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Fatoumata Sire Diakité militante de la société civile à propos du nouveau code électoral ” Si jamais l’Assemblée nationale adopte cette loi, cela veut dire que/ les députés ont oublié les martyrs et l’esprit du 26 mars 1991 “
Publié le lundi 12 septembre 2016  |  Aujourd`hui
Cérémonie
© aBamako.com par FS
Cérémonie de lancement du Projet JUPREC
L`hôtel Radisson a abrité le 14 Juillet 2015, la cérémonie de lancement du projet Justice Prévention Réconciliation. Photo: Fatoumata Siré Diakité
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Dans une interview qu’elle a bien voulu nous accorder, Fatoumata Siré Diakité, une militante active au sein de la société civile malienne et présidente d’une puissante organisation de défense des droits des femmes, notamment l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes (Apdf) nous donne sont point de vue sur le nouveau projet de code électoral qui sera examiné par les honorables députés. Lisez plutôt son point de vue.

Aujourd’hui-Mali : En tant qu’acteur de la société civile et présidente d’une organisation de défense des droits des femmes, que pensez -vous du projet du nouveau code électoral qui fixe la caution de la présidentielle à 35 millions Fcfa et exige le parrainage d’au moins 15 députés ou conseillers nationaux ?

Fatoumata Siré Diakité : En tant que présidente d’une organisation de femmes et membre de la société civile, je pense que ce projet de code électoral va à l’encontre de notre processus démocratique. C’est comme si les gens qui ont initié cette loi n’ont pas participé au combat démocratique du 26 mars 1991. Je n’arrive pas jusqu’à présent à comprendre dans un pays pauvre comme le Mali qu’on demande d’élever la caution à 35 millions de Fcfa, cela pour être candidat dans une élection présidentielle et avoir aussi le parrainage de 15 députés ou des conseillers nationaux. Je pense que ce projet de code électoral sera enfin de compte une loi d’exclusion sociale, dans la mesure où seuls les riches pourront se présenter aux élections présidentielles. Et pourtant ce sont les pauvres qui votent pour les riches. Cette loi, si jamais elle est adoptée par l’Assemblée nationale, sera une régression totale de notre démocratie.

Si aussi on adopte ce projet de loi comme telle, nous à travers la société civile, nous allons mener une campagne pour que personne ne sorte pour aller voter pour ces riches car la mobilisation de ces 35 millions Fcfa sera un facteur de corruption. Pour la simple raison que les hommes d’affaires ou les réseaux mafieux peuvent se cacher derrière des candidats pour financer leur campagne en attendant le retour de l’ascenseur. Autre conséquence, ce nouveau projet de code électoral va amplifier la corruption et le vol et exclure surtout les jeunes et les femmes du processus électoral car ceux-ci auront du mal à mobiliser ces fonds. Je pense que si jamais l’Assemblée nationale adopte cette loi, cela veut dire que les députés ont oublié les martyrs et l’esprit du 26 mars 1991. Pour moi, ceux qui sont derrière cette initiative n’étaient pas là au moment de l’insurrection populaire qui a fait tomber le régime de Moussa Traoré. Je suis surtout étonnée par le silence de certains membres du gouvernement qui étaient avec nous lors du combat démocratique de 1991.

Ce code est en phase de projet. Est-ce que vous avez une adresse particulière pour les députés qui doivent l’examiner ?

En tout cas, je vois mal un député qui va oser voter pour ce nouveau projet de code électoral qui fixe la caution à 35 millions de Fcfa et exige le parrainage de 15 députés ou conseillers nationaux. Quelque part, je trouve que l’argument avancé pour exclure les candidatures farfelues ne tient pas. Car ces candidats «farfelus» pourront obtenir ces millions auprès des opérateurs économiques. Je pense que cette mesure va faire aussi des députés des proies faciles pour la corruption. Ça va nous ridiculiser tant sur le plan interne qu’international. Tout cela n’est pas à l’actif de la démocratie malienne. En tout cas, nous les démocrates convaincus, nous allons nous mobiliser pour que ceux qui sont à la base de ce projet de code électoral puissent laisser tomber cette initiative. Par contre, s’ils refusent, ils trouveront les femmes et les jeunes sur leur chemin lors des prochaines élections.

Sinon, de mon point de vue, on peut laisser les candidats dits farfelus se présenter et laisser le choix au peuple qui a le dernier mot. Je vous donne un exemple. En 2013, celui sur qui les gens ont porté massivement leur choix n’était pas une candidature farfelue, mais ou en sommes nous avec lui aujourd’hui sur sa gouvernance. Juste vous dire qu’on laisse le peuple choisir son dirigeant.

Est-ce que vous avez un dernier message à l’endroit des initiateurs de cette loi ?

Aux initiateurs de cette loi, je vais dire qu’ils ne sont bien inspirés en prenant de telles décisions car ceux qui sont à la base de cette idée, je dirai qu’ils ne connaissent pas le Mali. Ils ne connaissent pas les réalités du pays. En un mot, qu’on laisse le peuple souverain faire son choix et il ne revient pas au gouvernement d’exclure certains candidats sous le prétexte de candidature farfelue. Et rien d’autre !

Réalisé par Kassoum
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