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Pour retrouver son enfant, la servante Nana Coulibaly traîne devant la justice des cadres de la Direction Nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famillee (DNPEF) et la promotrice de l’orphelinat ‘’Niaber’’
Publié le mercredi 7 septembre 2016  |  Le Sursaut
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Soupçonnées de trafic d’enfant, Mme Sow Goundé Diop, directrice adjointe de la DNPEF, Mme Boiré Fatoumata, chef du Programme Education et Parentalité de la même direction, la promotrice de la pouponnière ‘’Niaber’’, Mme Mali Sangho dite Bibi et d’autres personnes impliquées ont été traduites devant les tribunaux, la semaine dernière, par Nana Coulibaly et sa famille. Enquête sur les traces d’un réseau bien huilé, semblable à la Camorra italienne !
Tout a commencé dans la nuit du 1er juillet lorsque Nana Coulibaly, aide ménagère enceinte, arriva au centre de Santé ‘’ASACOMA’’ de Magnambougou où elle donna naissance à un bébé de sexe masculin. Abandonnée par l’auteur de sa grossesse et remerciée par sa patronne depuis l’accouchement, Nana Coulibaly fait part au personnel médical de son incapacité à prendre soin de l’enfant. En clair, il lui est impossible de garder le nouveau bébé après 9 mois de grossesse, dans la détresse et la crainte, car elle avait contracté un mariage dans son village.

Affecté par cette situation, le médecin de garde du jour, le Dr Souleymane se confie à sa collègue Astan Traoré, sage-femme pour y trouver une solution. La sage-femme, à son tour, prend contact avec l’une de ses amies du nom de Mali Sangho, promotrice de l’orphelinat ‘’Niaber’’ sis à Sébénikoro.

Ces informations ont été confirmées par la promotrice de l’orphelinat ‘’Niaber’’, qui révèlera que Nana Coulibaly et son nouveau né, accompagnées par une de ses amies, ont été amenés par Astan Traoré à son orphelinat, à la date du 2 juillet, soit le lendemain de la naissance du bébé.

« Selon le personnel médical, Nana Coulibaly avait l’intention de se débarrasser de son bébé. Car elle était déjà mariée au village et le père de l’enfant avait disparu. L’enfant était donc en situation d’abandon et il faillait le sauver » nous a confié, la promotrice de l’orphelinat.

La procédure en la matière violée

Dans une situation pareille, la Brigade des mœurs devait être saisie par les responsables de l’orphelinat ou le personnel médical du centre de santé ‘’ASACOMA’’ de Magnambougou, afin de procéder à l’identification de l’enfant et de ses parents avant de le confier à l’orphelinat. Chose qui n’a pas été faite. Pire, comme si elle était pressée de recevoir un nouveau né, la promotrice de l’orphelinat affirme que l’enfant a été placé le même jour (le 2 juillet) où il est arrivé à l’orphelinat, dans une famille d’accueil qui avait fait une demande d’adoption de nouveau né, auprès de la Direction Nationale de la Promotion de l’Enfant et de la Famille.

La mère de l’enfant, Nana Coulibaly, affirme que ceux qui l’ont amenée à l’orphelinat lui ont menti car, confiera-t-elle, depuis le centre de santé, ceux-ci l’ont convaincue que l’orphelinat prendra les prendrai en charge, elle et son bébé, pendant un certain temps. Mais à son arrivée, poursuit-elle, elle a été informée que la pouponnière ne prend en charge que l’enfant, contrairement à ce qui lui avait été dit.

Le scandale éclate au mois d’août, soit un mois après, lorsque Nana Coulibaly décide de retourner à l’orphelinat accompagnée d’un de ses proches pour voir son enfant, déjà été confié à une famille d’accueil. Ils furent renvoyés par les agents de l’orphelinat comme des mal, propres et cela, à deux reprises. A la troisième tentative, Nana se fait accompagner par un de ses porches, militaire de son état, mais sans succès.

Un certificat de décès signé par un médecin du CHU-PG sous le sceau de l’ASACO de Sébénikoro

En effet, à leur grande surprise, les agents de la pouponnière leur annonce le décès de l’enfant avec un certificat de décès à l’appui, selon lequel l’enfant est décédé le 8 juillet des suites « d’une infection néo natale ». Le document est signé par un médecin du nom de Sangho Khalel Sidi, médecin généraliste, à l’hôpital du Point G. Il porte son tampon et estdélivré au nom du CSCOM de Sébénikoro. Mais, en réalité, il s’agit d’un faux.

« Le certificat de décès a été fabriqué par un de mes agents, Adama Sissoko » admettra la promotrice de l’orphelinat ‘’Niaber’’, Mali Sangho. Elle ajoutera qu’elle était en déplacement lorsque Nana Coulibaly venait à la recherche de son bébé à l’orphelinat. « J’étais en Côte d’ivoire. Compte tenu du fait qu’aucun de mes agents ne les connaissaient, il apparaissait impossible pour ceux-ci de les laisser prendre l’enfant ». Qui a donc établi le certificat de décès ?

A cette question la directrice du centre répond : « Je n’étais pas là, cela m’a trouvé en Côte d’Ivoire ».

D’ailleurs, dès qu’on leur a présenté un certificat de décès comme étant celui du bébé, les parents de la mère de l’enfant ont vite décelé la manœuvre : « Quand il nous ont présenté le certificat de décès, nous leur avons posé la question de savoir si la Brigade des mœurs était au courant du décès de l’enfant. Ils nous ont fait savoir que celle-ci fut informée. Mais c’était du mensonge », révèle, Amadou Coulibaly, un des proches de Nana.

