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Un second ver est dans le fruit : Le projet de la nouvelle loi électorale porte en lui les mêmes germes du chaos que la loi sur les autorités intérimaires
Publié le vendredi 2 septembre 2016  |  Infosept
Première
© aBamako.com par Androuicha
Première réunion de 2015 du Comité de Pilotage du PAPEM
Bamako, le 19 février 2015 au MATD. Le Comité de Pilotage du Processus d`Appui au Processus Electoral au Mali a tenu sa première réunion de l`année 2015 sous la présidence du ministre de l`administration territoriale et de la décentralisation, M. Abdoulaye Idrissa Maiga.




Le Président de la République IBK serait-il déjà à la manœuvre pour un second quinquennat en dépit d’un bilan jugé largement en deçà des attentes d’un pays en crise, serait-on tenté de se poser comme question ? Après le énième remaniement ministériel qui a vu l’entrée dans le gouvernement des présidents des différents partis politiques de la CMP, il vient de nommer un autre chef de parti politique, Soumeylou Boubèye Maiga de l’ASMA-CFP comme Secrétaire Général de la Présidence. Désormais obnubilé par un second mandat, le Président de la République n’exclut aucune malice pour rempiler. C’est pourquoi le gouvernement de la CMP vient d’envoyer à l’Assemblée Nationale un « démocraticide » projet de loi électorale qui exclurait de facto la presque totalité des potentiels candidats aux prochaines élections présidentielles. Les députés se rattraperont-ils cette fois-ci en évitant la grosse erreur qu’ils avaient commise en votant la controversée loi sur les autorités intérimaires demeurée inapplicable à présent ? La majorité défendra-t-elle enfin la République en rejetant cette loi qui ne présage pas d’un lendemain tranquille avant et après les élections prévues en 2018 ?
Ne dit-on pas que le meilleur soutien d’un président de la République sortant est son bilan ? Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire en est le parfait exemple, lui qui a été élu « takokelen » dès le premier tour des élections présidentielles sans coup férir. Pourquoi changer les règles du jeu au cours du match ? Le gouvernement en acceptant d’envoyer ce projet de loi sans une large concertation avec tous les acteurs de la classe politique prépare déjà un hold-up électoral en 2018 aux conséquences incommensurables. Nombreux sont les citoyens qui pensent que ce projet de loi, si elle venait à être votée par l’hémicycle, troublerait l’ordre public et serait démocraticide car elle exclurait du jeu démocratique la plupart des candidats sérieux. Cet avis est largement partagé par certains acteurs politiques de la majorité comme de l’opposition qui voient en cette loi électorale une manière déguisée d’assurer un second mandat forcé à IBK. Certains vont plus loin comme Amadou Thiam, président de l’ADP-MALIBA qui dans une diatribe alerte en ces termes : « Attention à ne pas plonger le Mali dans une crise électorale. Sur notre Continent, de nombreuses crises et mêmes des guerres civiles ont été consécutives à des tensions à l’occasion des élections notamment la présidentielle, considérée dans nos pays, à tort ou à raison, comme le plus important des scrutins. Ces crises ont souvent pris racine dans des manœuvres d’exclusion concoctées par des pouvoirs en perte de vitesse, le cas le plus flagrant et qui nous est proche a été celui de la Côte-d’Ivoire. Un autre pays en prend le chemin actuellement, la République Démocratique du Congo. Les crises ont également été consécutives à des contestations de résultats comme en Angola, au Togo, en Guinée Conakry… »
Cet avis du Président de l’ADP-Maliba est partagé par l’ancien premier ministre Moussa Mara qui pense que « le projet de loi électorale souffre de deux handicaps majeurs, sur la forme et dans le fond. Sur la forme, il est arrivé à l’assemblée après un processus qui n’a pas été concerté avec la classe politique, pour un texte aussi important, cela doit être évité. Dans le fond, d’après ce que nous en savons, il contient une disposition qui peut être interprétée comme discriminatoire et destinée à exclure des personnalités des prochaines élections présidentielles. Pour un pays qui a l’habitude d’élections apaisées, il faut éviter des actions qui peuvent être sources de tension. Pour ces différentes raisons, sans entrer dans les débats, il serait prudent de retirer ce projet de texte et de travailler avec la classe politique pour obtenir une mouture consensuelle et non belligène… »
Pour mesurer la gravité de ce projet de loi il faudrait plutôt voir la réaction de certains caciques de la majorité comme l’honorable Oumar Mariko qui n’est pas passé par mille chemins pour critiquer de façon acerbe cette loi en des termes peu amènes : « Nous sommes fondamentalement contre le projet de loi électorale et nous nous opposerons contre ce projet de loi inique par tous les moyens légaux parlementaires et non parlementaires. Je ne me prononce pas sur la tenue des élections communales en novembre prochain car nous sommes en discussion sur la question. Par contre je profite par la même occasion pour dénoncer la loi portant création du chef de l’opposition qui constitue pour nous une loi liberticide et antidémocratique ».
En définitive, les députés sont suffisamment avertis, eux qui représentent les intérêts supérieurs de la Nation. Ils doivent pour une fois s’ouvrir aux souffrances du peuple et écouter le cri d’alarme de ces acteurs qui ne disent plus haut que ce que la majorité des citoyens pensent tout bas. La paix de 2018 se prépare maintenant.
Youssouf Sissoko
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