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Mali: ‘’Barkhane frappera tous ceux qui ont des relations ambigües avec des terroristes’’
Publié le jeudi 8 septembre 2016  |  Mikado FM
Gao:
© AFP par JEAN-FRANCOIS
Gao: Le ministre Jean-Yves Le Drian confirme le maintien d’un millier de soldats français au Mali
Dimanche 22 septembre 2013.Gao
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La force française antiterroriste Barkhane assure qu’elle sera intraitable avec des personnes qui entretiennent des relations ambiguës avec des groupes armés terroristes. L’adjoint du général Représentant de Barkhane au Mali l’a martelé lors d’une interview exclusive accordée à MIKADO FM (Bamako 106.6).
Le Lieutenant-Colonel Cyril Iordanow relève que certains éléments incontrôlés des groupes signataires des accords de paix ont parfois des fréquentations douteuses. Propos recueillis par Thiécoura Goita.

En quoi l’opération Barkhane diffère-t-elle de la MINUSMA et EUTM ?
Tout d’abord je souhaiterais saluer les auditeurs de MIKADO FM et vous remercier de me permettre d’expliquer ce qu’est Barkhane. Alors effectivement, il y a 3 missions au Mali et ces 3 missions travaillent, soyez-en persuadés, main dans la main avec un même objectif : aider le Mali à se redresser après une crise qui a été difficile. On a tous les mêmes objectifs, on va tous vers le même avenir, en revanche, on a des mandats et des moyens qui sont un peu différents.

Barkhane, son objectif, c’est de neutraliser les derniers terroristes mais également d’appuyer les forces de sécurité ici au Mali, les Famas, lors de leurs opérations. A l’inverse, si vous voulez, EUTM, c’est un peu le « professeur ». Celui qui aide avec des cadres qui vont former les Famas pour leurs futures opérations. Enfin, la MINUSMA, elle est là pour redresser le pays, c’est une grosse opération avec de multiples facettes, de multiples talents qui sont là pour aider à redresser le pays.

Si vous voulez, Barkhane, c’est un peu « la guêpe qui agit », qui vient neutraliser les terroristes là où ils sont pour pas qu’ils puissent recommencer à imposer ce qu’ils ont fait en 2012 au peuple malien. Barkhane veut pas du tout agir en solo, on est tous mains dans la main. Bien évidemment, les généraux, les responsables de la MINUSMA parlent régulièrement avec les responsables de Barkhane, parce qu’on est là pour se coordonner, discuter, pour ne pas faire par exemple deux fois la même chose au même endroit. On se coordonne, on se réparti des zones, des missions, pour que, dans le cadre de nos mandats respectifs, on aille dans le même sens.

Et pourtant, l’insécurité perdure dans le Nord, vous avez une explication ?
Ecoutez, force est de constater aujourd’hui qu’aucun terroriste n’est capable de mener une grande attaque là où est Barkhane. Le terroriste louvoie, se cache, se terre, et de temps en temps, il met une mine sur une route. Mais là où est Barkhane, on n’a pas vu d’opération, je dirais, « d’envergure » des terroristes. L’insécurité, elle est le fruit des bandits. Quand on neutralise un terroriste, souvent, on neutralise un bandit.
En revanche, la lutte contre l’insécurité, ce n’est pas dans le mandat de Barkhane, sauf si le bandit est un terroriste, c’est la mission des forces de sécurités intérieures, c’est la mission parfois des Famas, et ponctuellement, nous les appuyons lors d’opérations conjointes.

Présente à Kidal, Barkhane s’est pourtant abstenue d’intervenir lors d’affrontements dans la ville, quelle est votre stratégie ?
Kidal, pour Barkhane, c’est une base militaire à partir de laquelle on va aller faire des opérations autour de Kidal. Dès qu’on localise des terroristes autour de Kidal, nous prenons des troupes présentes à Kidal pour aller les neutraliser. A Kidal, Barkhane a aussi pour mission d’intervenir si des terroristes tentent de s’y réinstaller. Le dernier conflit à Kidal a concerné deux groupes armés signataires, pas des groupes armés terroristes. Barkhane n’a pas le mandat de s’immiscer dans un conflit entre deux groupes armés signataires.

