L’opération Taxi Pro impliquant l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe) la Coopérative des chauffeurs de taxis du Mali et la société Prize-Auto, sur financement de la Banque internationale pour le Mali (Bim-sa) continue de défrayer la chronique. En effet, l’opération a tourné court, pendant que la Bim-sa tente en vain de recouvrer les sommes colossales investies dans cette affaire à titre de prêts. Cette opération est une véritable arnaque qui restera très longtemps gravée dans les annales du financement des projets au niveau des banques maliennes.
Dans le cadre de la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance du Mali, le gouvernement avait décidé de renouveler le parc automobile avec le lancement de l’opération Taxi Pro. Il s’agit d’un partenariat public-privé pour lutter contre le chômage et la précarité en mettant à la disposition des professionnels des outils indispensables pour leur épanouissement social et professionnel. Pour la réalisation de cet ambitieux projet, il a fallu une véritable synergie d’actions entre le gouvernement, à travers l’Agence nationale pour l’emploi (Anpe), la Coopérative des chauffeurs et conducteurs de taxis du Mali et deux banques de la place. Il s’agit de la Banque régionale de solidarité (Brs), devenue aujourd’hui Orabank, et la Banque internationale pour le Mali (Bim-sa). Sans oublier la participation du Fonds auto renouvelable pour l’emploi (Fare).
Cette opération concernait plus de 500 taxis neufs d’un montant de plus de 5 milliards de Fcfa. La Bim-sa devait financer l’opération pour 100 taxis, soit un montant de plus d’un milliard de nos francs. C’est ainsi que 98 taxis ont été finalement livrés, les deux autres véhicules ayant fait un accident. Ce projet, monté de toutes pièces, a été un véritable fiasco comme certains cadres de la Bim-sa en avaient fait mention à l’époque. Ainsi, le concessionnaire officiel pour livrer les véhicules de marque Fiat à la Coopérative des chauffeurs et conducteurs de taxis, n’était autre que la société Prize-Auto, appartenant à deux jeunes opérateurs économiques maliens, à savoir Samba Bathily et Oumar Diaw.
Pour qui connait Samba Bathily, ce jeune homme d’affaires se trouve aujourd’hui mêlé dans beaucoup de scandales. Avec sa société Proxicom qui regroupe plusieurs filiales, il est derrière plusieurs marchés engendrant des milliards de Fcfa.
Avec l’opération Taxi Pro, ce fut une affaire rocambolesque où plusieurs personnes se sont bien sucrées à tous les niveaux. Les noms de l’ancien responsable patron de la Bim-sa, Mohamed Krisni (il est actuellement le directeur général de la Société commerciale de banque, une banque universelle appartenant au groupe marocain Attijariwala Bank) et de l’ancien responsable du Pôle clientèle de la Bim-sa, Yahia Merfour (lui, il a carrément quitté le secteur bancaire) sont cités dans ce dossier pour avoir mal négocié cette affaire qui a tourné à un échec total.
Quelques mois seulement après le lancement de l’opération, les problèmes ont commencé. Beaucoup de chauffeurs n’arrivaient pas à honorer leurs engagements vis-à-vis des partenaires, plus précisément au niveau de la Bim-sa. Ce n’est pas tout. Plusieurs chauffeurs ont également garé leur taxi faute d’entretien et maintenance. Pourtant, ces services devaient être assurés comme prévus dans la Convention de partenariat.
Le patron de Prize-Auto, Samba Bathily, s’est aussi engagé à installer une usine de montage de la marque Fiat au Mali, en vue de faciliter les pièces de rechange. Ce qui n’a jamais été fait.
Aujourd’hui, l’Anpe, la société Prize-Auto et la Coopérative des chauffeurs de taxis doivent plus de 800 millions de Fcfa à la Bim-sa dans le cadre du remboursement des emprunts effectués au niveau de la Banque pour l’acquisition des véhicules. Aux dernières nouvelles, un moratoire avait été signé entre les différents partenaires. Pour ce faire, l’Anpe s’est engagée à rembourser chaque mois 20 millions de Fcfa à la Bim-sa. Malheureusement aussi, l’Anpe n’arrive toujours pas à honorer cet engagement, dit-on, à cause de difficultés financières. Et pourtant, la Bim-sa est déterminée à recouvrer son dû.
De toutes les façons, l’Administrateur directeur général de la Bim-sa, Hassen Ouastani, fait preuve d’une vision en mesure de donner une nouvelle image à la Banque. Cela, à travers le financement de l’économie nationale, notamment en boostant des projets innovants. De janvier 2015 au 31 décembre 2015, les crédits octroyés aux Pme ont augmenté de 97% et les crédits accordés aux particuliers ont atteint 37% sur la même période. Sans oublier qu’il est sur plusieurs autres chantiers innovants, notamment le financement des logements sociaux à travers les crédits acquéreurs.
A.B.HAÏDARA