La semaine dernière, s’est produit un évènement à la fois étonnant et surprenant. Ahurissante, l’action de ce politicien reconnu pour ses déclarations bohèmes et son soutien très controversé, confus et ambigu au président de la République Ibrahim Boubacar Kéita, vient de confirmer ce que beaucoup d’observateurs avaient prédit concernant Oumar Mariko. « Il finirait difficilement le mandat d’IBK dans la majorité présidentielle », dit-on. L’élu de Kolondièba est visiblement sur le chemin du retour à ses anciennes amours : l’opposition.
En effet, l’honorable Oumar Mariko a conduit, la semaine dernière, une délégation de son parti (SADI) au siège du Parena de Tiébilé Dramé. La rencontre a été une occasion pour les deux hommes politiques de redéfinir les relations entre leurs formations politiques. Mais aussi, au menu de cette grande messe, la situation nationale par rapport à laquelle il est ressorti une convergence de vues. Quoi de plus normal entre deux formations politiques sensées œuvrer pour le renforcement de la démocratie. Mais, étonnant si l’on fait un retour sur les évènements récents de la vie démocratique de notre pays. Est-il nécessaire de rappeler que Mariko est l’un des rares leaders du mouvement démocratique, ayant soutenu le coup d’Etat de mars 2012. Depuis, lui et son parti se sont opposés au Parena et à tous ceux qui luttaient pour la restauration de la démocratie.
C’est dans ce sillage qu’il s’est retrouvé dans la majorité présidentielle qui soutient IBK. Et tout le monde le sait, Mariko a rejoint cette mouvance pour s’assurer de sa réélection. D’ailleurs, il est resté un opposant dans l’âme, même s’il a toujours à berner certains politiques par des déclarations tonitruantes et confuses sur son appartenance à la majorité présidentielle. Aujourd’hui, tout porte à croire que sa rencontre avec les dirigeants du Parena, ne relève pas d’un idéal politique. C’est tout simplement le début d’une trahison qui ne tardera pas à se réaliser. Il veut lâcher le chef de l’Etat. Mais avant, il doit s’assurer qu’il sera accueilli à l’opposition. Tiébilé servira de garant de ce rapprochement entre Mariko et le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé. Les deux hommes n’ont jamais été sur la même longueur d’ondes. Puisqu’il s’agit d’intérêts politiques, il n’est pas exclu que Soumaïla accepte l’adhésion de l’ancien leader estudiantin au sein de l’opposition.
Trois années durant, Oumar Mariko a roulé pour la majorité présidentielle pour des raisons, « de principe et de vision politiques ». Du bluff ! Mariko serait « étouffé ». Et cherche seulement une porte de sortie. L’opposition politique est la mieux indiquée. La démarche pourrait s’interpréter ainsi, surtout venant d’un homme politique qui a toujours choisi les vocables pour dénigrer et tacler les membres de l’opposition qui, selon lui, sont « dénoués » de toute crédibilité. Les mélodies des différentes déclarations nous reviennent : « Si IBK ouvre son gouvernement à l’opposition, il y en aura qui vont se bousculer au portillon», a-t-il déclaré devant la presse. A l’Assemblée nationale, indique le secrétaire général de Sadi, opposition et majorité se partagent tous les postes. «Même si demain, on crée des postes à l’Assemblée nationale, l’opposition va demander sa part. Et quand, on la lui donne, elle se tait», indique le président du Sadi. Avant de s’interroger, «pourquoi ce n’est pas l’opposition qui interpelle les ministres en longueur de journée ? Pourquoi les opposants ne le font pas ? ». Une autre mélodie : « IBK a promis au peuple malien le changement et nous nous inscrivons dans le changement. Mais, la question que nous n’avons pas définie entre nous : c’est quoi le changement pour lui et pour nous ?…», a expliqué, M. Mariko. Qui semble être rattrapé par ses propos. Tiébilé et les autres de l’opposition vont-ils faire table rase des errements du Dr Mariko ? Le Parena a, semble-t-il, ouvert la brèche.
Serge Lath