La brigade des mœurs intervient

Les deux parties se présentent ainsi à la Brigade de police des mœurs. L’inspectrice, Adama Karembé, à qui l’enquête sera confiée, auditionne les différentes parties. Il s’est avéré que le nouveau-né, n’a jamais été enregistré à la Brigade des mœurs qui, non plus, n’a jamais été informée de son décès.

L’affaire qui était jusque là considérée comme un banal fait-divers prend une autre proportion. La Brigade des mœurs procède à l’interpellation de plusieurs personnes impliquées dans l’affaire. Au nombre desquelles, Mme Sow Goundé Diop, directrice adjointe DNPEF, l’une de ses collègues, Mme Boiré Fatoumata, chef du Programme Education et Parentalité, la promotrice de la pouponnière ‘’Niaber’’, Mali Sangho, dite Bibi, la sage-femme, Astan Traoré, et le personnel médical impliqué dans l’affaire.

La famille de Nana Coulibaly demande l’exhumation de la dépouille de l’enfant pour faire l’autopsie afin de confirmer ou d’infirmer le décès. Impossible ! Et pour cause : l’enfant est bien vivant.

Dos au mur, le camp des accusés finit par avouer que l’enfant n’est pas décédé, mais qu’il avait plutôt été placé dans une famille d’accueil (dont nous tairons le nom), donc difficile de le retirer à cette famille qui a suivi la procédure normale d’adoption d’un nouveau né en formulant la demande auprès de la DNPEF.

Une justice à la vitesse de la lumière !

A la surprise générale, l’orphelinat ‘’Niaber’’ fait appel à la famille Coulibaly pour procéder à la remise de l’enfant à sa mère en présence des agents de la Brigade des mœurs. Mais Nana Coulibaly rejette l’enfant qui selon elle, n’est pas le sien. Après ce refus, il lui fit demandé de voir si son bébé figure parmi les autres enfants de l’orphelinat ‘’Niaber’’. Ce fut sans succès, elle ne reconnaitra pas son bébé dans le lot.

C’est ainsi qu’elle et sa famille portent plainte auprès du Tribunal de Grande Instance de la Commune III du district de Bamako, où l’ensemble des personnes impliquées y compris la partie plaignante ont été entendues le lundi 29 août dernier, par le Procureur de la République. Selon nos informations, après avoir entendu les différentes parties, le Procureur a transmis le dossier au Tribunal de Grande Instance de la Commune VI car, c’est dans cette Commune que l’enfant est né, à l’ASACOMA de Magnambougou.

Mais le hic en a été que l’affaire a été tranchée le même jour par ce Tribunal. Sous le coup de l’émotion et de la peur, selon nos sources, compte tenu du ton employé pendant l’interrogatoire, la pauvre Nana Coulibaly n’eût d’autres choix que de reconnaître l’enfant qu’elle avait auparavant rejeté.

« A notre arrivée au Tribunal de la Commune VI, nous n’avons pas eu le temps de nous expliquer. On a juste demandé pourquoi Nana refuse de reconnaître l’enfant étant donné qu’il s’agit bien de celui auquel il a donné naissance. Même quand j’ai présenté une copie du faux certificat de décès au Tribunal de la Commune VI, personne ne m’a écouté. C’est ainsi que Nana a accepté de prendre l’enfant qui selon elle n’est pas le sien» déclare l’oncle de Nana Coulibaly, Souab Ibrahim Tangara.

Selon la promotrice de l’orphelinat et d’autres sources indépendantes, c’est d’ailleurs cet oncle qui aurait réclamé l’enfant en question et non sa mère.

Du côté de la DNPEF, Mme Boiré Fatoumata, dégage la responsabilité de leur structure qui, selon, se limite à exercer le rôle d’interface entre les pouponnières et les familles demandeuses d’enfants pour adoption.

L’affaire a-t-elle été étouffée ?

Etouffée ou pas, une chose est sûre, il est difficile de comprendre qu’aucune des personnes impliquées dans cette affaire n’ait été sanctionnée. Et selon nos investigations, avant d’être trainés devant les tribunaux, les accusés auraient tenté d’étouffer l’affaire mais sans succès.

D’autres sources nous indiquent que le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, aurait pesé de tout son poids pour trouver une issue profitable aux personnes interpellées, dont deux cadres de la DNPEF, structure pourtant censée défendre le droit des enfants.

Qu’est-ce qui prouve que l’enfant remis à Nana est de son sang ? Etrange qu’aucun recours au test ADN n’ait été évoqué ; et cela, au XXIè siècle.

Tout ce qui précède amène à se poser les questions : Existerait-il un réseau de trafic d’enfants à Bamako ? Comment la DNPEF peut-elle se limiter à servir d’intermédiaire entre les familles et les orphelinats sans assurer un suivi des enfants qu’elle confie à ceux qui font des demandes d’adoption ? Protège-t-elle réellement l’Enfant, ou se contente-t-elle de n’être qu’une courroie de transmission ? Mais, il ya de cela quatre siècles, le fabuliste l’avait écrit : « Selon que vous soyez puissant ou faible, les jugements de cours vous rendront blanc ou noir. » Nana Coulibaly a été contrainte d’accepter ce qu’elle a commencé par refuser parce qu’elle s’est sentie sans recours face à des gens supposés dire le droit.

Abel Sangaré

Source : Le Sursaut
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