uite à la suspension de la livraison de pain en moto à Bamako et Kati ces derniers jours, 22 Septembre a approché le Secrétaire Général de l’Union nationale des boulangers et pâtissiers du Mali, Boubacar Mallé, ainsi que des livreurs à moto pour qu’ils nous en expliquent les raisons.
Le Secrétaire général nous a affirmé qu’il ne s’agissait pas d’une suspension de livraison de pain aux consommateurs, mais d’un problème avec les livreurs. «Les miches de pain sont fabriquées et déposées dans les guichets, dans les points de vente, dans les boulangeries, pour que les populations puissent y avoir accès, mais rien n’est donné aux livreurs à moto, dont nous estimions qu’ils avaient pris nos boulangeries en otage».
Daby Koita, livreur de pain à moto, n’est pas sur la même longueur d’onde que le boulanger. «Je ne suis pas d’accord avec le prix fixé pour le pain. S’il faut l’acheter 220 ou 225 FCFA chez les boulangers pour le revendre 250F aux boutiquiers, nous ne pourrons pas nous en sortir. Nos frais d’essence consomment tout notre bénéfice. En outre, les responsables fixent les prix lors de réunions qui se tiennent en l’absence des livreurs. S’il s’avère vrai que c’est le prix fixé par nos autorités, nous sommes lésés».
Pour le jeune livreur de pain «il faudrait que les boulanger nous cèdent le pain à 200 FCFA la miche», mais le Secrétaire Général ne l’entend pas de cette oreille, car, dit-il «le prix consensuel, homologué par l’Etat, du pain est de 225 FCFA. Les boulangers ont 25 FCFA de marge en le vendant aux livreurs à 250 FCFA. Les livreurs doivent le revendre 270 FCFA aux boutiquiers et ceux-ci, à leur tour, 300 FCFA aux consommateurs. Ces prix ont été homologués par l’Etat en 2007 – 2008».
Boubacar Mallé ajoutera que ses affiliés considèrent que les livreurs à moto ne payent injustement pas de taxes à l’Etat, contrairement aux boulangers et pâtissiers, et que certains ne s’acquittent pas de leurs dettes, quand ils ne disparaissent pas tout simplement avec leur moto.
C’est pour toutes ces raisons que le Syndicat national des boulangers et pâtissiers du Mali, le Syndicat patronal du Mali et l’Union nationale des boulangers et pâtissiers du Mali avaient décidé de cette suspension, mais aujourd’hui, poursuivra le Secrétaire Général, il a été décidé de la lever, suite à des discussions avec certaines autorités, dont le Secrétaire général du ministère du Commerce, celui de l’Industrie et le Directeur national du commerce et de la concurrence.
Mais cela ne signifie pas la fin du conflit, car, au moment où nous mettions sous presse, le samedi 3 août 2016, les livreurs à moto, réunis devant le Stade du 26 mars de Yirimadio dans la matinée, avaient décidé de passer à une action de représailles en menaçant tout contrevenant à leur mot d’ordre de boycott des livraisons de destruction du pain transporté, voire même de la moto utilisée.
Autre question, très importante pour les consommateurs de pain que nous sommes tous. Quid du poids du pain? Boubacar Mallé nous a déclaré que les autorités maliennes l’ont fixé à 300g pour le «gros pain» et à 150 g pour les baguettes. Toute boulangerie qui ne respecte pas ces normes est considérée comme en fraude, et il y en a un certain nombre, car, selon lui, «n’importe qui s’improvise boulanger et il règne un grand désordre dans la profession».
Adama Bamba