OTTAWA – Parmi le «très grand nombre de pays» qui ont demandé au Canada de participer à des opérations d’appui à la paix, le Mali est l’un de ceux où les besoins sont «évidents».
C’est le constat auquel en arrive la ministre du Développement international et de la Francophonie, Marie-Claude Bibeau, qui bouclera vendredi sa première visite officielle en Afrique.
Sa tournée l’aura menée dans trois pays francophones de l’Afrique de l’Ouest jadis considérés comme des oasis de stabilité politique au sein d’un continent ravagé par les conflits: le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso.
Cette stabilité a toutefois été mise à rude épreuve au cours des dernières années, ces pays étant confrontés à une menace terroriste qu’ils n’ont pas la capacité de contenir, selon Mme Bibeau.
«Malheureusement, non, ils n’ont pas les ressources suffisantes pour faire face à la situation», a-t-elle affirmé jeudi en entrevue téléphonique depuis la capitale malienne, Bamako.
Le Mali figure parmi les États les plus «pauvres», les plus «vulnérables» et les plus «fragiles» de la planète, a-t-elle fait remarquer lors de cet entretien avec La Presse canadienne.
Il est souvent cité comme l’un des pays où le Canada pourrait déployer des Casques bleus dans le cadre de son réengagement dans les missions de paix chapeautées par les Nations unies.
Des diplomates, des militaires et des agents de la Gendarmerie royale du Canada y seront d’ailleurs envoyés prochainement pour observer de plus près les opérations de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Comme l’avait fait le ministère de la Défense la veille, la ministre Bibeau a prévenu jeudi qu’il ne fallait pas voir en cette «mission technique» une confirmation qu’Ottawa y déploiera des troupes.
«Il y a vraiment un très grand nombre de pays qui sont malheureusement sur la liste de ceux qui nous font des demandes via les Nations unies, entre autres», a-t-elle fait remarquer.
Mais oui, «les besoins sont évidents (au Mali)», a ensuite convenu Mme Bibeau.
Sur le plan du développement international, le Canada compte «demeurer très actif au Mali», «un incontournable», mais «il ne peut pas y avoir de paix sans développement, il ne peut pas y avoir de développement sans paix», a-t-elle plaidé.
Les risques liés à une potentielle participation canadienne aux efforts de la MINUSMA ne sont pas négligeables. Cette mission de maintien de la paix est l’une des plus dangereuses au monde — depuis avril 2013, 105 Casques bleus ont été tués au Mali.
Le gouvernement fédéral a annoncé vendredi dernier qu’il déploierait jusqu’à 600 soldats dans le cadre de son programme pour la stabilisation et les opérations de paix (PSOP), sans toutefois préciser où ils seraient envoyés.
Les libéraux ont cependant signalé à plusieurs reprises que le continent africain serait une priorité. La ministre Bibeau l’a rappelé en publiant une lettre ouverte intitulée «Le Canada sera de plus en plus présent en Afrique», publiée lundi dans le quotidien Le Devoir.
Pour ce faire, le Canada s’impliquera de façon bilatérale, avec des programmes de développement, mais aussi multilatérale, notamment en contribuant à des initiatives sous l’égide d’institutions comme l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).
Le gouvernement libéral prévoit d’ailleurs profiter du sommet de l’OIF, qui se tiendra les 26 et 27 novembre à Madagascar, pour dévoiler une «stratégie spécifique à la Francophonie» axée sur l’appui à la gouvernance, a indiqué la ministre québécoise.