Tantôt aperçu par certains à Konna et à Tombouctou, Gao ou Kidal au même moment par d’autres, le Chef d’Ansardine est devenu autant le mystère que l’enjeu de l’après-Konna. Il faut lui mettre la main-dessus. A condition de savoir où il se trouve.
Comme une traînée de poudre, la nouvelle s’est répandue, ces dernières 72 heures, dans la forte communauté malienne du Soudan essentiellement Sonraï : « Iyad Ag Ali se réfugie dans le Darfour ». Il serait venu jeudi dans le convoi de quatre voitures venant du Mali et entrés au Soudan via la Libye, selon les services sécuritaires de plusieurs pays. Le Consulat du Mali à Khartoum alerté, se démenait tel un beau diable hier mardi pour y voir plus clair. Et obtenir où cas l’info s’avérait, l’arrestation puis l’extradition du fugitif au Mali où il est maintenant l’objet d’un mandat d’arrêt ? Rien n’est moins sûr. Car les rebelles du JEM, un mouvement rebelle du Darfour dénoncent clairement une « complicité de Khartoum » derrière l’arrivée au Soudan de ces jihadistes maliens. Iyad au Darfour ? C’est loin. Mais pour les initiés, il aurait de sérieuses raisons de s’éloigner définitivement du Mali, parce que l’attaque de Konna est sa décision concertée, selon des services de renseignements, avec un leader politique bamakois. Un vrai projet de putsch qui aurait laissé le Nord au salafiste et le Sud à leur allié circonstanciel que ni Kar Marx ni les urnes n’ont jusque-là amené au pouvoir. Un des meilleurs connaisseurs d’Iyad, ancien administrateur et spécialiste de la question du Nord - il se trouve actuellement au Niger- doute pourtant de la thèse de l’exil soudanais. Sentencieux, l’expert déclare : « l’heure n’est pas venue où Iyad cherchera à quitter le Mali ». Il croit même savoir que les frappes françaises avaient contraint le chef d’Ansardine à se réfugier à Tegargar, dans les contreforts du Massif de l’Adrar où seul payer, de l’avis des habitués, le corps à corps dans des galeries exigües. Iyad s’y trouverait avec d’autres chefs du corps expéditionnaire salafiste chassé en une semaine des grandes villes du Nord par les frappes de l’aviation française et la progression au sol des forces maliennes et africaines.
Nulle part ailleurs qu’à Tegargar
Le patron d’Ansardine ne peut se trouver que dans ces montagnes, selon des ressortissants de Kidal qui le connaissent bien, eux aussi. « Lui comme les autres car ils ne peuvent pas avoir meilleur refuge » Et les autres, c’est Belmoktar, le cerveau de l’attaque récente de Ain Imenas en Algérie ; Abuzeid le gouverneur auto-désigné et auto-dissous de Tombouctou qui aurait quitté cette ville précipitamment mais en menaçant de revenir plus fort ; Abdelkrim le présumé boucher de Aguel Hock que plus d’un militaire malien aimerait avoir entre les mains. Tegargar ne met pourtant pas Iyad à distance prophylactique de l’Algérie qui l’avait publiquement désavoué après l’attaque de Konna qui a forcé Alger à applaudir son scénario-cauchemar : le bivouac des forces françaises dans la banlieue algérienne de Kidal. « Le rejet-attraction est la loi qui a toujours géré les relations entre le chef rebelle et ses partenaires et Alger y est habitué » dédramatise un sécuritaire malien. Il ne surprendra pas notre informateur de Niamey. Celui-ci est sûr d’une chose : Iyad a été rejoint dans les « montagnes », la semaine dernière par les officiers de son obédience qui l’avaient quitté pour le Mouvement Islamique de l’Azawad crée « juste pour pactiser avec les troupes françaises à Kidal » qui auraient préféré consommer le mariage avec le Mnla.