Suite à la diffusion d’une information concernant une éventuelle disparition de métal jaune saisi par la douane à l’aéroport Modibo Keïta Sénou, nous avons mené l’enquête. Quelle est la quantité exacte de l’or en question ? Le métal jaune appartient à qui ? Est-il saisi ou retenu ? Il y a-t-il des zones d’ombre ? Il y a-t-il eu incompréhension entre les agents des deux entités de contrôle ? Il y a-t-il eu une tentative de fraude de la part des opérateurs économiques ou de dissimulation de la réalité ? Pourquoi la direction générale des douanes a été impliquée ? Il y a-t-il une suspicion entre les agents de la bridage de l’aéroport ? Nous avons mené l’enquête. Elément de réponse en quelques points.
D’abord, le métal jaune en question n’est pas saisi, mais retenu, pour des fins de vérification des documents d’accompagnement y relatifs. L’or appartient à trois opérateurs économiques et non à une société minière une version soutenue par certaines personnes.
Ensuite, il est bel et bien sous la surveillance douanière dans son entière intégralité. Toute chose normale et tout à fait routinière dans ce genre d’opération. Enfin, l’or en question est en sécurité.
Dans la nuit du jeudi 18 au vendredi 19 août 2016, les agents des douanes de la Brigade de l’aéroport Modibo Keïta Sénou ont retenu précisément 276,8 kg d’or en partance pour la France. C’est pour des besoins de vérification que l’or a été retenu et non saisi.
A titre de rappel au niveau de la douane, il deux niveaux de contrôle. La première ligne concerne la brigade des enquêtes douanières. La seconde concerne la direction de contrôle après dédouanement. Ce service travaille sur documents. Ainsi, chaque opération peut être contrôlée par ces deux structures. C’est pourquoi, elles sont intervenues sur une expédition d’or.
Ce jour-là, les douaniers ont décidé de vérifier donc procéder au pesage de l’or afin de savoir s’il y a confronté entre le poids réel de l’or et celui indiqué sur document. Avant la fin de ce processus de contrôle, l’avion a décollé. Il n’attend pas, dit-on. Le produit a été ramené à la chambre forte. A ce niveau, nous a confié une source proche de la brigade de l’aéroport, l’or est sécurisé.
Il ne court aucun risque. D’ailleurs, il y a plusieurs entités affectées à la surveillance de l’or. En plus de la douane, nous avons la police et sécuricom.
Face à la complexité de l’affaire, la direction générale des douanes a pris le dossier en main.
Elle a chargé le Bureau de Contrôle Interne (BCI) de mener des investigations. Le dossier est désormais entre les mains du BCI appelé aussi l’inspection des douanes. Elle sera chargée de vérifier le travail fait par les éléments de l’enquête et ceux chargés du contrôle après dédouanement. D’abord, elle va confronter les deux versions.
Ensuite, elle analysera les documents. S’il y a faute, c’est aux agents du BCI de le démontrer. Dès qu’ils finiront leur travail, ils déposeront un rapport sur la table du directeur des douanes, Modibo Kane Keïta qui prendra une décision.
Mais ce sont les conclusions de l’inspection qui tardent. D’où des soupçons et des doutes. Ce qui fait dire certains observateurs que l’affaire est à la fois sombre et très délicate. La direction générale de douanes, la brigade de l’aéroport ainsi que certains gabelous cachent certaines choses qui ne tarderont pas à être révélées à la face du monde.
Pour un agent de la brigade de l’aéroport, dans de pareille situation, si on commence à douter, on va au fond avec des investigations plus poussées. En faisant ce travail, les agents des enquêtes sont dans leur rôle.
Selon un gabelou au parfum du dossier, il y a eu vraisemblablement incompréhension entre les agents des deux entités citées plus haut. D’où cette situation de confusion. Pour lui, si le dossier a été transmis à l’inspection ce qu’il a des problèmes. Sinon l’affaire n’aurait pas dû être à ce niveau. Il y a des zones d’ombre et beaucoup de non-dits. Notre interlocuteur doute de la crédibilité de tous les agents qui sont intervenus dans cette affaire.
De façon récurrente, les noms du chef de brigade, celui du chef d’escale et un commerçant très connu de la capitale sont cités dans des affaires pareilles.
Un porteur d’uniforme en service à l’aéroport Modibo Keïta Sénou, sous le couvert de l’anonymat, a dit qu’il constate malheureusement avec impuissance la sortie régulière de l’or par Ethiopien Airlines et Air France. Cette sortie se fait au minimum deux fois par semaine au vu et au su de tout le monde. Avec certains de ses collègues, ils ont essayé d’en savoir plus mais, on jette chaque fois à leur figure qu’ils ne sont pas des agents de la douane. On leur dit que le directeur général des douanes est au courant de ces sorties régulières d’or.
Le chef de brigade, Yoro Diallo et le chef d’escale, Boubacar Kouyaté ne cachent même pas leur pratique douteuse. Selon notre interlocuteur, ces deux agents de la douane agissent comme ils veulent parce qu’ils se disent proches du DG, Modibo Kané Keita. Ils sont au cœur de toutes les pratiques peu orthodoxes au niveau du bureau des douanes de l’aéroport.
Moussa Mamadou Bagayoko