Il y a trois ans que le peuple souverain du Mali a accordé sa confiance au candidat Ibrahim Boubacar Keïta, qui avait comme slogan «Le Mali d’abord». Il a été élu principalement pour ramener la paix au Mali, rétablir l’autorité de l’Etat, instaurer la bonne gouvernance et lutter contre la corruption. En un mot, favoriser l’ancrage de la démocratie.
Après trois ans accomplis sur un quinquennat, on peut établir un bilan à mi-parcours. Mais ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est bien le contexte difficile, voire exceptionnel, dans lequel IBK a accédé au pouvoir en septembre 2013, avec la présence de djihadistes dans le Nord du pays et celle de groupes rebelles sécessionnistes qui remettaient en cause l’unicité du pays et la forme républicaine de l’Etat.
Il fallait donc s’employer tout de suite à mettre fin à ces velléités indépendantistes et à sécuriser les populations et leurs biens. Eh bien! Mission bien accomplie avec la Feuille de route du 24 juillet 2014 engageant les parties à des négociations devant aboutir à la paix.
Résultat : les groupes armés ont reconnu le Mali dans son unité, comme Un et Indivisible, avec la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. La laïcité du pays a également été réitérée. C’étaient les deux préalables les plus difficiles à obtenir pour avancer.
Mais, là où le bât blesse, c’est bien au niveau de la sécurité dans le Nord du Mali. Elle s’est sérieusement dégradée et s’est même propagée dans le Centre du pays, notamment à Mopti, et dans la capitale, Bamako, avec les multiples attaques.
C’est une grande déception. L’insécurité devient récurrente, au point qu’aucune région ne semble aujourd’hui être à l’abri d’attaques terroristes ou de bandes organisées.
Cette faiblesse du pouvoir d’IBK rend illisible certaines bonnes œuvres du gouvernement, notamment la construction de ponts (Kayo), de routes (Ségou, Kayes, Sikasso, Koulikoro), de Centres de santé (Macina, Bougouni, San..), d’écoles.
Sans oublier la revalorisation de notre patrimoine culturel, avec des mesures-phares, comme la défense des Mausolées et des Manuscrits de Tombouctou, et la bonne santé de notre économie, avec un taux de croissance oscillant entre 4 et 6,5%. Ce qui fait que les 200 000 emplois promis par IBK seront au rendez-vous. Lisez en pages 4 et 5 ses acquis.
Mais l’arbre ne doit jamais cacher la forêt. Tant que la lancinante question sécuritaire ne sera pas résolue, la bonne marche de notre pays ne sera pas au niveau souhaité et le programme de développement des régions du Nord du Mali jamais mis en œuvre.
Le Sud du pays subit aussi cette situation, avec la pusillanimité des investisseurs et autres partenaires techniques et financiers. Même les promesses de ces derniers ne sont pas tenues. Alors, la paix tant attendue ne sera pas obtenue, parce que l’insécurité sévit partout et entrave le développement de notre pays.
Grosso modo, ce bilan à mi-parcours, malgré quelques insuffisances au double niveau sécuritaire et de la gouvernance, est bien acceptable dans le contexte tendu de notre pays, envahi par des terroristes de tous acabits.
Sans oublier l’environnement international, qui ne nous favorise pas, avec les différentes crises économiques, sécuritaires et identitaires qui secouent les grandes puissances: Russie, USA, France, Allemagne, Grande Bretagne, Turquie et le monde arabe, avec le conflit syrien et celui de Yémen. Le moins que l’on puisse dire, en bon croyant, est «Que Dieu aide le Mali!».
Chahana Takiou