Dans cette interview, Moussa Ismaïla Touré, DG API-Mali, évoque la création d’entreprises et d’emplois au Mali, les gros chantiers d’infrastructures, les priorités de l’Etat, la coopération intra-africaine, la facilitation de l’acte d’investir au Mali. Un pays sur un Plan stratégique et opérationnel (PSO) 2015-2018...
Les Afriques : Depuis sa création, l’API a beaucoup simplifié l’Acte d’investir au Mali. Quelle a été l’évolution dans la création d’entreprises ?
Moussa Ismaïla TOURE : Dans le processus de l’investissement, la création d’entreprise est un passage incontournable. A API-Mali, cet acte se concrétise au niveau du Guichet unique (GU) pour la création d’entreprises, les autorisations d’exercice et l’agrément au code des investissements. Depuis son opérationnalisation, le GU a facilité le processus de création de l’entreprise et donc de l’investissement.
En 2015, nous avons créé à API-Mali 7 877 entreprises. Notre objectif pour 2016 est d’atteindre la barre de 10 000, ce qui équivalerait à plus que doubler en 3 ans le nombre d’entreprises créées chez nous. Cela est le résultat des améliorations apportées dans notre façon de faire, aux réformes pour l’amélioration du climat des affaires et à la reprise économique en cours au Mali.
Le Mali travaille à la réalisation de quelques projets structurants. En quoi consistent-ils ?
Le gouvernement malien a dressé une liste des projets structurants dans les secteurs de l’aménagement urbain, des infrastructures de transport, de l’énergie et de l’agriculture. En 2015, nous avons assisté à la concrétisation de certains qui ont fait l’objet de signature de conventions entre l’Etat et des acteurs privés. L’aménagement en 2x2 voies de la route Bamako-Koulikoro, la construction du Pont de Kayo, les projets de centrales solaires de Ségou et Kita sont parmi ceux-là. Ce mouvement positif va continuer et même s’accélérer en 2016 avec des projets importants en infrastructures, énergie et dans l’agro-industrie qui sont en phase de finalisation.
Quels sont les secteurs prioritaires pour l’Etat ?
Les grands projets dont je parlais juste avant se retrouvent justement dans les secteurs qui ont été retenus comme prioritaires. Il s’agit de l’agriculture, de l’énergie, des infrastructures. A ceux-là, il faut ajouter aussi la santé, l’éducation et la formation professionnelle, le logement et les nouvelles technologies de la communication.
Quelle est la place accordée à la coopération Sud-Sud dans le cadre de la réalisation des grands projets d’infrastructure au Mali ?
La coopération Nord-Sud a joué un rôle important dans l’amélioration des conditions de vie en Afrique (amélioration de l’espérance de vie, accès aux biens de consommation…), elle n’a cependant pas permis aux pays africains de s’approprier la technologie en vue de pouvoir transformer leurs ressources sur place.
C’est dans cette perspective que les nouvelles formes de partenariat, à l’instar de la coopération Sud-Sud, sont considérées par plusieurs analystes comme un outil susceptible de permettre aux pays africains de rattraper le retard accusé en matière de technologie, d’infrastructures et d’amélioration de la productivité.
Ce courant de pensée se traduit depuis quelques années déjà, et avec des résultats positifs encourageants, à travers des projets sous-régionaux comme l’OMVH. La formation des ensembles de coopération économique et monétaire (Cedeao, Uemoa…) s’inscrit aussi dans ce cadre. Malgré l’existence de difficultés certaines, l’espoir est permis du fait qu’il existe des opportunités réelles et des besoins dans chacun des Etats pris individuellement.
Nous n’avons donc pas d’autre choix que de continuer à renforcer la coopération Sud-Sud. Je nourris le voeu de voir, pourquoi pas, se réaliser une centrale nucléaire ouest-africaine pour répondre à la demande croissante d’énergie électrique dans les pays de cette région.
Quelles sont les principales mesures incitatives adoptées par le Mali pour séduire les investisseurs ?
Le Mali s’est doté tout d’abord d’un Code des investissements qui a été amélioré au fur des années. Parallèlement à cela, d’importantes réformes ont été menées pour améliorer l’environnement des affaires. C’est un processus continu. Nous travaillons actuellement sur une loi PPP (Partenariat public-privé) qui devrait être adoptée d’ici fin juin 2016 et envisageons une relecture du code des investissements. La protection des investisseurs, l’amélioration des systèmes d’incentive, une meilleure gestion des questions foncières et la simplification des procédures (agrément, douane, impôts…), le cadre de collaboration et de dialogue public-privé seront au coeur des préoccupations à traiter. Les cadres institutionnel et juridique ne seront pas en reste.
Propos recueillis par Maimouna DIA