Lendemain de fête, journée morose à Bamako. Grandes artères dépourvues de l’habituelle circulation automobile démentielle, rues désertes, allées du Grand marché abandonnées aux vieux cartons et autres sachets plastiques d’emballage… la capitale tournait hier au ralenti.
Pourtant le lendemain de la Tabaski était bel et bien un jour ouvrable. Ainsi en avait décidé le gouvernement. Nombreux étaient les Bamakois qui avaient fait le choix de ne pas se rendre au travail. Ils avaient préféré rester à la maison pour poursuivre les agapes avec les restes de la viande des moutons de Tabaski.
Pour certains de nos compatriotes, la célébration d’une fête dure nécessairement 3 jours. Ceux qui avaient fait le voyage pour aller fêter au village, ne pouvaient raisonnablement pas reprendre le travail hier matin. Tout se passe comme si la journée était chômée et payée de façon tacite.
Côté secteur privé, on ne se pose pas de questions. Les rideaux de fer étaient tirés ; les étals bien fermés. Point de vendeurs à la sauvette ni de gargotières pour proposer des mets aux rares personnes qui ont dû aller au travail. Le Dabanani était vide de ses nombreux commerçants. Ce haut lieu du commerce informel, habituellement une fourmilière, présentait un sol jonché de détritus parmi lesquels dominaient les sachets plastiques. Ce qui témoigne de la surchauffe dans les transactions durant les jours ayant précédé la fête.
La plupart des marchands étaient partis fêter au village. C’est ce que nous a expliqué Soumaïla Soumano, grossiste de Fofy Industrie, qui regrette que le gouvernement n’ait pas chômé la journée d’hier. « Cette fête est le seul moment pour les commerçants de prendre un congé pour aller saluer les parents et se reposer », estime-t-il.
Comme Soumaïla quelques vendeurs occupaient le trottoir en espérant écouler les marchandises invendues. « Nous avons connu la mévente cette année. Rendez-vous compte que je n’ai même pas vendu le tiers de mes marchandises », se lamente Bourri qui aurait préféré rester à la maison pour profiter de la fête. « Je suis obligé de tout écouler pour honorer mes engagements auprès de mon fournisseur », nous confie le jeune commerçant.
A côté de lui, Kalou, un autre jeune d’une trentaine d’années, tient un discours identique. « Je n’ai rien vendu la veille de la fête, il n’y avait pas assez de clients. Ceux qui venaient n’achetaient rien prétextant qu’ils n’avaient pas d’argent », se souvient-il.... suite de l'article sur L’Essor