Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, est arrivé au pouvoir il y a 3 ans, nanti d’une légitimité en « acier trempé » grâce à un score plus que confortable de plus de 70% des suffrages. Le 4 septembre 2013, il a prêté serment devant la Cour suprême en déclarant notamment : « Je veux rassembler toutes les énergies. Je m’attacherai à rétablir l’autorité de l’Etat. Je veillerai à la bonne gestion des deniers publics », avait promis le président fraîchement investi, assurant que « nul n’est et ne sera au dessus de la loi ».
Trois ans plus tard, l’immense espérance suscitée par son accession à la magistrature suprême, résiste difficilement à l’inquiétude qui est le sentiment le mieux partagé par nos compatriotes sur la situation du pays. Les coups de boutoir des actes terroristes quasi quotidiens ne sont pas étrangers au renforcement de ce sentiment que le pays fait du surplace.
Il est vrai que le contexte sécuritaire délétère est peu propice aux investissements dans des infrastructures de développement. La hiérarchie des priorités penche largement en faveur des actions visant à combattre l’insécurité. Problème : même dans ce domaine, des progrès restent à accomplir. L’armée peine à contenir les menées des groupes terroristes qui conservent l’initiative dans les actions de combat. L’insécurité gagne du terrain dans les régions de Mopti et de Ségou ; la région de Kidal, en proie à des affrontements fratricides entre groupes armés, continue d’échapper au contrôle de l’Etat.
Cette situation d’instabilité est à l’origine d’un surcroit de pression sur les dirigeants et favorise la propension au changement. D’où la relative instabilité gouvernementale qui s’est traduite par 3 Premiers ministres en 3 ans et un jeu de chaise musicale fréquent dans l’exécutif. Le dernier en date est intervenu samedi avec le limogeage du ministre en charge de la Défense, au lendemain de l’occupation pendant quelques heures de la localité de Boni par des terroristes.
Pourtant sous la grosse écume formée par les actes terroristes dans le bouillonnement de l’actualité brûlante, il y a bien des actions qui entretiennent l’espoir. Autant de signes de la résilience de notre pays à la crise. Le secteur agricole, moteur de l’économie, se porte bien. Grâce notamment à la poursuite de la politique de subvention des intrants et de mécanisation de l’agriculture. Résultats : la production cotonnière et céréalière connait une nette augmentation. Cette année, la pluie est au rendez-vous ; les champs fleurissent d’espérance. Le Mali est en passe de retrouver son statut perdu de premier producteur de coton en Afrique subsaharienne.
Par ailleurs, le pays tient solidement son rang de 3è producteur d’or sur le continent, avec à la clé une hausse de la production du métal jaune dans les années à venir. Autre atout : l’amélioration de la gestion macroéconomique saluée par les institutions de Breton Woods.
Mais bien des secteurs pourvoyeurs d’emplois et de richesses comme le tourisme et les investissements privés, ont toujours du plomb dans l’aile du fait de l’insécurité. Le marasme menace d’achever le tourisme. Les investisseurs privés sont effrayés par les dépêches d’agences qui font rimer au quotidien Mali et terrorisme. Mais les résultats de l’emprunt obligataire lancé par le gouvernement (100 milliards récoltés au lieu des 65 milliards recherchés), constituent un signe que le pays garde encore la confiance des investisseurs.
Aussi, le président Keita est fortement attendu sur sa promesse de campagne de créer 200.000 emplois au cours de son mandat. Les statistiques officielles assurent déjà que plus de la moitié de ces emplois a déjà été créée.
Offrir des opportunités d’emplois aux jeunes afin de les rendre sourds aux sirènes des groupes armés, telle est l’une des clés qui permettront de boucler la porte donnant sur le chaos. En évitant le chaos, nous pourrons effectuer le bond vers l’émergence dont les jalons sont posés par le gouvernement sous la houlette du Premier ministre Modibo Keita. Et nous aurons appris de nos malheurs. Comme l’enseigne une sagesse de chez nous.
B. TOURE