La ville de Gao est connue aussi sous le nom de la «Cité des Askia», donné en référence aux célèbres rois de la dynastie des Askia qui ont régné pendant des siècles dans le Songhoy. Ces illustres rois du Royaume ont construit une mosquée, un lieu de culte qui abritait aussi les tombeaux des différents rois qui se sont succédé.
La mosquée est un lieu de culte séculaire, puisque construite il y a plus de six (600) ans. Construite en terre cuite, la mosquée des Askia a résisté à tous les assauts, aux intempéries. Elle est aujourd’hui un patrimoine historique qui fait la fierté des habitants en particulier et de toute la communauté songhoy en général. Certes, elle a résisté aux soubresauts divers, mais la menace la plus pressante et la plus grave¸ de ce temps moderne a été sans conteste l’occupation de la ville par les djihadistes qui ont séjourné dans la ville pendant neuf mois.
Ces hommes armés, islamistes extrémistes ont décidé de mettre à plat l’histoire des musulmans de la zone occupée en s’adonnant à des actes les plus odieux comme la destruction de certains sanctuaires, de certains édifices et autres édifices de référence islamiques. Les hérétiques ont visé la mosquée des Askia et ce qu’elle recouvre ; les tombeaux des Askia. Ils ont commencé par la ville de Tombouctou où ils ont détruit de nombreux lieux saints.
Les populations de Gao averties de cette folie destructrice des ex maitres du Nord Mali se sont aussitôt érigées en remparts. Une brigade de vigilance est rapidement mise en place avec les jeunes à l’avant-garde. Elle a pour rôle de protéger, entre autres, cet héritage historique de l’entreprise criminelle des envahisseurs. De nuit comme de jour, les lieux sont gardés pas des jeunes encadrés par des personnes âgées. Neuf (9) mois de veille, neuf mois d’endurance qui ont payé. La mosquée est encore débout, les djihadistes sont dehors, chassés par les frappes des français et traqués par les soldats nigériens et maliens qui assurent désormais la sécurité de la ville.
Le maire de Gao est aux anges, lui qui avait pour seul souci la sauvegarde des acquis de sa commune et des zones sous occupation. M. Sadou Harouna Diallo salue l’initiative des populations et se réjouit de la bravoure et du courage de la jeunesse de Gao. Sans elles les tombeaux seraient certainement profanés, la mosquée serait probablement détruite sous des prétextes fallacieux par les soi-disant défenseurs de la religion. «C’est grâce à ce courage, à cette détermination de la jeunesse de Gao que ce patrimoine est sauvé» affirme le maire. Selon les témoins, les djihadistes ont tenté à plusieurs reprises d’accéder à la mosquée mais les habitants se sont farouchement opposés.
A chaque fois qu’ils faisaient irruption «la population leur répond que pour détruire cette mosquée ou ce qui s’y trouve, il va leur falloir marcher sur les cadavres de tous les habitants de Gao », confie le maire. En nous accompagnant dans l’enceinte, après l’autorisation requise, un des jeunes gardiens des lieux, M. Midou Maiga, nous réaffirme sa détermination à sauvegarder ce patrimoine. «La mosquée et les tombeaux des Askia ont existé, ils existent encore et nous sommes prêts à donner notre sang et même nos vies pour les protéger». Midou Maiga arborait encore fièrement son macaron de la brigade de vigilance comme beaucoup d’autres jeunes de Gao.
En quittant les lieux, le maire salue à nouveau ces gardiens de l’histoire, le cœur net et rempli de joie de voir que ce monument d’une valeur inestimable est enfin sauvé.