Au sortir du mois sacré de Ramadan, dès que s’achèvent les célébrations clôturant les journées d’abstinence, les musulmans de par le monde ont l’attention toute tournée vers la plus grande fête de leurs communautés. La commémoration qui se profile alors revêt des dimensions multiples aux yeux des croyants. Associée au cinquième pilier de l’islam qu’est le pèlerinage, cette commémoration n’est pas circonscrite qu’aux seuls lieux saints. L’un de ses rites, l’immolation d’une bête en l’occurrence étant recommandée à toute la Oummah islamique.
La notion de sacrifice, dans les ouvrages de référence, est définie comme ‘l’action par laquelle on offre certaines choses à Dieu, avec certaines cérémonies, pour rendre hommage à sa souveraine puissance’. Il s’agit pour le croyant, en se conformant à cette pratique, de se rapprocher de Dieu. La tradition lui permet à tout moment de l’année, de nourrir cette intention et de l’exécuter. Le Livre saint rappelle à cet effet : « A chaque communauté, Nous avons assigné un rite sacrificiel, afin qu’ils prononcent le nom d’Allah sur la bête de cheptel qu’Il leur a attribuée. Votre Dieu est certes un Dieu unique. Soumettez-vous donc à Lui. Et fais bonne annonce à ceux qui s’humilient, » (22:34) La recommandation de la pratique du sacrifice en dehors du contexte de cette commémoration est évoquée par ailleurs dans le Coran : « Accomplis la Salah pour ton Seigneur et sacrifie. » (108:2)
Mais le sacrifice consenti spécifiquement en période de pèlerinage, renvoie à la mise à l’épreuve d’Abraham à travers son fils, ce dont le Livre saint rend succinctement compte : «Puis quand celui-ci fut en âge de l’accompagner, [Abraham] dit : « Ô mon fils, je me vois en songe en train de t’immoler. Vois donc ce que tu en penses”. (Ismaël) dit : “Ô mon cher père, fais ce qui t’es commandé : tu me trouveras, s’il plaît à Allah, du nombre des endurants”. Puis quand tous deux se furent soumis (à l’ordre d’Allah) et qu’il l’eut jeté sur le front, voilà que Nous l’appelâmes “Abraham ! Tu as confirmé la vision. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants”. C’était là certes, l’épreuve manifeste. Et Nous le rançonnâmes d’une immolation généreuse. Et Nous perpétuâmes son renom dans la postérité : “Paix sur Abraham”. (37:102)
Pour les exégètes, il est des indications très précises quant à la nature des sacrifices, mais surtout leur portée : « Ni leurs chairs ni leurs sangs n’atteindront Allah, mais ce qui L’atteint de votre part c’est la piété. Ainsi vous les a-t-Il assujettis afin que vous proclamiez la grandeur d’Allah, pour vous avoir mis sur le droit chemin. Et annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants. » (22 :37)
En appelant à méditer et à s’instruire des épreuves subies par Abraham, les oulémas soulignent que ce patriarche était « imprégné par l’Unicité et totalement soumis à la volonté divine ». Ils insistent par ailleurs sur le fait que le sacrifice, bien que fortement recommandée au fidèle, l’est seulement pour celui qui en a les moyens, car : « Allah n’impose à aucune âme une charge supérieure à sa capacité. (2:286)
A. K. CISSE