Après les graves événements du 17 août dernier en commune IV du District de Bamako, Moussa Ag Infahi a-t-il encore sa place à la tête de la de la Police nationale ?
Avec le recul et surtout après la période des émotions, on commence à voir clair dans la gestion des tragiques événements liés à l’interpellation de l’animateur chroniqueur, Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Et on est tenté de donner raison au Ministre de la Justice et des droits de l’homme, Garde des sceaux, Me Mamadou Ismaël Konaté, qui déclarait, le 19 août dernier lors de sa visite au Tribunal de Grande Instance de la Commune IV du District de Bamako, qu’il y a eu des défaillances dans le dispositif sécuritaire en charge de la protection des lieux. « Si ses responsables avaient pris des dispositions pour boucler le secteur du tribunal dans un rayon de 100 m, la police n’avait pas à jeter de gaz lacrymogène à plus forte raison des balles », nous a confié une source sécuritaire.
Dans le maintien de l’ordre, les responsables de la police, à commencer par le Directeur Général, Moussa Ag Infahi, ont notoirement failli en ne prenant pas de dispositions pour contrer les manifestants. Et pourtant la veille déjà, des signes avant-coureurs de ce qui allait se passer le lendemain étaient visibles. Dans la nuit du lundi au mardi, de fortes altercations ont opposé les jeunes de Djicoroni Para aux forces de l’ordre sur la voie principale empruntée chaque jour par le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, pour se rendre au palais de Koulouba. Pis, l’intéressé en garde à vue, avait à travers les réseaux sociaux, envoyé des messages de mobilisation à ses supporters. Cet appel a été entendu, car les jeunes surexcités avaient coupé en début de matinée toutes les voies donnant accès au tribunal en contraignant les usagers à emprunter d’autres chemins.
Ces informations ont-elles été traitées avec rigueur ? Tous les messages appelant à la mobilisation ont-ils été suffisamment analysés par la Direction Générale de la police ? Pourquoi la Direction générale de la police n’a pas pris les dispositions nécessaires pour boucler le secteur du tribunal de grande instance de la Commune IV ? Comment les premiers policiers envoyés sur le terrain se sont retrouvés à court de gaz lacrymogène ? Pourquoi ces policiers assiégés par les manifestants ont attendu pendant longtemps l’arrivée des renforts ? Moussa Ag Infahi a-t-il encore sa place à la tête de la direction générale de la police ?
Les résultats de l’enquête annoncée par le Ministre de la sécurité et de la protection civile, le Général de brigade Salif Traoré, sont attendus avec impatience.
Chiaka Doumbia