En revanche, et je vais être très clair : Barkhane s’est engagée à appuyer la MINUSMA si elle est attaquée dans le cadre de son interposition entre la Plateforme et la CMA. De la même manière, Barkhane neutralisera toute personne qui s’attaque à la population civile de Kidal, où nous disposons de moyens conséquents. Nous menons à Kidal des patrouilles, de jour comme de nuit, pour rassurer la population et d’après la population, cela semble faire baisser la petite délinquance qui avait tendance à se réinstaller, la nature ayant horreur du vide.

Mais pourquoi Barkhane n’est pas partout au Mali ?
Ce n’est pas à vous que je vais apprendre que le Mali est un pays immense ! Barkhane est un gros effort de la France pour appuyer le Mali dans cette période post-crise, mais en revanche Barkhane ne peut pas être partout. C’est pour ça que Barkhane, main dans la main avec les forces de sécurité intérieures, les Famas, la MINUSMA…nous sommes tous ensemble à traquer ces terroristes pour permettre à l’état malien de se reconstruire et d’aller vers une paix durable pour les populations.

Barkhane est taxée d’être plus proche de la CMA, qu’en est-il au juste ?
Effectivement, c’est ce que j’ai vu et entendu dans les médias maliens parfois…non. Je voudrais rappeler que Barkhane est totalement impartiale au Mali, et d’ailleurs les gens qui sont chargés concrètement de le constater n’ont jamais remis en cause Barkhane.
En revanche, et je voudrais revenir sur des faits récents, Barkhane frappera tous ceux qui sont proches des terroristes. Il y a une expression qui dit « on ne sort de l’ambiguïté qu’à ses dépens », Barkhane va aider à sortir de l’ambiguïté.

Parfois, il s’avère que des éléments, surement incontrôlés, peuvent avoir une certaine proximité avec des terroristes, ils peuvent être à la CMA, ils peuvent être à la Plateforme…en tout état de cause, Barkhane les frappera parce qu’ils sont des terroristes.
A partir du moment où ils posent des mines, où ils n’ont pas de papiers en règle de leur mouvement, nous considérons qu’ils sont à traiter comme des terroristes. A ce sujet également, on ne tolérera pas que les gens aient avec eux des mines, des obus qui peuvent servir à poser ce qu’on appelle des engins explosifs improvisés sur les routes. Récemment, un transporteur routier dans le nord a été frappé par un engin explosif improvisé, il est mort et à côté de lui, il y avait son fils de huit ans, ce n’est pas tolérable. Ça ne frappe pas que la MINUSMA ou Barkhane, c’est un danger pour toutes les populations, et nous serons intraitables là-dessus.

Pour revenir à votre question, nous sommes totalement impartiaux, mais en revanche, et je veux être très clair : les gens qui sont ambigus dans leurs rapports avec des groupes armés terroristes seront neutralisés par Barkhane.

Le bilan de vos opérations sur le sol malien ?
Je pense que si l’on regarde globalement, on est loin de la situation de 2012. Par exemple, la situation que les gens vivent aujourd’hui à Tombouctou est loin de celle qu’ils vivaient en 2011.

Barkhane, c’est 400 opérations et patrouilles conduites sur l’ensemble des pays du G5 Sahel, c’est 140 terroristes qui ont été mis hors de combat. Egalement des saisies. On a saisi par exemple 2000 obus qui servaient directement à fabriquer ces mines improvisées. On a saisi 700 grenades, ces grenades qu’on a récemment retrouvé à Kidal et avec laquelle un enfant s’est fait exploser un doigt…On continue, on continuera et on ne lâchera rien là-dessus.

