Trois artistes aux profils très variés exposent à Ségou, du 27 août au 27 septembre 2016, dans la salle d’exposition, sur les berges du Niger, qui sert aussi de siège de la fondation du Festival sur le Niger.
Ils sont deux Maliens, Boubacar Doumbia, Amadou Opa Bathily et une artiste burkinabé, Adjaratou Ouédraogo, à voir leurs œuvres lors de cette exposition organisée par le centre Korè de Ségou, en collaboration avec la fondation du Festival sur le Niger. Le vernissage a eu lieu, la semaine dernière, en présence du directeur du Festival sur le Niger, Mamou Daffé, et l’ancien ministre, Cheick Oumar Sissoko, ainsi que plusieurs artistes de divers horizons.
Les créations de Boubacar Doumbia traitent du mode de vie de la société Bambara. La thématique proposée est « la conception de l’existence selon les Bambara ». L’artiste touche du doigt les problèmes majeurs de notre société, et l’abandon de l’initiation traditionnelle. A travers ses œuvres, Doumbia divise la vie en 5 grands piliers : le champ (Foro), la maison (So), le foyer ( N’Ga), l’avenir (Niébila) et le chemin (Témèsira).
« Aujourd’hui ces 5 piliers de la cosmogonie Bambara sont en déperdition. Ce qui explique le recul de notre société au profit d’autres qui ne correspondent pas à nos réalités socioéconomiques et culturelles », a expliqué l’artiste Doumbia. Sa technique est le bogolan et une utilisation du fer inspirée du milieu dogon. Les œuvres sont de très grand format. Leurs dimensions varient environ de 4mx4m à 1.5mX90m. Les tableaux ont été réalisés en un mois.
A travers sa démarche, il a expliqué l’initiation de l’enfant jusqu’à l’adolescence, chez le Bamana. Ces différentes étapes sont visibles dans ses œuvres.
Le jeune Bathily a travaillé sur la récupération. La technique utilisée s’appelle la « récup-art ». Les œuvres exposées sont le résultat de 12 mois de travail et de critique des grands professionnels de l’art contemporain. Plus d’une vingtaine d’œuvres retracent le chemin de l’aventure vers un monde incertain, dans les dunes du désert et en mer.
Son sujet porte sur la migration, lui-même issu d’un milieu, (dans la région de Kayes) où la migration prend une grande place dans le cœur et la mémoire de la population. Les tableaux sont faits en fer de récupération. Leur réalisation a pris toute une année. Son exposition entre dans le cadre du « Korè-qualité » qui est un programme mis en route pour la promotion et la diffusion des artistes débutants. Amadou Opa Bathily a été formé à l’Institut national des arts (INA), puis au Conservatoire des arts et métiers multimédia (CAMM).
Quand à la troisième artiste, Adjaratou Ouédrago, elle a travaillé sur les conditions difficiles de la femme et de l’enfant. Ces œuvres sont les résultats d’une résidence de trois semaines à Ségou. « Je parle peu, donc je peins beaucoup » est la philosophie de l’artiste burkinabé qui a exprimé sa satisfaction pour la réalisation de ces œuvres sur les problématiques des femmes et enfants en situation difficile. L’artiste fait partie du cercle restreint des femmes peintres au Burkina Faso. Elle utilise une technique très diversifiée et utilise l’art en tant qu’une combattante de la liberté. Elle rassemble objets, matières et idées pour exprimer ses pensées.
« Cette exposition nous a permis de connaitre un pan de notre culture. Il faut inciter les jeunes à venir la visiter pour découvrir l’éducation traditionnelle », s’est enthousiasmé un visiteur.
Notons que cette exposition internationale s’envolera, après Ségou, pour d’autres grands événements culturels.
A. SOW
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