Malgré une forte mobilisation du gouvernement pour stopper l’abattage des ânes, quelques personnes persistent dans cette activité lucrative. C’est dans ce cadre que le dimanche dernier, la police du commissariat du troisième arrondissement, en collaboration avec des agents de répression du service vétérinaire, ont arrêté deux individus avec des sacs remplis de peaux d’ânes qu’ils venaient d’abattre. Les peaux vendues à deux Chinois ont été saisies et remises aux services vétérinaires.
Dans la cour de la direction sous régionale des services vétérinaires du district, des dizaines de peaux fraiches d’ânes étaient étalées sous un hangar. Ces peaux étaient en phase de décomposition. Elles seront mises aux services vétérinaires pour éviter d’alimenter le marché noir de ce business qui semble rapporter dans notre pays, malgré son interdiction par nos autorités, depuis un certain temps.
Selon M. Adama Dembélé, le directeur de la Direction National des Productions et Industries Animales (DNAPIA), la chaire d’âne n’est pas parmi les produits consommables, dans notre pays.
Quant à Mme DJIMDE Djénéba DOUYON, directrice sous régionale des services vétérinaires du district de Bamako, elle a affirmé que ces peaux ont été saisies en CII III dans un véhicule conduit par deux Chinois, grâce à la vigilance d’un indicateur du commissariat du troisième arrondissement. Elle a expliqué que deux Maliens avaient donné des sacs remplis de peaux aux Chinois contre de fortes sommes d’argent. Alertés, les policiers de la CCR ont interpelé les deux Chinois et leur demandent d’ouvrir le coffre. C’est ainsi que le pot aux roses a été découvert. Les sacs étaient couverts de sang, car contenaient des peaux d’ânes fraichement abattus, a-t-elle expliqué. Ce qui prouve que malgré la vigilance des agents de terrain, ces gens mal intentionnés agissent en toute sérénité, a-t-elle regretté.
Mme DJIME a invité les populations à la franche collaboration avec les services de sécurité pour pouvoir venir à bout de ce phénomène qui porte préjudice non seulement aux consommateurs, mais aux populations d’ânes dans notre pays. Selon la directrice sous régionale, quelques jours avant cette saisine, la douane avait saisi au niveau de Sénou des animaux vivants destinés à l’exportation vers le Togo.
« C’est le lieu pour moi de saluer la franche collaboration entre les Directions nationales de la douane et de la police dont la vigilance est déjà de taille. Il faut le reconnaitre, les forces de sécurité nous facilitent cette tâche de protection de cette espèce aujourd’hui menacée, malgré son importance », a-t-elle dit. Elle déplore que la direction n’ait pas la moindre idée de quoi est devenue la viande des 36 ânes abattus, car les policiers n’ont saisi que les peaux.
« On se pose pertinemment la question où est passée la viande de ces 36 ânes abattus », a-t-il soutenu. Heureusement, s’est-elle réjouie, c’est facile de distinguer la viande d’âne de celle des autres animaux. En effet, selon la directrice, cette viande est très rouge par rapport à toutes les autres.
« Si les populations soupçonnent une viande de la sorte, elles peuvent informer les agents sur terrain pour qu’ils vérifient. Si c’est de la viande d’âne, ce sera plus facile d’appréhender le ou les responsables », a-t-elle conseillé.
Faut-il rappeler que la direction mène des missions contre des abattages clandestins des moutons, des bovins, des ovins. Souvent, pendant ces missions, les agents découvrent des cas isolés d’abattages clandestins d’ânes.
Les causes d’un carnage
Selon Mme DJIMDE, auparavant il y avait des cas isolés d’abattages d’ânes, car il y a certaines ethnies qui consomment cette viande, mais ce n’était pas en grand nombre. Elle déplore l’entrée en scène des Chinois, depuis un certain temps : « maintenant que les Chinois sont rentrés dans la danse, on n’aura même pas d’âne à la longue pour faire nos travaux. Dans les milieux ruraux, les travaux champêtres, le transport des hommes et de leurs biens ainsi que d’autres activités économiques sont exécutées avec l’âne. Il faut aussi dire aujourd’hui que la peau de l’âne coûte plus cher qu’un âne vivant. En plus, toutes les parties de l’âne sont utiles. Ce qui fait de cet animal une bête de somme très prisée ces derniers temps ».
Pour des mesures de protection, le gouvernement a interdit toute exportation d’ânes. Car avant, l’exportation des ânes vivants n’était pas proscrite par la loi. Aussi, les services vétérinaires sont interdits de livrer des certificats sanitaires par rapport à l’exportation et à l’abattage des ânes.
Par Christelle KONE et Bénédicte Somboro (stagiaire)