Vous avez également mentionné des actions de développement, on peut en savoir davantage ?
Pour nous, il n’y a pas de sécurité sans développement, ni de développement sans sécurité. On traque les terroristes pour permettre aux acteurs économiques, aux ONGs de revenir dans les zones répondre aux besoins de première nécessité dans certaines régions.
On fait ça sur l’ensemble de la zone dans laquelle on est, pas seulement à Kidal, Tessalit, Gao ou Tombouctou. Quand la population bâtit avec Barkhane un projet de développement, nous sommes ravis de l’aider, ou ravis d’aider un partenaire à venir dans la zone. Parfois, cela peut etre une ONG que l’on va appuyer. On connaît bien les besoins des populations, avec lesquelles on parle tous les jours, soit on agit directement, soit en soutien d’une organisation internationale ou d’une ONG.

On a quand même investi 430 millions de FCFA, ce n’est pas négligeable. On a par exemple un projet à Kidal pour reconstruire le Barrage d’Etambar. On se concentre beaucoup sur l’eau, l’accès aux soins, on fore des puits, on prodigue des soins médicaux gratuits. A Tessalit, nous avons un bloc chirurgical, dans lequel, avec l’appui des Forces armées maliennes, nous soyons un certain nombre d’habitants.

Quel est l’accueil de ces actions par la population, est-ce bien perçu ?
Ecoutez, quand je vois le sourire des enfants et des femmes je vous dirais oui ! Ces projets font du bien à la population, tout le monde en profite, et ce que j’ai pu constater, c’est que la population, par ces sourires, nous le rend bien, et on est ravis de faire cela. Nous sommes au Mali pour eux, pas pour nous.

Malgré tout, la population n’a pas une vue assez favorable de votre opération, qu’est-ce qui cloche ?
Les gens oublient ! Il y a eu Serval, maintenant, Barkhane, les gens oublient peut-être d’où l’on vient. On a bien travaillé à Serval. Aujourd’hui, les terroristes se cachent, sont sur leurs motos, plus sur leurs pick-ups, ils font attention, donc il faut aller les chercher. C’est moins visible surement que ce que l’on faisait. Ensuite, il y a des gens qu’on dérange, qui avaient des petites habitudes et qui pensent qu’ils peuvent parler au nom de la population. Eh bien, tous ces gens, on les dérange parce que ce qu’ils font n’est pas bien pour le Mali et pour les maliens, et je pense que cela vient un petit peu de cela.

Que reste-t-il à faire en ce qui concerne les patrouilles mixtes ?
Les patrouilles mixtes et les Famas rénovés, c’est l’avenir du Mali et c’est l’avenir d’une réinstallation durable de la sécurité dans le nord. Ce qu’on constate, c’est qu’il y a parfois un manque de confiance entre les différents partenaires. Finalement, tout le monde a envie d’aller vers ces patrouilles mixtes, tout le monde veut le retour de la sécurité dans le nord, mais parfois, il peut y avoir des incompréhensions ou manques de confiance.

Les patrouilles mixtes, c’est le MOC. Un bataillon MOC c’est finalement des patrouilles qui se font avec 1/3 des soldats maliens des Famas, 1/3 des soldats de la Plateforme, et 1/3 des soldats de la CMA. Ça, c’est bien intégré et bien accepté dans le nord et tout est prêt à Gao. L’état malien a emmené les pickups, la MINUSMA a construit un certain nombre de bâtiments, a emmené l’électricité…bref, matériellement, tout est prêt pour accueillir les combattants. Mais malheureusement, il nous manque encore quelques petites choses, la CMA et la Plateforme n’ont pas encore désignés les membres pour les commissions DDR, et ça, c’est le dernier petit blocage qui existe.

Je voudrais quand même rappeler qu’il y a déjà une une patrouille mixte en 2015, et que la patrouille mite, on peut aussi la faire quand il y a un danger pour la population. On pourrait tout à fait imaginer qu’on ait une patrouille mixte Famas-CMA-Plateforme parce qu’il y a des bandits sur tel axe, et que c’est l’intérêt pour toute la population de les arrêter.

