Le nouveau projet de loi électorale a été examiné hier à l'Assemblée nationale. Ce projet va remplacer la loi électorale de 2006 et doit prendre en compte la nouvelle architecture politique et institutionnelle du pays. Certains partis politiques rejettent ce projet et estiment qu'il traduit une volonté délibérée de verrouiller le pouvoir aux potentiels prétendants.
La nouvelle loi prévoit de faire passer la caution pour l'élection présidentielle à 35 millions de FCFA. Celle-ci était de 10 millions en 2013. De plus, le nouveau texte exige le parrainage de chaque candidat à cette élection par 15 députés ainsi que 5 conseillers nationaux. Lors des dernières élections, ce quota était limité à 10 députés.
Cette dernière mesure est contestée par de nombreux partis politiques qui dénoncent une loi taillée sur mesure pour certains partis qui disposent de ce nouveau quota de députés envisagé. Un responsable de l'ADP-Maliba ex-membre de la majorité présidentielle parle même d'une volonté d'exclusion et d'une prise en otage de la démocratie.
Selon lui, les élus communaux devraient aussi être pris en compte dans le parrainage des candidats. Il estime qu'ils sont représentatifs des populations locales. Les débats pour l'adoption de ce texte s'annoncent houleux, car déjà, des formations politiques appellent à son retrait pur et simple.
Au sein de l'opposition des partis rejettent déjà ce projet de loi. Ils voient en ce texte un moyen détourné de verrouiller l'accès au pouvoir. Selon eux ce projet de loi ne contribue pas à la démocratie. Nouhoum Sarr, le président du Front Africain pour le Développement est joint au téléphone par Ibrahima H.Diallo :
"Notre parti a pris connaissance de ce projet. On l'a lu et on l'a rejeté catégoriquement pour un certain nombre de raisons. Cette loi vient manifester une volonté de verrouiller l'accès au pouvoir notamment dans sa partie sur le parrainage. L'ancienne loi prévoyait que pour être candidat il faut être parrainé par dix députés ou par cinq conseillers par région. Le nouveau projet de loi passe de dix à quinze et impose aussi cinq conseillers nationaux. A propos aussi de la caution, l'ancienne loi prévoyait une caution de dix millions, aujourd'hui le nouveau projet l'a fait passer à 35 millions. Pour nous c'est une insulte à l'endroit du peuple".
Qu'est-ce-que vous proposez pour l'amélioration du contenu de ce nouveau projet de loi électorale?
"Il faut indéniablement un congrès extraordinaire du peuple malien pour décider de la sortie de crise. Que le gouvernement prenne l'initiative de rassembler toutes les forces politiques pour que, s'il doit y avoir un nouveau projet de loi électorale, que ça soit l’émanation de ces forces politiques".
Certains partis de la majorité estiment que l'adoption de cette nouvelle loi est nécessaire car elle va corriger les insuffisances de l'ancien texte de 2006 et intégrer les acquis de l'accord de paix issu du processus d'Alger. L'honorable Boubacar Sissoko, Chargé de communication du Groupe parlementaire RPM est joint au téléphone par Ibrahima H.Diallo :
"J’adhère à ce nouveau projet de loi électorale, parce qu’il est le fruit d’un comité composé de tous les partis politique, de la société civile, du gouvernement. C’est un ensemble qui a travaillé autour de ce projet pendant un long temps autour du ministère de l’administration territoriale avant d’atterrir à l’Assemblée Nationale. Ensuite, c’est une loi qui prend en compte toutes les insuffisances institutionnelles et intègre les acquis de l’accord de paix signé à Alger. Tous ces partis politiques qui sont en train de rejeter cette loi électorale aujourd’hui ont participé aux commissions de travail mises en place au niveau de l’administration territoriale. Ils étaient tous là. Ils ont participé du début jusqu’à la fin. Donc c’est le fruit d’une méthode participative autour du ministère de l’administration territoriale. Maintenant, les raisons qui font qu’ils rejettent leurs sont propres. Je ne peux pas user de cela".