L'Union Européenne lance un plan d'investissement pour l'Afrique afin de freiner l'immigration. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission Européenne a annoncé hier ce dispositif qui devrait permettre d’endiguer l' « exode massif » du continent et de contribuer à son développement. Mais selon les organisations de défense des immigrés, ce plan ne va pas résoudre la question de l'immigration. Selon elle, « il faut un dialogue direct avec les migrants eux-mêmes autour des vrais enjeux ».
Pour le président de la Commission de l'Union européenne, il s'agit d' « un plan ambitieux d'investissement pour l'Afrique et son voisinage, qui a le potentiel de lever 44 milliards d'euros d'investissement ». Il ajoute par ailleurs que « si les Etats membres de l’Union européenne y contribuaient, il pourrait monter jusqu’à 88 milliards d’euros ».
Il considère cette nouvelle aide comme, « cruciale à un moment où la croissance économique dans les pays en voie de développement est à son plus bas niveau depuis 2003 ». Selon la Commission, ces investissements pourraient profiter à des pays comme le Niger, le Sénégal, le Nigeria, le Mali, l’Éthiopie, la Tunisie et la Libye. Ce plan pour l’Afrique, fonctionnerait sur le même modèle que le fond d’investissement Juncker, lancé en 2015, destiné à stimuler l’économie en Europe.
Dans ce dispositif, les investisseurs privés et publics sont incités à injecter de l’argent dans différents projets, grâce à des garanties de crédit offertes par le budget de l’UE. Avec ce plan, il s’agit également d’obtenir des pays africains, qu’ils luttent davantage contre les passeurs et acceptent beaucoup plus de « réadmissions » de leurs ressortissants. Seulement 40 % des migrants irréguliers sommés par les Etats membres de l'UE de retourner dans leur pays d’origine, le font effectivement.
Les responsables de l’Association malienne des expulsés estiment que ce plan d’investissement ne peut pas lutter contre la migration. Selon son président, ce plan est une initiative de longue date. Pour lui, il faut une véritable discussion avec les migrants eux-mêmes.
Ousmane Diarra Président de l’Association malienne des expulsés :
« Le plan d’investissement de l’UE pour l’Afrique est une initiative de longue date. Je me rappelle, depuis l’accord de Cotonou et l’accord de Khartoum la discussion était en cours. Donc tout cela pour trouver le plan d’action d’investissement en Afrique pour mieux freiner l’immigration vers les pays de l’Europe. Lors du sommet de la Valette en 2015, la discussion était sur les cinq points. Les cinq points qui étaient à l’ordre du jour montreront directement que l’Europe ne veut plus la migration vers leur continent. C’est pour cela qu'il y a eu les accords de réadmission qui étaient en discussions. Tout cela était donc un débat européen et africain pour trouver une solution durable pour freiner la migration vers ces continents ».
Pensez-vous que ce plan d’investissement peut freiner l’immigration?
« Pas du tout ! Avant ce plan d’investissement en Afrique, l’Europe a initié beaucoup d’autres plans. Mais cette immigration ne peut pas être freinée. Parce que l’immigration n’a pas commencé aujourd’hui et ça ne va pas prendre fin aujourd’hui. Pour mieux gérer cette migration, il faut la participation des migrants eux-mêmes. Il faut de vrais dialogues ».