Dans une interview, le directeur général de l’Agence nationale de sécurité routière (ANSER), Mamadou Siriki KONATE nous parle de sa structure, ses actions et les difficultés auxquelles l’agence est confrontée aujourd’hui. L’ANASER a été crée en Février 2009 pour lutter contre l’insécurité routière à travers le pays
Nouvelle expression : Quelles sont vos relations avec les autres structures en charge des questions de la sécurité routière ?
Mamadou Siriki KONATE : La question de sécurité routière est une question transversale, parce qu’elle touche tous les secteurs. On ne peut pas parler de la sécurité routière sans parler des éléments qui le composent. On parle de la sécurité routière lorsqu’il y a des accidents. Un accident demande forcement l’implication de plusieurs éléments.
Les trois éléments sont : l’homme, le véhicule et la route. Lorsqu’il y a un disfonctionnement entre ces trois éléments, il y a un risque d’accident. C’est ce qui fait qu’on ne peut pas parler de route sans parler des moyens de transport. Donc l’ANASER travaille en étroite collaboration avec toutes les structures liées aux transports et à la route.
Nouvelle expression : Quels moyens avez-vous pour combattre le transport mixte ?
Mamadou Siriki KONATE : C’est vrai, c’est une pratique qui existe au Mali et il faut la combattre. Généralement, les accidents du transport mixte sont très graves et ce que les gens ne savent pas c’est que la plupart des tués enregistrés lors d’accidents sont dus aux projections de leurs propres bagages.
Il faut comprendre que l’ANASER n’est pas restée en marge de cette situation parce que c’est un danger en terme de sécurité routière que nous avons identifié depuis longtemps. C’est surtout les zones de production agricole qui connaissent cette pratique de transport mixte.
Pour cela, l’ANASER ne travaille pas toute seule, on a des partenaires qui sont des associations et des ONG. Dans beaucoup de villages actuellement, certains jeunes sont réunis en associations ou en clubs pour véhiculer les messages de sensibilisation.
Nous leur fournissons de bonnes informations pour qu’ils puissent véhiculer au près des camionneurs et des forains qui pratiquent ce genre de transport. En dehors de ces associations et clubs, nous avons aussi la presse car le meilleur moyen pour sensibiliser la population c’est la presse.
Il faut comprendre que l’ANASER n’est pas seulement Bamako, on a des antennes régionales à Kayes, Sikasso et Ségou.
D’après les analyses de l’Organisation Mondiale de la santé, les accidents de la circulation routière constituent la troisième cause de mortalité des bras valides âgés de 39 à 45 ans. Donc c’est une pratique qu’il faut combattre à tout prix.
Nouvelle expression : Y a-t-il une sanction pénale contre le transport mixte ?
Mamadou Siriki KONATE : A la date d’aujourd’hui, il n’y a pas de sanction contre le transport mixte, mais à l’heure actuelle, le code de la route est en phase de relecture. Les textes se trouvent au niveau de l’Assemblée Nationale et si cette loi est votée, cette pratique sera formellement interdite et les contrevenants seront sanctionnés.
Nouvelle expression : Quelle appréciation faites-vous du taux d’accident depuis la création de votre structure ?
Mamadou Siriki KONATE : Le taux d’accident a chuté de façon considérable et cela grâce à la presse et la société civile à travers leur message de sensibilisation. En 2009, compte tenu de l’ampleur des questions de la sécurité routière, une rencontre internationale s’est tenue en Russie.
Au cours de cette rencontre, l’une des recommandations a été de décréter une décennie pour les Nations Unies en se prononçant sur les questions de la sécurité routière. C’est ainsi que les Nations Unies ont décréter la décennie 2011-2020 comme décennie d’action de sécurité routière. Cette décennie d’action consistait de la part de tous les pays à ramener le chiffre des victimes (tués, blessés) en dessous de la barre de 7500.
Notre pays n’est pas resté en marge de cette décennie. En 2011, le Mali avait plus de 12 milles victimes. Quand les Nations unies ont convoqué les pays concernés pour faire un bilan de l’étape d’avancement en 2015, les victimes du Mali ne dépassaient pas les 8000. Ce qui veut dire que beaucoup d’efforts ont été faits. Avec l’implication de tout le monde, je crois que nous pourrons atteindre l’objectif fixé par les Nations Unies qui est descendre en dessous de la barre de 7500 en 2020.
Nouvelle expression : Quelles sont les difficultés auxquelles l’Agence est confrontée ?
Mamadou Siriki KONATE : Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés est prioritairement une question de compréhension de la part des usagers de la route. Notre mission consiste à parler de la sécurité routière partout et à tout le monde pour qu’il puisse avoir un comportement positif sur la route. Cette compréhension s’analyse sous plusieurs angles. Le premier est l’inobservation des règles de la sécurité routière.
Cette inobservation des règles de la sécurité routière résulte de l’homme. Lorsqu’on observe actuellement la circulation on se rend compte que la plupart sont des engins à deux roues et la plupart des conducteurs de ces engins à deux roues sont des jeunes et rares sont ces jeunes qui se sont donnés la peine d’aller prendre un permis de conduis.
Les gens doivent savoir que pour conduire une moto djakarta, il faut un permis de conduis. Et on ne peut pas obtenir un permis sans connaitre les éléments essentiels de la sécurité routière. Ce qu’il faut aussi savoir c’est que pour conduire une moto djakarta, il faut avoir 16 ans révolus selon le code de la route. On voit tous les enfants de 12-13 ans conduire les motos à longueur de journée. Ceci ne relève pas seulement de l’ANASER, mais de tout le monde surtout les chefs de familles.
Si tous les usagers respectaient le code de la route, je pense que l’ANASER aura moins de difficultés. Nous avons aussi l’incivisme de certains conducteurs. Il vrai que certains usagers ignorent les aspects du code de la route, mais ceux qui maîtrisent parfaitement le code se permettent de faire certains comportements sur la route. Chacun doit comprendre que le respect des lois et règlements de son pays est un devoir civique.
Bref, les difficultés que nous rencontrons c’est l’incompréhension des aspects de la sécurité routière et l’incivisme de certains usagers. Mais cela est pour nous une source de motivation parce que tant tous les maliens n’ont pas compris l’importance de la sécurité routière nous n’allons pas baisser les bras.
Nouvelle expression : Avez-vous un dernier appel à lancé ?
Mamadou Siriki KONATE : Mon premier appel est un appel de la prudence à l’endroit de tous les usagers. Qu’on connait les codes de la route ou pas, je demande à tous les usagers d’être prudents dans la circulation. Mon deuxième appel consiste à demander à tous les usagers d’être courtois car la discourtoisie est une source d’insécurité routière.
En plus de la courtoisie, je demande aux usagers d’être tolérants. La tolérance est un élément essentiel dans la circulation. Elle permet d’éviter des accidents. Je demande aussi aux piétons d’utiliser les endroits qui sont réservés à leur passage.
J’adresse mon dernier appel aux conducteurs de véhicules. Je l’invite à effecteur les visites régulièrement, c’est la seule façon de savoir si les véhicules sont en bon état. La mise en circulation des véhicules en bon état peut sauver des vies.
Propos recueillis par Bréhima Sangaré, Stagiaire