Même si la justice ne s’est pas encore prononcée sur les chefs d’inculpation retenues à son encontre, le jeune humoriste Youssouf Kéita dit « Petit Guimba » est placé sous mandat de dépôt depuis ce 13 septembre à la prison centrale de Bamako pour un procès prévu le 6 octobre.
En attendant ce délai, on en sait plus ou moins sur ce qui pourrait être le sort du prévenu à l’issue de ce procès du 6 octobre. Ce, au regard de la qualification des faits par le code pénal malien.
Les faits d’abord ! Dans la nuit du 9 au 10 septembre, Petit Guimba est copieusement lynché par une foule à Baco-Djicoroni ACI devant « Le Paradyse », un établissement de commerce appartenant à Hassan Hawil. Hassan Hawil est le principal plaignant dans cette affaire et cette nuit du 9 septembre, son frère venait d’être délibérément renversé par le jeune comédien Youssouf Kéita.
Selon Hassan Hawil, s’expliquant sur la question sur plusieurs médias, tout commence à Baco-Djicoroni Golf quand il sortait d’un carrefour avec son épouse et coïncidé avec le passage de Petit Guimba : « Un peu plus loin, je me suis arrêté pour prendre à manger. C’est dans ce restaurant que j’ai aperçu que Petit Guimba m’a suivi. Il est descendu de sa voiture et s’est dirigé vers moi avec son petit-frère dans ce restaurant et a commencé à m’injurier, il a insulté mon père et ma mère. J’ai gardé mon calme et je n’ai pas prêté attention à ses injures et invectives. J’ai regagné ma voiture mais il a continué à me suivre et s’est mis à taper ma voiture jusqu’à ce que des personnes viennent intervenir », raconte Hassan.
Et de poursuivre sur d’autres canaux : « Chacun de nous a pris son chemin et moi je suis parti au Paradyse. Arrivé, j’ai exposé le problème à mon grand-frère. Même pas une demi-heure, Petit Guimba a fait irruption dans mon établissement, mon grand-frère vient le voir pour essayer de savoir ce qu’il veut et si possible discuter avec lui, un autre frère puis mon père et un groupe de personnes qui voulaient savoir ce qui se passe. Ils ont réussi à mettre Petit Guimba dans sa voiture et on avait pensé que c’était fini puisqu’il avait démarré sa voiture mais non, il a fait marche arrière et pris un élan puis a foncé sur mon frère et mon père. Il a coincé mon frère sous la voiture et a fait des va-et-vient pendant que mon frère était sous la voiture. On a intervenu aussitôt en le bastonnant pour pouvoir arrêter ses mauvaises manœuvres et sortir mon frère de là en soulevant la voiture ».
Une histoire de femme est à l’origine de ce conflit. Mme Zahara Haïdara, l’épouse légale d’Hassan Hawil depuis un an, est l’ex de l’humoriste Youssouf Kéita. Et ce dernier avait encore de la peine à renoncer à cette beauté rare (bien voir photo).
Ce que risque « Petit Guimba »
L’article 207 du code pénal est clair : « Tout individu qui, volontairement, aura porté des coups ou fait des blessures ou commis toute autre violence ou voie de fait, s’il est résulté de ces sortes violences une maladie ou incapacité de travail personnelle pendant plus de vingt jours, sera puni d’un emprisonnement de un à cinq ans et d’une amende de 20 000 à 200 000 francs d’amende et de un à dix ans d’interdiction de séjour ».
S’il y a eu préméditation ou guet-apens, indique-t-on dans le même article 207, la peine sera de cinq à dix ans de réclusion quand les violences, blessures ou coups auront été suivis de mutilation, amputation, privation de l’usage d’un membre ou d’un sens, cécité, perte d’un œil et autres infirmités ou maladies, la peine sera de cinq à dix ans de réclusion.
S’il y a eu préméditation ou guet-apens, toujours selon l’article 207 du code pénal, la peine sera de cinq à vingt ans de réclusion lorsque les coups, blessures ou violences ci-dessus spécifiés, l’auront été par le coupable à l’occasion ou l’exercice de sa profession, il sera en prononcé en outre, une suspension de cinq ans au moins et de dix ans au plus de l’exercice de cette profession. Dans les cas prévus aux alinéas 2, 3 et 4, l’interdiction de séjour de un à dix ans pourra être prononcée.
Le frère du libano-malien Hassan Hawil a été sérieusement touché et a dû subir des interventions chirurgicales à la Clinique Pasteur. Le jeune homme renversé par Youssouf Kéita est âgé de 25 ans, père de deux enfants. Son épouse est enceinte d’un troisième enfant.
Une mauvaise réputation
Visiblement le jeune humoriste ne bénéficie d’aucun soutien dans cette affaire, plus précisément dans son voisinage au quartier Baco-Djicoroni où l’on est encore dans l’euphorie d’une double fêtes : Tabaski et incarcération de « Petit Guimba ».
Alcool, filles, injures publiques à longueur de journée, le comportement « insolent » de la bande à « Petit Guimba » dans le quartier avait fait l’objet de plusieurs plaintes de voisins au commissariat du 15e arrondissement. Le verbe facile, Youssouf Kéita avait toujours eu la chance de s’en sortir.
En mai dernier à la Cité administrative avait poussé l’outrecuidance jusqu’à porter le premier la main sur un élément des forces de sécurité. Après quelques heures passées en garde-à-vue à la brigade de gendarmerie de Bamako-Coura, l’affaire a été classée sans suite alors que l’agent de sécurité agressé s’en sortait avec un bras enflé suite à l’altercation. Ce qui laissait croire que l’attitude de « Petit Guimba » a été encouragée par les autorités maliennes.
Aussi, avant cet acte ignoble à la Cité administrative, le jeune humoriste avait jeté des billets de banque sur un piéton qu’il venait de renverser dans le quartier de Tomikorobougou. La famille de la victime qui avait au début porté plainte a fini par la retirer. Et cette affaire était aussi classée.
En attendant le 6 octobre, voire après son procès, des locataires de la prison de Bamako vont certainement bénéficier de ses prestations gratuites pour un bon moment.