Dans les vicissitudes de la vie, pour des gens avertis, l’on constate l’existence des carrefours d’angoisse, des ruelles du désespoir, des rues d’incertitude, des angles d’incrédulité et fort heureusement, des artères du bonheur. Le peuple malien, pétri de sa culture de paix, de partage, de don de soi, du jatiguiya, du lamogoya et du karamogoya, se doit de comprendre le sens profond du contenu de tout ce que je viens de citer plus haut.
Une fois cette affreuse guerre déclarée, les Maliens n’ont eu de cesse d’élaborer et d’appliquer une stratégie appropriée pour y mettre fin. Pensions-nous vraiment que ce soit le moment d’aller jeter un coup d’œil dans la cuisine du voisin rival pour envier la qualité de la sauce qui s’y prépare ? Je demeure persuadé que l’entente et la sérénité dans la douleur raffermissent davantage la volonté d’atteindre l’objectif que l’on se fixe. C’est à ce propos que je voudrais, face à cette situation d’état d’urgence, attirer l’attention de tout un chacun sur un certain nombre de constats qui nécessitent de plus amples méditations.
La loquacité et le verbiage ne sauraient devenir une stratégie de guerre. Trop parler (j’ai peur de dire jacasser) risque de nous faire planer au dessus de nos problèmes réels comme le faisait l’Idée absolue du philosophe Hegel à son époque. Dans les coins de rue et dans nos grains, nous parlons de la préoccupante guerre comme si nous faisions des commentaires après un match de foot-ball. Si vous ne savez pas ce que c’est que la guerre, consultez-moi parce que, moi au moins, au premier coup de feu, je suis capable de battre tous les records de vitesse pas seulement du Mali mais du monde entier.
Pour les adeptes de la précipitation, nous avons encore en mémoire ce qu’elle a coûté en vies humaines sur les écrans de nos salles de cinéma. Il y avait plus de morts que de pépites d’or. Prenons garde car la ruée risque de nous amener à braquer sur l’ennemi, la crosse de notre fusil avec comme conséquence un hara-kiri qui ne dit pas son nom. Calquons donc la patience d’urgence à l’état d’urgence qui commence à porter fruits. Par ailleurs, le calme olympien, si largement partagé par nos anciens, tend à cèder sa place à un frisson contagieux et néfaste. A-t-on oublié les guerres faites par nos illustres aieux comme Samory, Soundiata, Babemba, Biton, pour ne citer qu’eux, appuyés en cela par des intrépides guerriers appelés familièrement » Tondjons « ? Une référence n’est-elle pas un bon guide pour un repositionnement positif ? Cessons de louer nos illustres devanciers si nous ne pouvons pas nous efforcer de dépasser le niveau de leur cheville. Avec ce qui nous tombe dessus, tous les Maliens devraient porter un troisième nom qui est : Sérénité. Le manque de Sérénité provoque des frissons qui enfantent des tremblements de tout notre métabolisme. Sachez également que les ongles des mains et des pieds ne frissonnent jamais malgré l’intensité du froid. Je ne suis pas un tireur d’élite et ne saurais l’être mais je sais que le frisson et les tremblements peuvent, dans le pire des cas, amener un tireur d’élite à rater…pas la cible, mais la gachette. Que Dieu dote les Maliens, particulièrement nos troupes, de patience, de sérénité et de courage afin qu’elles sauvent le Mali car c’est à nous de le faire. Cela ne saurait se faire avec des incantations, des paroles « wassa-wassa « . Cessons de nager dans le fleuve des fioritures sinon il ne nous restera plus qu’à demander à Dieu de prier pour nous alors que c’est à nous qu’il revient le devoir de le prier afin qu’il exauce nos vœux