L’opposition républicaine et démocratique rejette purement et simplement le projet de Loi électorale en examen à l’Assemblée nationale. Pour empêcher son vote, programmé pour demain mardi, par les députés, elle projette d’organiser un sit in Place de la République le jour de son examen en séance plénière. C’est la principale information de la conférence de presse animée par les responsables des partis politiques membres de l’opposition le samedi 3 septembre dernier à la Maison de la presse.
Parallèlement, les leaders de l’opposition républicaine et démocratique prévoient une rencontre avec le ministre de l’Administration Territoriale le même jour, pour obtenir le retrait du projet de Loi électorale contesté. En outre, ils projettent de rencontrer le Bureau de l’Assemblée nationale autour de ce texte.
Dans une déclaration lue par l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, Président du parti FARE, l’opposition a dégainé contre ce projet de loi, qu’elle a qualifié d’anti-démocratique. «Comme vous le savez, le Gouvernement a déposé un projet de Loi électorale auprès de l’Assemblée nationale. Ce projet de loi est porteur de germes préjudiciables à la démocratie de notre pays. S’il est voté en l’état, ses méfaits exposeraient le pays a beaucoup d’incertitudes», indique la déclaration.
Les récriminations de l’opposition
De prime abord, les partis politiques de l’opposition pensent que le projet ne prend pas en compte les conclusions du Comité de relecture de la loi électorale. Pire, selon l’opposition, elle constitue un recul par rapport à l’ancienne loi. «Elle introduit des dispositions nouvelles, source de conflits, et pose de sérieux problèmes d’interprétation», a déclaré Modibo Sidibé.
Concernant le suffrage universel direct, censé donner plus de légitimité aux élus locaux, les partis de l’opposition trouvent que cela peut non seulement poser des problèmes au niveau des entités régionales, dotées de pouvoirs exorbitants, en leur conférant une légitimité plus forte, pouvant déboucher sur le régionalisme, voire plus. Mais il peut aussi accentuer le communautarisme, source de possible partition du Mali, dans un pays où l’intégrité territoriale est fortement remise en cause.
«En ce qui concerne la tenue des élections des Conseillers des Collectivités Territoriales à des dates différentes dans une ou plusieurs régions, l’opposition n’approuve guère ce genre d’élection, qui entraine des conseils à mandats différents dans un même pays et fait planer le risque de partition du Mali.
Pour elle, l’Etat devra réunir les conditions de bon déroulement des élections globales au niveau national», soutient la déclaration, ajoutant que, dans le projet de loi, l’opposition s’oppose solennellement au mode de répartition des membres de la CENI entre les partis de la majorité et de l’opposition, basée sur le nombre de députés à l’Assemblée Nationale.
Ce système, pour elle, remet en cause la crédibilité même de la CENI, qui est une structure de contrôle et de supervision des élections. «On ne saurait être juge et partie. Majorité et Opposition doivent avoir le même nombre de sièges, afin de garantir des élections transparentes, crédibles et acceptables par tous», poursuit la déclaration.
L’opposition a rejeté totalement le parrainage proposé des élus et le montant exorbitant du cautionnement pour les candidats à l’élection présidentielle, traitant les dispositions de ces articles d’antidémocratiques, discriminatoires et d’exclusion. Elle demande le maintien du statu quo.
Les partis politiques de l’opposition ne voient pas la nécessité de l’introduction du vote par anticipation des Forces Armées et de Sécurité. Toutefois, si ce vote par anticipation doit avoir lieu, certaines conditions doivent être remplies, telles que: la publication de la liste du nombre d’agents des Forces Armées et de Sécurité votant par anticipation, le dépouillement se faisant en même temps que celui du reste du scrutin et le vote se faisant dans les mêmes conditions que celui des autres citoyens.
Youssouf Diallo