A l’issue de la TICAD de Nairobi, les deux parties ont souligné leur engagement à travailler main dans la main en mettant un accent particulier sur les domaines de la santé, de la stabilité sociale et de la promotion du secteur privé
La 6è Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique (TICAD) s’est achevée hier à Nairobi où elle avait commencé un jour plutôt. Pour montrer sa volonté de renforcer ses relations de coopération avec l’Afrique, l’Empire du soleil levant n’a pas fait les choses à moitié. Dès l’ouverture de la conférence, le Premier ministre japonais Shinzo Abe, présent à Nairobi en compagnie d’une belle brochette de décideurs et d’hommes d’affaires, a annoncé que son pays prévoit d’investir 30 milliards de dollars, soit environ 54 000 milliards de Fcfa en Afrique sur les trois prochaines années.
Cette annonce du chef du gouvernement nippon, bien qu’elle ne figure pas dans la déclaration finale, aiguise déjà les appétits des pays africains, notamment le monde des affaires. Il faut dire que les hommes d’affaires africains, désireux de commercer avec le Japon, disposaient de partenaires potentiels. Toutes les grandes firmes japonaises si connues notamment dans les domaines de l’automobile, de l’électronique comme Toyota, Nissan ou encore Sony, avaient pris d’assaut la capitale kenyane. Avec un seul but : établir des relations d’affaires avec les Africains. Leur argument : la qualité exceptionnelle des produits japonais.
Côté politique : le Premier ministre japonais Shinzo Abe avait face à lui une trentaine de chefs d’Etat africains dont le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, arrivé dans la capitale kényane vendredi après-midi en compagnie de son épouse Mme Keita Aminata Maiga. La délégation présidentielle comprenait également plusieurs ministres : Abdoulaye Diop (Affaires étrangères, Coopération internationale et Intégration africaine), Boubou Cissé (Économie et Finances), Mme Togo Marie Madeleine Togo (Santé et Hygiène publique), Aissata Founé Samaké Migan (Enseignement supérieur et Recherche scientifique), Aly Ag Ibrahim (Développement industriel) et Konimba Sidibé (Promotion des Investissements et Secteur privé).
La conférence de Nairobi revêtait une signification historique du fait que la TICAD se tenait pour la première fois en Afrique. Ce rendez-vous avec l’Afrique a été initié par le Japon après la guerre froide afin d’aider les Africains à trouver la voie du développement.
Lors de la cérémonie d’ouverture, samedi au Centre international de conférence Jomo Kenyatta, l’hôte de la TICAD, le président kenyan Uhuru Kenyatta, a indiqué que cette rencontre était une opportunité de suivi des progrès et de la mise en œuvre des accords des précédentes éditions. En sa qualité de président en exercice de l’Union Africaine, Idris Deby Itno, s’est félicité de l’engagement japonais au bénéfice des pays africains. Le président tchadien a ensuite souligné les atouts dont dispose l’Afrique pour son développement.
Pour le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, le développement harmonieux de l’Afrique est au cœur des priorités nipponnes. « L’Afrique trace elle-même les contours du rêve de l’Afrique, et le Japon et l’Afrique se donnent la main pour réaliser ce rêve : voilà ce qu’est la TICAD », résumé le dirigeant nippon.
La présidente de la commission de l’Union africaine a, pour sa part, espéré que ce processus contribuera davantage à «réaliser les objectifs du programme 2063 de l’UA, objectif sur le long terme créé par la population d’Afrique pour l’Afrique». « Ce continent est prêt à travailler en étroite collaboration avec le Japon », a ajouté Nkosazana Dlamini Zuma.
Après le cérémonie d’ouverture, les travaux ont porté sur trois axes principaux : promouvoir une transformation économique structurelle par la diversification économique et l’industrialisation ; promouvoir un système de santé résilient pour une meilleure qualité de vie ; promouvoir la stabilité sociale pour une prospérité partagée. Chacun des trois thèmes étaient discutés en groupes animés par des présidents ou des chefs d’entreprises. Ces axes ont été définis en rapport aux évolutions positives et aux défis apparus après la TICAD VI.
Encourager le secteur privé. Pour le Japon, la santé passe avant tout. Les participants ont discuté des façons d’améliorer les réponses aux crises de santé publique et aux épidémies telles qu’Ebola. Et également comment encourager la mise en œuvre d’un système résilient pour une meilleure qualité de vie. Le ministre de la Santé et de l’Hygiene publique et sa collègue de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont brillamment participé aux débats.
Quant au thème portant sur la promotion de la stabilité sociale pour une prospérité partagée, il intéressait beaucoup notre pays qui se bat pour son unicité et sa laïcité dans un environnement infesté d’islamistes radicaux. C’est pourquoi le chef de l’Etat choisira lui-même de co-animer ce panel avec son homologue kenyan et le représentant de Ban Ki Moon (voir l’article ci-contre).
Le dernier thème, tout aussi d’actualité que les deux premiers, visait à encourager les investissements privés et le commerce. Plus de 100 entreprises japonaises étaient présentes à Nairobi pour exposer leurs idées et leurs technologies. Leurs stands ont été visités par le president Keita en milieu de journée samedi. Le chef de l’Etat qui s’est laissé séduire par le savoir-faire nippon, a salué, à l’issue de la visite, le génie japonais.
Non loin du pavillon du Japon, l’Afrique a, elle aussi, expliqué les facilités qu’elle propose aux investisseurs étrangers. Le stand du Mali était occupé par l’Agence pour la promotion de l’investissement (API). Selon son patron, Moussa Touré, il s’agissait d’encourager les investisseurs à s’intéresser au Mali en répondant à leurs interrogations sur le code des investisseurs, le climat des affaires, les secteurs clés et mettre à leur disposition la documentation nécessaire. Aussi, a-t-il profité de l’opportunité pour inviter les investisseurs potentiels au Forum des investisseurs, prévu dans notre pays en juin 2017.
Dans le pavillon africain, situé à un jet de pierre des salles de panels, le stand du Mali côtoyait ceux d’autres pays africains comme le Sénégal, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Kenya, etc. D’autres stands étaient occupés par des entreprises africaines, des organisations internationales (UNDP, UNFPA, AfDB, World Bank).
A l’occasion de la conférence de Nairobi, le Japon et l’Afrique ont décidé de donner un vigoureux coup d’accélérateur à leur coopération tout en mettant un accent particulier sur les domaines de la santé, de la stabilité sociale et de la promotion du secteur privé. Cette volonté a été concrétisée par l’adoption d’un document à la fin de la TICAD. Ce document réaffirme, en gros, l’engagement japonais à travailler avec l’Afrique main dans la main et dans le respect de ses valeurs.
Envoyés spéciaux
A. M. CISSE
H. KOUYATE