Dénonçant la récurrence des affrontements intercommunautaires meurtriers dont le dernier en date a fait samedi dernier “5 morts et 7 blessés dans le cercle de Ténenkou, le président de Tabital Pulaaku, principale association de la communauté peule au Mali, Abdoul Aziz Diallo, a affirmé à l’AFP que l’affaire avait commencé par un vol de bétail.
“Un important nombre d’animaux ont été volés. Les propriétaires sont allés chercher leur bétail et ils sont tombés dans une embuscade et il y a eu des affrontements. Cinq personnes ont été tuées et sept autres blessées”, a indiqué M. Diallo.
“Pour nous, c’est le gouvernement malien qui ne prend pas ses responsabilités en désarmant les groupes armés qui tuent dans la région de Mopti à cause du bétail”, a-t-il ajouté. Selon une source policière contactée dans la région, six personnes blessées lors de ces affrontements ont été transférées vers le Sud pour “des soins appropriés”.
En avril-mai, au moins une trentaine de civils, dont bon nombre de Peuls, avaient été tués dans des violences entre membres de cette communauté et Bambaras, la principale ethnie du pays.
Ténenkou : les élus inquiets
Après un énième affrontement intercommunautaire meurtrier samedi dernier, les élus de Ténenkou invitent le gouvernement à prendre des mesures sécuritaires par le redéploiement de l’administration dans toute la zone. Selon eux, il y a un risque que “les jihadistes embrasent la zone”. Sur les antennes de Studio Tamani, le député élu à Ténenkou Amadou Cissé a rappelé qu’”il y a eu déjà de tels événements qui se sont passés dans la Commune de Dioura, il n’y a pas très longtemps. On a dépêché une mission gouvernement-Assemblée pour voir comment les choses se passent et trouver des solutions. On était même arrivé à l’époque à signer un pacte de non-agression entre les gens”.
Mais malheureusement, dénonce-t-il, “les choses ont tenu quelques mois et ça reprend encore. Ce sont des jihadistes qui veulent créer un problème inter communautaire dans la zone. Ils veulent embraser la zone qu’on appelle ‘ventre mou’ ; à savoir : la bande Ténenkou-Nampala-Léré. Il faudrait qu’on trouve une solution définitive à ce problème, qu’on ne se focalise pas seulement sur le Nord et oublier cette zone, parce que, si on ne prend garde, ça risque d’être toutes les régions du Nord et tout le reste à un moment donné. L’administration est absente partout sauf à Ténenkou où il y a le préfet. Dans les communes, il n’y a pas de sous-préfets, les maires sont tous en dehors du cercle, même le juge n’est pas là. Vous voyez, c’est très compliqué”.
Ménaka abandonnée
En raison des attaques récurrentes contre les transporteurs sur l’axe Gao-Ménaka, la coordination syndicale des chauffeurs et conducteurs routier de Gao a décidé d’arrêter le trafic. Cette décision devait prendre effet à partir de samedi 27 août 2016. Les syndicalistes affirment que sans dispositions sécuritaires des autorités régionales ou des groupes armés, aucun camion ne sortira de Gao pour Ménaka.
Cette décision intervient après plusieurs braquages et enlèvements des camions sur la route de Ménaka par des hommes armés non identifiés. Le mode opératoire est de dépouiller les passagers et emporter les véhicules. Elle concerne uniquement l’axe Ménaka-Ansongo-Gao. Les autorités régionales ont été informées de cette mesure, mais, selon les transporteurs, aucune disposition n’a été prise pour une meilleure sécurisation. En moins deux semaines, une dizaine de véhicules ont été objet de braquage sur l’axe Ménaka-Ansongo et Ansongo-Labezzanga. La majorité d’entre eux était des convois humanitaires.
La coordination syndicale des chauffeurs et conducteurs routiers du bureau régional de Gao exige des garanties sécuritaires pour la reprise du trafic. Sur Tamani, Ali Issagar Maïga dit Kayis, secrétaire général de la coordination syndicale des chauffeurs et conducteurs routiers du bureau régional de Gao, a expliqué qu’”il y a un peu longtemps qu’on vit ce problème là et je crois qu’au lieu de sacrifier ta vie, mieux vaut que tu restes à la maison dans ta famille. En ce qui concerne l’Etat, il ne bouge pas, l’Etat ne dit rien. Et je crois qu’on est arrivé cette fois-ci au mur, donc on ne peut pas traverser le mur, donc on est obligé de s’arrêter. Depuis un certain temps, on ne fait que braquer les gens, prendre leurs biens, maintenant on est en train de tuer les gens, enlever les véhicules donc vraiment c’est misérable. Le problème est que ce sont ces mêmes véhicules qui amènent à manger à ces gens-là”.
La rédaction