La goutte d’eau qui a fait déborder le vase de la crise latente entre les partis politiques de la majorité semble être le fameux projet de loi électorale envoyé à l’Assemblée Nationale par le gouvernement sans concertation de la classe politique. La position de l’ancien Premier ministre Moussa Mara sur la question est sans ambages. « Cette loi est mauvaise par sa forme et par son fond ». Quant à l’honorable Mariko, il va plus loin en disant qu’il s’y opposera par tous les moyens légaux. Il a même appelé toutes les forces vives de la nation à faire barrage à cette loi démocraticide. Par leurs sorties respectives sur la loi électorale, Mara et Mariko semblent choisir désormais leur camp et seraient décidés à mener le combat à visage découvert contre le régime d’IBK. Rejoindront-ils l’ADP-Maliba ? IBK arrêtera-t-il à temps la saignée au sein de sa Majorité en retirant cette loi?
De plus d’une soixantaine de partis politiques à sa création, la CMP n’en compte aujourd’hui qu’une quarantaine, tant beaucoup de partis se sont retirés de la coalition dénonçant la mal gouvernance et le mépris dont ils font l’objet de la part des grands partis de la CMP et du Président de la République lui-même. Ils se plaignent de n’être ni consultés, ni associés aux prises de décisions intéressant la vie de la Nation. Le premier parti qui a dénoncé la gestion clanique et calamiteuse du pouvoir est le parti SADI de l’honorable Mariko, avant d’être rejoint sur la question par l’ADP-Maliba de l’honorable Amadou Thiam qui a fini par claquer la porte. Le départ de l’ADP-Maliba de la CMP a été un véritable coup de tonnerre qui a effrayé le régime IBK, même s’il a donné l’impression que cette sortie était un non-événement. Il n’a fallu que quelques jours pour que l’ADP Maliba soit imité par un autre parti, l’ADEPM qui a dénoncé les mêmes tares que son prédécesseur. Qu’attendent Oumar Mariko et Moussa Mara pour sortir de la CMP ? S’interrogent bon nombre d’observateurs de la scène politique malienne qui voient en leurs sorties des comportements déloyaux vis-à-vis d’IBK qui continue de les compter parmi les partis de la CMP. Selon nos informations, le parti SADI de l’honorable Mariko lie son maintien ou son départ de la Majorité présidentielle à la tenue du comité Directeur de son parti. Seule cette instance serait habilitée à donner des directives dans ce sens à la direction du parti. Mais en attendant la tenue de cette instance statutaire du parti SADI, son Président fait feu de tous bois contre le régime d’IBK qu’il a qualifié de « calamity ». Quant à l’ancien Premier ministre Moussa Mara, il s’est lui aussi prononcé sur beaucoup de sujets qui fâchent le régime comme entre autres, l’Accord de Paix et de Réconciliation, la Corruption, les Concertations Nationales pour débattre des grandes questions de la Nation et tout récemment sur la loi électorale. Moins virulent que l’Honorable Mariko, mais audacieux quand bien même il a sur sa tête l’épée de Damoclès suspendue. C’est probablement à cause de l’affaire dite de Kidal que Moussa Mara hésite encore à prendre la décision de quitter la Majorité. Wait and See.
En définitive, si IBK ne change pas son fusil d’épaule d’ici aux élections de 2018, la CMP risquerait de se résumer à deux grands partis à savoir, le RPM et l’ADEMA. Mais à côté de ces grands partis, il y aura toujours des partis satellitaires qui resteront tant que leurs intérêts seront préservés.
Youssouf Sissoko
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