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Au Mali, la diplomatie française affiche un optimisme discutable
Publié le mercredi 14 septembre 2016  |  la-croix.com
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© aBamako.com par A S
Le Premier Ministre Modibo Keita à l`ambassade de France au Mali pour signe le livre de condoléances
Le Premier ministre malien, Modibo Keïta, a ouvert, vendredi à l’ambassade de France, un livre de condoléances pour exprimer la sympathie et la compassion du Mali à la France.
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Sur le départ, l’ambassadeur de France au Mali affirme que le terrorisme recule dans le pays et qu’il faut avoir confiance dans l’accord de paix. Un optimisme hélas démenti par les faits.
Patrouille de soldats français de l’opération Barkhane en mars 2016, au Mali. ZOOM
Patrouille de soldats français de l’opération Barkhane en mars 2016, au Mali. / Pascal Guyot/AFP

L’optimisme affiché de l’ambassadeur de France au Mali, Gilles Huberson, a de quoi surprendre. Au cours d’une conférence de presse donnée mardi 10 septembre à Bamako à l’occasion de son départ, le diplomate s’est félicité des avancées de la lutte antiterroriste dans le pays. « Indubitablement, le terrorisme recule au Mali », s’est-il félicité devant les journalistes.

Une vision partielle

S’il reconnaît cependant que les « attaques continuent », c’est pour ajouter aussitôt : « C’est facile de poser une mine, avec des « cibles molles » ». Entendez par « cibles molles », des cibles sans défense, comme une voiture ou une terrasse de café.

Pour autant, au Mali, les « terroristes » s’attaquent aussi de front à des camps tenus par l’armée malienne. Et le nombre de ces attaques, loin d’être en régression depuis la fin de l’opération Serval, ne cesse d’augmenter.

Pire, l’armée malienne, malgré l’opération européenne EUTM-Mali censée la moderniser depuis mars 2013, accumule les défaites et les coups durs.

> À lire aussi : 17 soldats maliens tués dans une attaque terroriste

Enfin, la menace qui pèse sur les soldats français de l’opération Barkhane ne se réduit pas aux mines. Leurs bases de Gao et de Tessalit sont aussi directement visées par de tirs de mortiers.

« Un ton un peu gendarme »

Lorsqu’on « lui rappelle que le processus de paix est quand même poussif », note un journaliste de RFI, Gilles Huberson « réagit avec un ton un peu gendarme ». Et de dire, agacé : « Donnez-moi un processus de paix plus rapide que celui-là. Citez-m’en un ! Vous aurez du mal. »

Il n’empêche. Le plan de paix entre les groupes armés touaregs et Bamako ne cesse de s’enliser, Kidal échappant toujours à l’autorité du gouvernement. Pire, les critiques en incompétence, en corruption et en inefficacité lancées contre les agents de l’État malien ne cessent de se multiplier dans les zones libérées par la France et rendues à Bamako.

Taisant ces aspects inquiétants, Gilles Huberson fait cette profession de foi : « J’ai confiance dans la mise en œuvre de l’accord de paix. Il faut avoir confiance. Ça va marcher. »

L’emprise des djihadistes

Trois ans après l’intervention française au Mali, les djihadistes n’ont plus le contrôle effectif de tout le nord du pays. Mais des zones échappent toujours aux forces armées. Les islamistes continuent de peser dans le nord du Mali – plus de manière frontale, il est vrai.

Ils font toujours régner la peur dans la région de Tombouctou, et leur base populaire dans la région de Gao n’est en rien tarie. Depuis 2015, ils frappent même de plus en plus loin de leur zone historique.

> À lire aussi : Afrique de l’Ouest, la contagion djihadiste

Multiplication des groupes armés

Non seulement les groupes armés hostiles à Bamako n’ont pas disparu du Mali, mais ils sont aujourd’hui plus nombreux. Parmi ces nouveaux groupes, l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice, créé en juin 2016.

Bamako doit faire face à un nouveau foyer de tension et de conflit, ce qui s’ajoute à la question touarègue et djihadiste : la question peule dans le centre du pays crée de nouvelles lignes de fracture dans un pays déjà extrêmement divisé et fragilisé.

Loin de l’optimisme affiché par le diplomate français – mais aussi par le chef de l’opération Barkhane, le général François-Xavier de Woillemont –, on est en train d’assister au réarmement des communautés dans le Sahel, au Mali et au Niger : après les Arabes et les Touaregs, au tour des Peuls et des Toubous de prendre la voie des armes et de l’autodéfense.

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