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4 septembre 2013- 4 septembre 2016 : 3 ans d’attente, 3 ans de déception du peuple
Publié le mardi 6 septembre 2016  |  L’Inter de Bamako
Festivités
© aBamako.com par A.S
Festivités marquant l`Investiture du Président IBK
Bamako, le 19 septembre 2013 au Stade du 26 mars. Le Président Ibrahim Boubacar Keita a fêté en compagnie de ses pairs venus d`Afrique et d`Europe, son investiture à la magistrature suprême du Mali.
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Dimanche, le 4 septembre 2016, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a boucle ses 3 ans à la tête de l’Etat malien. A cette occasion, il importe de mesurer le chemin parcouru tant les attentes restent entières au Mali. Pour ce faire, force est de rappeler que le candidat du RPM a été élu au deuxième tour de la présidentielle d’août 2013 avec un score sans appel de 77,66% des suffrages exprimés. Ce score, il faut le rappeler avec insistance, était l’expression du ras-le bol d’un peuple qui n’a que trop souffert des mensonges et des tribulations politiciennes dont s’est rendu coupable une classe politique essentiellement affairiste prête à vendre son âme au diable. Il convient de rappeler aussi en passant que ce score fleuve, loin d’être à l’actif du RPM, était l’œuvre l’expression de la volonté de tout notre peuple de tourner enfin une page sombre de son histoire.

Deux circonstances majeures ont dû conduire à ce plébiscite populaire :

Premièrement, lors qu’IBK était Premier ministre (1994-2000) de Alpha Oumar Konaré, il a géré la crise scolaire récurrente avec une main de fer. Ainsi, il a réussi à faire taire les contestations de l’AEEM par la répression policière. C’est bien ce coup de force anti-démocratique que bien de politiciens appelés à l’époque, hélas, l’autorité de l’Etat.



Deuxièmement, par rapport à la crise du Nord, IBK avait été perçu par bon nombre de ces concitoyens comme un homme de poigne, un «Kankélétigui», l’homme de la droiture, des circonstances. Bref, IBK a laissé aux Maliens le sentiment d’être un homme d’Etat. Ce qui explique cette mobilisation populaire pour sa cause.

Depuis, trois ans de gestion des affaires publiques ont suffi aux Maliennes et aux Maliens pour ôter le voile de l’illusion et de la masturbation spirituelle quant à ’’l’homme providentiel’’ que représentait IBK. Le moindre sondage au près du citoyen lambda prouve à suffisance que les Maliens, dans leur écrasante majorité, ne croient plus en l’homme et pour plusieurs raisons :

Sur le plan économique, il faut dire que le mieux être des populations maliennes se conjugue toujours au futur lointain sans perspective d’avenir. A l’occasion des déguerpissements des voies publiques de Bamako, les quelques lueurs d’espoir nées de la gestion des kiosques se sont volatilisées avec les immenses dégâts économiques et financiers causés aux citoyens maliens.

Sur le plan social et politique, les Maliens végètent toujours dans la misère humiliante, toute chose qui prouve à suffisance que le président IBK a tout simplement les Maliens mais avant tout ses électeurs. Cette gestion catastrophique des affaires par IBK rappelle, hélas, cette conviction forte du directeur scientifique du Centre d’études supérieures selon laquelle «la responsabilité de l’administration ne s’arrête pas à la mise en œuvre de la belle panoplie des modes d’action de la puissance publique : prélèvement, distribution, introduction, obligation, contrôle, etc. Elle inclut l’étude sans complaisance de la mise en œuvre des politiques retenues.».

Sur le plan sécuritaire, nos femmes et nos enfants payent toujours le lourd tribut de la gestion calamiteuse de cette question et ceux, malgré la présence en nombre suffisant des soldats de la MINUSMA et de la force Barkhane. La chose à laquelle le Malien lambda ne pouvait s’attendre c’est bien la partition de fait de son territoire.

