Le lundi 15 septembre 1965 fut une journée mémorable dans « la capitale des balanzans ». C’est dans la joie et l’allégresse que les populations de Ségou on accueilli le vice-Premier ministre du Conseil des Affaires d’Etat et ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, le maréchal Tchen Yi. Le dirigeant chinois avait entamé sa visite officielle deux jours plus tôt dans la capitale où il avait été reçu en audience par le président Modibo Keita au palais de Koulouba.
Pour sa visite à Ségou, le maréchal chinois était accompagné du ministre d’Etat Jean-Marie Koné, du ministre délégué à la présidence Ousmane Ba, du ministre de l’Information et du Tourisme Mamadou Gologo. « La ville de Ségou qui, à cette occasion, était richement pavoisée aux couleurs des deux pays, a réservé à la délégation chinoise un accueil fraternel et enthousiaste », écrivait l’envoyé spécial de L’Essor.
Après le cérémonial d’accueil, le député-maire de la ville, Dramane Coulibaly n° 1, a souhaité la bienvenue à l’illustre hôte et sa délégation, avant de souligner que cette visite « constitue la manifestation concrète de la solidarité afro-asiatique qui a pour tâche fondamentale la libération des peuples sous domination étrangère ». Dramane Coulibaly n° 1 a exprimé le soutien de notre pays à la Chine pour son adhésion à l’Organisation des Nations unies (ONU) et au Conseil de sécurité. « On ne peut arrêter le flot impétueux du Yang-Tsé Kiang avec la force du bras, de même on ne peut différer plus longtemps l’adhésion de la Chine à l’ONU », a plaidé le député-maire de Ségou.
Le leader politique régional se réjouira ensuite de l’implantation d’une sucrerie à Dougabougou grâce à la coopération chinoise qui intervenait aussi pour la réalisation du combinat textile (qui deviendra la COMATEX par la suite). Des techniciens chinois aidaient aussi pour la vulgarisation des techniques culturales comme le repiquage du riz.
Le maréchal Tchen Yi a pris la parole pour se réjouir du « sentiment profond d’amitié » dont il était entouré depuis son arrivée en terre malienne, avant de souligner la nécessaire solidarité des peuples des deux pays pour « liquider les forces colonialistes » et poser les jalons du développement national. « Des montagnes et des océans séparent le Mali et la Chine, mais cela ne peut entraver la solidarité anti-impérialiste et l’amitié fraternelle entre nos deux pays », a laissé entendre le vice-premier ministre du Conseil des Affaires d’Etat. Le maréchal Tchen Yi a ensuite salué l’hospitalité dont bénéficiaient les experts chinois qui intervenaient dans les champs de riz et de canne à sucre à l’Office du Niger.
Après l’étape de Ségou, le dirigeant chinois s’est rendu sur les terres de l’Office du Niger pour visiter le chantier de la sucrerie de Dougabougou. Une excursion dans les champs de canne à sucre a lui permis de mesurer la qualité du travail des experts de son pays. Le directeur général de l’Office du Niger a expliqué au maréchal chinois toute l’importance que revêt cette nouvelle sucrerie pour notre pays. « Le Mali libéré s’est engagé dans la voie de l’édification socialiste. C’est ainsi qu’il a été assigné à l’Office du Niger la tâche de diversifier sa production afin de satisfaire les besoins du pays en certaines denrées de première nécessité qui jusque là étaient entièrement importés tel que le sucre. »
Avant de prendre congé de ses hôtes de Dougabougou, le maréchal Tchen Yi a exprimé la satisfaction de la Chine d’aider un pays frère dans ses efforts d’édification d’une économie nationale.