« …Mais dès l’instant, que chaque jour des nations nouvelles ont commencé à naître en Afrique, notre continent est devenu l’enjeu de la rivalité entre les grandes puissances. C’est à celle que usera de tous les moyens pour pouvoir asseoir son influence afin d’éliminer, si elle existait déjà, ou alors de l’empêcher de s’installer, toute autre influence étrangère.
Or, comme je vous l’ai dit, les idées se diffusent par rayonnement d’un point comme les rayons de soleil. Elles vont alors dans toutes les directions. Les représentants de ces grandes puissances ont réalisé que les idées dynamiques partant de la République du Mali ne pouvaient se briser sur les frontières artificielles que la domination coloniale a créées entre ces diverses parties de l’Afrique. Par conséquent, il fallait tuer le germe de nationalisme africain ; il fallait donc empêcher la République du Mali d’appliquer librement la politique économique, sociale et culturelle que son Congrès lui a assignée en 1960.
Et pour cela, sur qui fallait-il compter ?
Sur les quelques maliens mécontents, soit parce qu’ils n’ont pas été satisfait dans leurs ambitions ou bien parce qu’ils ont la nostalgie des super bénéfices qu’ils réalisaient avec la complicité des trusts coloniaux sur le dos de nos frères, soit parce qu’ils ont été obligés de rejoindre l’Union Soudanaise RDA, soit enfin parce qu’ils n’avaient d’autres possibilités et avaient pensé avoir se servir de la couverture du Parti pour préparer la subvention et mettre le pays à feu et à sang avec la complicité d’étrangers.
Alors, on ne pouvait trouver mieux que de tenter d’expliquer pseudo mécontentement chez certains commerçants apatrides, mécontentement consécutif à la création de la Somiex, de la Régie des transports, bref tous les organismes d’Etat qui réduisent considérablement les bénéfices illicites de ceux qui ne peuvent pas se faire à la pratique légale des transactions commerciales . Enfin, il fallait cristalliser ce mécontentement autour de quelques éléments, autour de quelques maliens.
C’est là qu’intervient le rôle que devait jouer un Kassoum Touré dont tout le monde connaît la verve. Il devait électriser le mécontentement, le mobiliser pour l’envoyer comme une marée, une véritable marée sur les institutions du Parti et du Gouvernement. A l’ombre du désordre ainsi crée, l’on se proposait d’atteindre certains responsables et de les liquider physiquement. Un grand émoi se serait ainsi crée et nos grands hommes : les Fily Dabo Sissoko et Hamadoun Dicko, profiteraient alors de l’émoi général et de la démoralisation du peuple pour apparaître comme étant « les véritables sauveurs de la République ».
Voilà, camarades, ce qui était préparé. »
A suivre…
Youssouf Sissoko