Au regard de ce tournant de la question sécuritaire, tout se passe comme si l’accord de défense signé entre la France et le Mali l’a été pour soutenir cette malheureuse partition de notre territoire national et encouragé l’arrivée et l’installation de l’armée coloniale française à Tessalit. Que dire de l’occupation même momentanée de la localité de Boni du jeudi au vendredi, si ce n’est que notre armée est phagocytée par des calculs politico-diplomatiques !

Sur le plan scolaire, l’école malienne continue à patauger fort dans les méandres de l’histoire intellectuelle de notre pays.

Aboubacar Demba Camara, champignon de la musique patriotique de la République sœur de Guinée intitulée ‘’Regard sur le passé’’, a dit : «Si tu ne peux organiser, diriger et défendre le peuple de tes pères, fais appel aux hommes plus valeureux ;

Si tu ne peux dire la vérité en tout lieu et en tout temps, fais appel aux hommes plus courageux ;

Si tu ne peux protéger le faible et braver l’ennemi, donne ton sabre de guerre aux femmes qui t’indiqueront le chemin de l’honneur ;

Si tu ne peux exprimer courageusement tes pensées, donc la parole aux griots».

A ce stade de la montée de l’insécurité dans notre pays, il urge pour IBK de mettre fin à l’accord de défense qu’il a signé au nom du Mali avec la France et cela sous le prétexte de l’assistance militaire. La France ne peut sécuriser notre peuple parce qu’elle fait partie du problème à résoudre. Nous avons de valeureux soldats à la retraite, il y en a en prison qui n’ont rien à envier à l’armée coloniale française.

Depuis les indépendances, l’URSS est aux côtés de notre armée pour relever tous les défis. En lieu et place, nous avons aujourd’hui la grande Russie. Cuba est historiquement beaucoup plus proche de nous que la France.

A propos des liens ombilicaux entre Cuba et l’Afrique, Andrew Young avait déclaré le 20 mars 1978 dans un journal américain The News Week : «Cuba se considère comme une nation afro-latine, il n’ya nul doute là-dessus. Ensuite, je ne crois pas que les Cubains interviennent en Afrique sur l’injection des Soviétiques. Je suis persuadé que Cuba se sente concerné par les problèmes africains parce qu’il a, lui aussi, réellement vécu l’oppression coloniale et la domination et se trouve de ce fait normalement destiné à les combattre.»

Toujours dans le même ordre d’idées, il faut rappeler que le Mali et la Chine entretiennent des liens de franche collaboration. Elle nous aiderait mieux à résoudre la problématique de l’insécurité que la France qui n’a nul intérêt à voir la paix s’installer dans notre pays. Cela est d’autant exact que cette grosse illusion et une erreur grossière pour la souris de confier sa sécurité au chat.

On le dit et on le redit, la France ne peut aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale et le chemin de son développement. Cette petite vérité, il est temps de la dire à la France. Elle a sapé l’honneur et la dignité du peuple libyen aux dépens des intérêts fondamentaux su peuple malien.

La moitié du mandat de IBK est écoulée : les masses laborieuses du Mali ont récolté déception et humiliation. Le président IBK aurait dû se mettre franchement du côté des patriotes qui ont demandé la tenue des concertations nationales en vue de permettre aux Maliens de se dire des vérités sans lesquelles toute idée de changement serait une grosse poudre aux yeux de notre peuple travailleur.

Aujourd’hui, ce peuple n’a que faire de la politique politicienne forgée de toutes pièces par les régimes de Alpha et de ATT. Lorsqu’IBK fait appel à ceux qui ont montré toutes leurs limites objectives dans ce pays, il ne fait qu’approfondir la plaie déjà béante du Mali.

Il faut dire que les Maliens attendaient de lui tout sauf un accord de défense avec la France coloniale, marraine de la rébellion du Nord donc le bonheur constitue indubitablement notre malheur et que la tranquillité de cette puissance coloniale se maintient sur notre douleur.

Il est temps de faire appel à des hommes crédibles pour laver l’affront dont le Mali est victime : tout sauf la France, tout sauf l’armée française.

Les deux ans qui restent à IBK aux affaires doivent être comblés d’actions patriotiques et anti- impérialiste dans notre pays. Pour l’honneur du Mali !

Fodé KEITA



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