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Sada Diarra n’est plus : disparition d’un intellectuel multi-acteur
Publié le mercredi 14 septembre 2016  |  L’Essor
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Professeur d’Histoire-Géo, l’ancien ministre de la Communication fit partie des intellectuels maliens qui, durant ces deux dernières décennies, ont su passionnément utiliser les médias pour exprimer leurs opinions.
L’ancien ministre Sada Diarra repose pour l’éternité au cimetière de Magnambougou. Il y fut enterré le samedi 10 septembre au lendemain de son décès survenu à la suite d’une maladie. Après avoir vécu 64 ans (il naquit le 20 août 1952 à San), il a été accompagné à sa dernière demeure par une foule nombreuse de parents, amis, voisins, collègues enseignants, anciens ministres, acteurs politiques, camarades de luttes sociales et de nombreux acteurs des médias. Tous ont tenu à lui rendre un dernier hommage pour son engagement multiforme, invariablement exprimé à travers les journaux.
A tous points de vue, Sada Diarra fut un homme des médias. Il s’en est utilement servi et s’est aussi bien mis à leurs services pendant la Transition démocratique qui a connu une floraison d’organes de presse au Mali. Il fut révélé au grand public par L’Essor dans sa parution du 26 août 1991. Ce jour-là, le Quotidien national, dans sa rubrique ‘’L’Air du temps’’ (contribution des lecteurs), publia un courrier signé Diarra Sada, PESG à Bamako, intitulé «Ma vérité sur l’assassinat de Cabral ». L’auteur y évoqua ses amitiés avec le leader estudiantin tué en mars 1980. Il s’en prit, du coup, à certains acteurs du Mouvement démocratique, en fustigeant ‘’l’exploitation politicienne’’ qu’ils faisaient de la mémoire de l’illustre disparu. Sada Diarra s’exprima ainsi, fort de son passé de président de l’Union des étudiants du Mali (UNEM) qu’il a créée en novembre 1973 avec d’autres camarades tels le futur Premier ministre Soumana Sako alias Zou et Anatole Sangaré devenu, plus tard, haut fonctionnaire de la police malienne.
La contribution sur Abdoul Karim Camara dit Cabral reçut, les jours suivant sa publication, de nombreuses réactions presque toutes hostiles aux propos de M. Diarra. Celui-ci devenait, curieusement le même 26 août, ministre de la Communication et de la Culture, Porte-parole du Gouvernement (PPG) dirigé par son ancien camarade Zou de l’UNEM. La coïncidence de la publication de sa contribution et sa promotion ministérielle ne sont que « pur hasard, sa lettre se trouvant en notre possession depuis un certain nombre de jours et n’ayant pu être publiée faute d’espace’’, précisa la Rédaction de L’Essor dans une note pour recadrer les polémiques ainsi nées.
INITIATEUR DU BRIEFFING A LA PRESSE-Sada Diarra institua le briefing hebdomadaire à la presse après chaque session du conseil des ministres. Une démarche appréciée par les journalistes et dont la première eut lieu le 30 aout 1991 au Centre islamique d’Hamdallaye.
Après avoir réussi, l’organisation en mi-décembre 1991 des 1ères Journées nationales de l’information et de la communication au Mali, le ministre Sada et ses experts élaborèrent les premiers textes régissant la libéralisation des ondes dans notre pays. Des textes adoptés par les hautes autorités du pays avant la fin de la période de la Transition, le 8 juin 1992.
Son dernier poste dans la haute administration d’Etat, depuis la fin en 1976 de ses études au Département Histoire-Géographie de l’Ecole normale supérieure de Bamako (ENSUP), fut celui de bref conseiller technique au cabinet de Baba Hakib Haïdara, alors ministre d’Etat chargé de l’Education nationale.
De 1976 à 1978, il collabora à l’Institut d’Histoire d’Abidjan. Rentré au bercail, il enseigna au Lycée Askia Mohamed de Bamako puis au Lycée Franco-arabe de Tombouctou. Il dispensa ensuite des cours au Centre de formation professionnelle (CFP), de 1982 à 1988. Année à laquelle il est promu Directeur national adjoint de la jeunesse et des sports jusqu’en décembre 1990. Il devint cadre de la Division enseignement technique, à la Direction nationale de l’enseignement secondaire. De là, il entra au gouvernement du 26 août 1991 au 5 juin 1992.
En 1993, il renoua avec l’enseignement au CFP de Bamako. Et s’adonna à des analyses sociopolitiques dans plusieurs journaux privés. Tantôt polémiste, toujours virulent contre les tenants du pouvoir, il multiplia les pamphlets en tant que collaborateur permanent au journal « La Roue » du défunt doyen Boubacar Kéïta, réputé alors pour sa ligne éditoriale anticonformiste. Parallèlement à ses productions médiatiques, Sada Diarra s’activa intensément dans les mouvements associatifs : Secrétaire adjoint à la communication du Syndicat libre des Cadres ; président fondateur de l’Observatoire pour la Liberté de la Presse ; membre fondateur de l’Association pour le renforcement de la démocratie ; membre fondateur et président du Conseil d’administration du Groupe de recherches et d’application techniques) ; président de la Coalition malienne Jubilé 2000 pour l’annulation de la dette des pays du Tiers-Monde et, au milieu des années 2000, fondateur de l’Association des cadres occupant des logements administratifs.
Après cette expérience tumultueuse, Sada Diarra s’érigea en objecteur de conscience dans les rangs des intellectuels qui ont su passionnément utiliser les médias pour exprimer leurs prises de positions. Avec sa plume frondeuse, très engagé sur plusieurs fronts, il se décida finalement à lancer son propre journal le 26 septembre 2005 : La Nouvelle Roue, un bimensuel d’analyses et d’enquêtes s’inspirant de l’expérience de son ancien collaborateur, le regretté Boubacar Kéïta. Dans la trentaine de numéros qu’il a pu éditer, Sada Diarra a toujours consacré un espace d’hommage au promoteur de La Roue. Prônant l’humanisme, le patriotisme et la probité, Sada est demeuré ces derniers temps un intellectuel multi-acteur très critique sachant constamment s’appuyer sur les médias comme arme de combats.
Dors en paix, Monsieur le Ministre !
I. DOUMBIA
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