Bamako - La localité de Boni, dans le centre du Mali, est tombée vendredi sous le contrôle de jihadistes présumés qui y ont attaqué des bâtiments administratifs, et l’armée a quitté les lieux, a appris l’AFP auprès de témoins, d’un élu et d’une source militaire.
"Actuellement, ce sont les jihadistes qui contrôlent la ville de Boni", dans la région de Mopti, "ils se sont infiltrés dans la ville et aujourd’hui ils ont tiré sur des bâtiments", a déclaré à l’AFP un élu de la localité sous couvert d’anonymat, affirmant que "l’armée n’est plus sur place".
"Nous avons demandé pour le moment à nos forces armées présentes à Boni de se replier vers la localité de Douentza, ce qui a été fait", s’est contentée pour sa part de dire une source militaire interrogée par l’AFP, qui a également requis l’anonymat.
La localité de Boni est située à 90 km à l’est de Douentza.
Un habitant a de son côté affirmé à l’AFP, que les "jihadistes criaient +Allah akbar!+. Ils ont brûlé la maison du chef de brigade de la gendarmerie de Boni, ainsi que la mairie. Ils ont beaucoup tiré en l’air".
"J’ai vu l’armée quitter la ville", a souligné cet habitant. "Plusieurs jihadistes étaient à moto. Ils avaient des complices à l’intérieur de la ville. C’est un coup monté", a-t-il estimé.
Un autre habitant de la localité a indiqué avoir vu "plusieurs drapeaux des jihadistes" dans la ville.
"Ce soir à 18H00 (heure locale et GMT), il n’y a pas un seul militaire malien dans Boni. Les jihadistes eux sont un peu dans la ville, mais aussi non loin", selon la même source.
Le nord du Mali est tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés à la suite du lancement en 2013, à l’initiative de la France, d’une intervention militaire internationale, qui se poursuit actuellement.
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Longtemps concentrées dans le Nord, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.
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