Est-ce que Barkhane intervient en soutien dans ces patrouilles mixtes ?
Aujourd’hui, Barkhane n’est pas leader dans le MOC. C’est bien l’état malien, la MINUSMA, la Plateforme et la CMA. Nous avons proposé un appui, mais nous ne voulons pas trop sortir de notre mandat qui est la lutte contre les terroristes. En revanche, nous appuyons cette excellente initiative qu’est le MOC quand nous le pouvons. Par exemple on travaille avec un Colonel formidable à Gao qui fait avancer ce MOC, on l’aide en particulier à sécuriser son PC, en appui de la MINUSMA. Si demain, des gens veulent faire des patrouilles mixtes avec nous ou avec la MINUSMA, on sera ravis parce qu’on a le même objectif : faire baisser l’insécurité dans le nord.

Comment voyez-vous la reprise en main de la sécurité par les forces de défense de sécurité rénovées dans les régions du nord ?
Evidemment, comme je vous le disais, cela passe par ces patrouilles mixtes du MOC, puis après des Famas rénovés. Je trouve qu’aujourd’hui, les force armées maliennes, grâce l’EUTM, grâce à l’action de leurs chefs, officiers, à la motivation de leurs soldats, reprennent du terrain et de l’assurance. On l’a vu très récemment à Boni, où des terroristes ont attaqué la ville et les Famas sont revenus avec la MINUSMA réoccuper la ville. Voilà un petit peu comment je vois les choses.

Sur le long terme, évidemment des patrouilles mixtes avec l’ensemble des parties prenantes de l’Accord de paix et de réconciliation. Des Famas rénovés, qui agissent dans le nord au profit de la sécurité des populations, et puis en attendant, je vois des Famas qui vont assurer avec les forces de sécurité intérieures, la sécurité dans les zones qui leur sont imparties.

Quelle appréciation faites-vous de l’instauration des autorités intérimaires ?
Elles sont d’une grande importance pour le retour de la paix
L’Accord de paix et de réconciliation est notre Bible à tous pour sortir le Mali de la crise, avec effectivement, la mise en place d’autorités intérimaires. Nous ne sommes pas partie prenante, nous ne faisons pas de politique, nous sommes une opération militaire. En revanche, on considère que c’est une initiative très heureuse, et nous serons ravis le jour où les autorités intérimaires se mettront en place dans le nord.

Comment voyez-vous l’avenir de ce pays en terme de sécurité ? Vous êtes confiants ?
Le Mali a de grands défis devant lui, c’est indéniable. Je constate toutefois que les jihadistes au nord n’opèrent plus en toute sécurité, à la lumière du jour. Ils doivent se cacher…et pour nous c’est très encourageant. Je constate également que grâce à l’action de EUTM, MINUSMA et Barkhane, les Forces armées maliennes se sont reconstruites, obtiennent de bons résultats sur le terrain, et on continuera tous à les appuyer dans leurs opérations. On constate qu’on a avec nous des soldats motivés, des officiers qui commandent leurs troupes, qui font de belles opération sur le terrain bien acceptées par la population locale. Il y a encore de grands défis, mais nous allons tous dans le bon sens : le Gouvernement malien, MINUSMA, EUTM, Barkhane, les parties prenantes de l’Accord pour la paix et la réconciliation. On veut tous que la paix s’installe durablement au Mali

Comment la population peut-elle informer Barkhane si elle a des informations ?
La population sait que nous sommes efficaces quand nous avons une bonne information, et elle peut nous contacter pour nous aider au 80 00 00 00, l’appel est gratuit. C’est la « ligne sécuritaire ». Ils peuvent nous laisser un message. Nous avons quelques paires d’yeux, mais avec les yeux de l’ensemble de toute la population, nous serons encore plus forts !

Rejoignez MIKADO FM 24/24 7j/7 à Bamako 106.6 FM, Gao, Ménaka et Kidal, 94.0, Tombouctou, 92.8, et Mopti 91.6
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