu’il a donnée aux fauteurs de troubles. En effet, pour le Pr Dioncounda, ceux qui nous regardent sont perplexes et ne comprennent pas ce qui arrive aux Maliens, surtout l’image si négative de notre peuple que certains d’entre nous s’évertuent à leur envoyer. C’est pourquoi, il a souhaité que, pour nous-mêmes et pour ceux qui nous aident, de tels affrontements répétés cessent au sein de la «grande muette» qui, dit-il, doit tout faire pour se ressaisir et se hisser à hauteur de mission. «L’armée malienne a certainement bien d’autres choses à faire, que ce à quoi nous avons assisté aujourd’hui », a prodigué le Chef suprême des armées. Avec l’espoir que le sens du patriotisme et l’attachement de tous à la quiétude des populations prévaudront, le président de la République par intérim a promis que dès aujourd’hui, lundi 11 février 2013, le Premier ministre recevra les représentants du 33è Régiment des commandos parachutistes et les chefs militaires afin de trouver une solution définitive à cette crise.
Bakary SOGODOGO
BERETS VERTS CONTRE BERETS ROUGES
06 morts et plus de 13 blessés graves
L’affrontement entre les Bérets rouges et les forces de l’ordre en cette matinée du vendredi dernier, fait suite à un refus du Chef d’Etat-major de l’armée de voir la célébration d’une fête initiée par les Bérets rouges pour annoncer leur départ vers le Nord. A en croire notre interlocuteur, les assaillants qui avaient cerné le Camp para de Djicoroni étaient tellement furieux qu’ils s’en sont même pris à des hommes de média qui étaient sur les lieux pour vivre la célébration de cette fête et qui ont vu les images prises détruites par ces forces de sécurité.
Après le refus de voir les Bérets rouges en fête le mardi 29 janvier dernier, notre source nous informe que trois jours après, le Chef d’Etat major de l’armée a envoyé six hommes pour effacer l’enseigne qui est installée à l’entrée du camp et qui porte l’inscription: «33è Régiment des commandos parachutistes».
Les femmes des Bérets rouges se sont opposées et les ont renvoyés sur le champ. Il a suffi de quelques jours, pour que les femmes des Bérets rouges, toujours sous l’effet de la colère, aient demandé le départ des hommes en uniforme qui étaient censé surveiller le camp depuis les affrontements sanglants entre les putschistes et les hommes fidèles à ATT, suite à la tentative de contre coup d’Etat du 30 avril 2012.
Cette demande des occupants du Camp para a provoqué la colère des agents en poste qui ont informé sur le champ la base située à Kati. C’est dans ce sillage que les militaires sont arrivés à l’aube encercler le camp avec un camion rempli de munitions pour en découdre avec les Bérets rouges. Des coups de feu ont éclaté entre les deux parties. On se souvient que les deux corps (bérets verts et rouges) sont en conflit depuis l’éviction du président ATT, donc depuis plusieurs mois. Un conflit qui semblait s’être calmé ces derniers jours avec la libération de 28 Bérets rouges.
Sur le terrain, des pneus brûlés, des tirs au hasard, des morts, des blessés graves et des matériels endommagés. C’était la panique généralisée à Bamako. En effet, ces incidents ont fait l’objet de supputations, affolant les Bamakois qui ont pensé un moment à des actes liés à la guerre qui se déroule au nord du pays.
Aussitôt après l’arrivée du renfort, les femmes des Bérets rouges ont sollicité l’aide des jeunes du quartier. Malgré la présence des militaires qui tiraient en l’air, les jeunes, avec des cailloux, ont empêché l’arrivée du renfort. Les palestiniens ne sont pas alors seuls 0 maîtriser les techniques de l’intifada. Selon nos sources, l’affrontement s’est soldé par la mort de six personnes, plusieurs blessés graves et des dégâts matériels importants.
«On en a marre dans ce pays avec les Bérets verts. Ce n’est pas à Djicoroni Para qu’ils vont nous démontrer leur capacité, mais au Nord. Au moment où les pays étrangers sont en train de nous délivrer des islamistes, ils sont incapables de se rendre au front», a déclaré H. S, un habitant de Djicoroni, cailloux en main.
La question que nous nous posons est de savoir quelle image les troupes des pays amis qui sont actuellement dans notre pays pour nous délivrer des «barbus» auront de nous. En effet, alors que tous les yeux sont actuellement rivés sur l’armée malienne qui intervient dans le nord du pays avec l’appui de la France, à Bamako les corps armés s’entredéchirent. C’est comme s’il y avait encore à Bamako des gens peu soucieux de la situation qui sévit dans le pays. Venant de corps habillés, cela devient autre chose.
«Il est grand temps que le capitaine mette de l’eau dans son vin. Le Mali appartient à nous tous et nous n’avons pas d’ordre à recevoir de lui. S’il est vraiment un homme, il n’a qu’à se rendre au Nord pour nous prouver de quoi il est capable», a déclaré un Béret rouge haletant de colère. «Nous n’allons plus cautionner le mensonge dans notre pays. Contrairement à ce que les gens disent, il y a eu plus de deux morts. Il est temps de dire la vérité. C’est le chef d’état-major de l’armée qui est à la base de cette tension entre les deux corps», a martelé un autre Béret rouge qui a requis l’anonymat.
Pendant ce temps, de l’autre côté, un haut gradé de l’armée, lançait un message à ses troupes pour les galvaniser: «Mes frères d’armes, pas de pitié pour les Bérets rouges. Il faut leur prouver de quoi nous sommes capables dans ce pays», lançait-il à ses subalternes pour les inciter à en découdre avec les Bérets rouges.