L’enlèvement du 3e adjoint du maire de la localité de Boni, dans la région de Mopti, a été confirmé par des témoins du remarquable passage des terroristes dans cette localité située au centre du pays. L’édile qui a été enlevé le vendredi dernier par des hommes armés non encore identifiés grossit le nombre des ressortissants maliens enlevés récemment par les terroristes. Une question brûle les lèvres: pourquoi les djihadistes qui aimaient surtout prendre les Occidentaux en otage ont jeté leur dévolu sur autant de Maliens?
Et les preneurs d’otages n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’ils multiplient les incursions dans la campagne. Hier lundi, ce sont les occupants d’une ambulance au service de la localité de Nianfunké qui a été prise pour cible par des hommes armés. Le sort des 6 occupants de l’ambulance enlevée reste un mystère pour l’instant, même si des témoignages soulignent qu’ils ont été épargnés par les assaillants.
Mais d’autres Maliens ont eu moins de chance avec la recrudescence des groupes terroristes du centre du pays. La majeure partie des otages entre les mains des terroristes est constituée par des militaires enlevés lors de l’attaque du camp de Nampala le 19 juillet 2016. Début août dernier, le groupe djihadiste Ançardine dirigé par Iyad Ag Aly a diffusé une vidéo montrant 5 militaires maliens enlevée lors de cette attaque.
Des observateurs estiment que la ruée des djihadistes sur les ressortissants maliens est une stratégie visant, entre autres, à mettre la pression sur le gouvernement. Pour des analystes, c’est dans la perspective d’une négociation avec les autorités du pays que les groupes djihadistes enlèvent particulièrement des militaires, comme ce fut le cas en 2012 où des centaines d’otages ont été enlevés après des massacres dans des camps du nord.
En dehors des militaires, les responsables communautaires sont devenus les nouvelles cibles du terrorisme. C’est ainsi que plusieurs conseillers municipaux ou notables ont été enlevés ou exécutés dans le nord et le centre du pays par les djihadistes. Le cas de l’adjoint du maire de Boni pourrait être un règlement de compte, surtout que d’autres conseillers ont été menacés ou tués dans la même localité.
Pour mémoire, à Boni, Allaye Dicko, le fils du chef de village, a été tué le 8 février dernier par un homme armé. Selon des proches, Dicko qui avait refusé de coopérer avec les organisations terroristes a été pris pour cible dans la nuit alors qu’il quittait la mosquée. Les récents enlèvements interviennent au moment où les groupes terroristes font des avancées sur le terrain dans la région de Mopti.