Pour les plus hautes autorités du pays et les Institutions de Bretton Woods, l’économie malienne se porte bien, avec un taux annuel de croissance économique estimé à 5%. Malgré le fait que les indicateurs sont au vert, le bien-être économique du malien n’est pas au rendez-vous. Et, une frange importante de la population broie du noir avec une paupérisation de plus en plus généralisée. Alors, à qui profite cette embellie financière ?
Pour rappel, l’économie malienne a connu un taux de croissance de 7% en 2014, de 5,3% en 2015 et de 6% en 2016. Malgré cela, les populations dans leur grande majorité se plaignent beaucoup de l’absence de ressources, et aussi de la non-disponibilité des services publics de base, comme l’eau, la santé, l’électricité et autres. Tandis que chez une infime minorité de cette population, c’est la couler douce.
De nos jours, beaucoup de chefs de familles bouclent très difficilement sur le plan financier les fins de mois. Comme en témoigne M. Albert Tembely, boutiquier au 300 logements, l'un des quartiers résidentiels de Bamako. Il nous indique qu'ici, presque tout se prend à crédit, même le pain. Mais à la fin du mois beaucoup dans le quartier qui sont des fonctionnaires n'arrivent pas à éponger leurs dettes. Il avoue que cela joue négativement sur leur commerce, car souligne-t-il, «nous n'arrivons souvent pas à nous approvisionner nécessairement produits». Avant, on prenait souvent les marchandises à crédit avec les grossistes au grand marché, mais actuellement beaucoup refusent. Ces grossistes expliquent cet état de fait par la cherté de la vie et surtout par le manque de confiance entre ces commerçants qui souvent n'honorent pas leur engagement.
Quant à Amadou Maïga, enseignant, pour lui, «ces chiffres sur la croissance malienne, c'est du n'importe quoi». Il ajoute que «quand ces institutions de Brettons Woods t'apprécient, cela veut dire qu'elles ont fini de te sucer».
Pour le Dr. Etienne Fakaba Sissoko, cela s’explique par le fait que l’argent du contribuable n’est pas injecté dans les domaines prioritaires. Pour lui, au lieu de garder l’argent au prêt, il faut le faire circuler, parce que c’est la circulation de l’argent qui détermine le dynamisme de la croissance et la densité de l’activité économique d’un pays. Il indiquera que cette vitesse de circulation de l’argent dans une économie qui bouge est un indicateur dont on tient compte au niveau international si on veut émettre des obligations pour facilement lever des fonds.
Dr. Etienne Fakaba Sissoko ne manque pas de dénoncer le fait qu’une minorité s’accapare de l’essentiel de la croissance nationale. Pour mettre un terme à cela et accentuer les efforts pour une meilleure redistribution de la croissance, il a invité les autorités à aller vers des financements innovants.
Aujourd’hui, il faut supprimer le système des véhicules 4×4 qui consonnent trop et les bureaux climatisés inoccupés et au même moment, le fonctionnaire, lui n’a pas de quoi payer son loyer et nourrir sa famille. Il faut aussi diminuer considérablement les frais de fonctionnement de l’Etat et savoir rationaliser la dépense publique tout en tenant compte des priorités.
Du côté du ministère de l’Economie et des Finances, on impute cette cherté de la vie par la mauvaise répartition des dividendes de la croissance macroéconomique du pays. Mais, on signale que des mesures sont prises et d’autres sont en cours pour renverser la tendance. Il s’agit entre autres de l’augmentation générale des salaires, du SMIG et de la réduction de l’ITS à 8%.
Alors, vivement une croissance économique qui fera le bonheur et le l’honneur des Maliens.
Dieudonné Tembely
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