Le Président de l’Autorité de protection des données à caractère personnel (APDP), Oumarou Ag Ibrahim Mohamed Haïdara, a animé une conférence de presse, hier mercredi 7 août 2016, pour expliquer les missions de sa structure aux journalistes.
Cette structure nouvellement créée dans notre pays n’est pas connue du grand public. C’est pourquoi elle a initié cette rencontre pour se faire connaître et présenter à la presse la loi du 21 mai 2013, portant protection des données à caractère personnel. En effet, selon le Président de l’APDP, «l’idée qui sous-tend cette rencontre procède d’une volonté manifeste de la structure d’informer tous les acteurs (détenteurs, utilisateurs, responsables de traitement) sur ses missions, ses procédures et de vous sensibiliser par rapport aux données personnelles, tant il est vrai que celles-ci tiennent de l’ésotérisme car, inintelligibles pour beaucoup d’entre nos compatriotes».
«Qu’il s’agisse de la sphère économique (fichiers de clients ou de prospects, marketing ciblé, lutte contre la fraude, etc.), de la sphère publique (vidéosurveillance, fichiers de police, médicaux, etc.) ou de la sphère personnelle (Internet, réseaux sociaux, moteurs de recherche, blogs, etc.), les fichiers sont désormais omniprésents dans notre quotidien», a-t-il déclaré.
A en croire Oumarou Ag Ibrahim, à partir des révélations faites par Edward Snowden et Wikileaks, le constat a été fait que les données personnelles sont devenues des armes de conquête, un instrument de pouvoir pour les Etats et les entreprises, chacun voulant imposer sa vision et sa dominance.
«C’est cette volonté, de la part de ces puissances, de pénétrer les données personnelles qui donna naissance à un nouveau concept, celui de «la surveillance par défaut», qui veut tout simplement dire: tous surveillés par défaut, même sans menace spécifique et probablement avec une conservation sans limite de tout sur tout le monde», a-t-il martelé.
Avant de s’interroger: «ainsi, dans le monde actuel, qui peut se dire tranquille quand toutes nos conversations peuvent être écoutées et que nous pouvons être géo-localisés à quelques centimètres près? Qui peut se dire qu’il s’appartient pleinement quand nos données font l’objet de transactions inspirées de mécanismes boursiers pour savoir à quel moment et à quelles personnes délivrer la meilleure publicité, en fonction de ses échanges de mails, de sa navigation internet, de sa localisation spatiale et demain de données de santé collectées à la volée?
Qui peut se sentir en sécurité lorsqu’à travers le traitement automatique de l’information, de vastes quantités de données peuvent être transmises en quelques secondes à travers les frontières nationales et même à travers les continents? Mais aussi, qui peut véritablement offrir un pacte de confiance à ses clients, à ses investisseurs, s’il ne s’appuie pas sur un cadre juridique clair, qui garantit la sécurité des données et les conditions de leur utilisation?».
Selon lui, le constat qui en découle c’est que le numérique peut nous apporter des bénéfices considérables, mais aussi un risque majeur de surveillance généralisée. «Il ne s’agit plus seulement de vie privée, mais désormais aussi de sécurité, de liberté d’expression, de liberté d’aller et de venir, de liberté d’entreprendre, d’autodétermination même de la personne», a-t-il souligné, regrettant qu’à ce jour l’APDP n’a enregistré la moindre réaction, tant au niveau des services relevant du secteur public qu’à celui du privé.