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CableGate ou les murmures de l’Oncle SAM : Dans leur lutte contre l’extrémisme religieux, Les Etats-Unis courtisent Cherif Ousmane Madani Haïdara
Publié le lundi 19 septembre 2016  |  Infosept
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© aBamako.com par FS
Atelier de validation du rapport sur l`employabilité des diplômés et formés en langue arabe
Le CICB a abrité le Jeudi 27 Août 2015, l`Atelier de validation du rapport sur l`employabilité des diplômés et formés en langue arabe. Photo: Ousmane Chérif Madane Haidara
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Le Maouloud est une importante fête religieuse au Mali. C’est l’occasion durant laquelle les musulmans fêtent l’anniversaire de la naissance du Prophète Mohamed (PSL). Le 15 mars 2009, le stade Modibo Keita reconnu comme étant l’un des plus grands stades de renommée de Bamako et ayant une capacité de 25000 places, a accueilli une foule de 35000 à 40000 personnes. Le stade était plein à craquer, certains occupèrent la colline voisine. L’évènement qui s’y tenait était organisé par Cherif Ousmane Madani Haïdara, le guide spirituel du mouvement Ansar Dine au Mali, et le vice-président du Haut Conseil Islamique du Mali (HCIM). Il est l’un des leaders musulmans les plus influents du pays. Il attire régulièrement une foule de plusieurs dizaines de milliers d’adeptes. Il est connu pour son soutien à la démocratie et sa lutte contre la corruption.

Haïdara est devenu populaire dans les années 1980 quand il dénonçait ouvertement la dictature militaire de Moussa Traoré. Il a été l’un des premiers maliens à appeler publiquement Traoré à instituer des réformes démocratiques. Traoré a riposté en interdisant à Haïdara tout prêche dans les mosquées. Il a aussi interdit toute intervention à la radio et à la télévision nationale. Ces mesures rendirent Haïdara encore plus populaire.

Pour contourner les censures, ses partisans véhiculaient ses sermons et discours par le biais de cassettes piratées. L’utilisation des cassettes aida à la propagation du message de Haïdara à travers le Mali et la diaspora malienne. Ce fut aussi le début d’un nouvel islam populaire, distinct de celui représenté par les leaders traditionnels. Bien que Haïdara fût libre de s’exprimer depuis la transition démocratique de 1991-1992, la lutte contre la corruption et les réformes démocratiques demeurent les éléments clés de son message. Un autre aspect important de sa philosophie est qu’il pense que les musulmans africains peuvent prier dans les langues locales.

Depuis 2003, Haïdara organise un événement annuel commémorant le Maouloud. Selon lui, des représentants de 22 pays à travers l’Europe, l’Afrique et les Amériques, étaient présents à la célébration de 2009. L’ambassade Américaine était la seule mission diplomatique à Bamako qui ait accepté son invitation d’assister à sa célébration de Maouloud. Il en était ravi.

Il a publiquement remercié les États-Unis pour leur soutien face à leurs efforts envers la communauté musulmane du Mali et a suscité un rugissement de la foule quand il a révélé avoir jeté un bulletin de vote fictif pour le président Obama en 2008. Haïdara possède une mémoire remarquable. Il se souvint d’un programme de l’USAID il y a plusieurs années, qui consistait à fournir des livres aux madrasas maliens à travers le ministère de l’éducation. En 2002 les américains avaient fait un don de 80 ventilateurs pour la célèbre mosquée de Djenné et financer le projet de préservation des anciens manuscrits islamiques à Djenné et à Tombouctou. Haïdara a remercié les États-Unis pour leur soutien et leurs efforts visant à préserver le patrimoine islamique du Mali.

Il a aussi remercié l’ambassade pour avoir donné des ordinateurs et autres équipements au HCIM. La plupart du sermon de Haïdara était consacré sur la lutte contre la corruption, la responsabilité du gouvernement et le développement personnel. Il a critiqué la corruption du gouvernement malien et a dénoncé l’impunité du système judiciaire qui selon lui est inefficace et corrompu. Haïdara était spécialement préoccupé par l’incompétence du Bureau du Vérificateur General qui publie plusieurs rapports annuels sur l’ampleur de la corruption au Mali, mais a été incapable d’ouvrir des poursuites judiciaires sérieuses. Haïdara soutient que rien ne peut être fait pour remédier à la corruption au Mali tant que les maliens ne changent pas leur comportement individuel.

Depuis environ 2005, l’ambassade américaine tente de se rapprocher de Haïdara. Il fut invité à plusieurs reprises à visiter les Etats-Unis et à participer aux événements de l’ambassade. Deux fois de suite, Haïdara annula son voyage à la dernière minute. La raison de ces annulations resta un mystère jusqu’en juin 2008, quand il confia à un diplomate qu’il avait une grande phobie de l’avion.

Haïdara a ses détracteurs. D’autres leaders musulmans, moins populaires, désapprouvent sa position sur la prière en langues locales. Ils désapprouvent aussi son utilisation des médias pour propager son message. Ils ne peuvent, cependant pas nier le fait qu’il est l’un des plus influents leaders musulmans du pays et probablement l’imam le plus reconnu au Mali.

Selon, Gillian Milovanovic, ambassadrice des Etats-Unis au Mali entre 2008 et 2011, leur mission de sensibilisation auprès des communautés musulmanes a donné des résultats positifs. Cette mission est composée de plusieurs programmes : le programme de Visiteurs Internationaux, le Fond de Préservation Culturelle et le Programme de Lutte Anti-terroriste Transsaharienne. Plusieurs localités reçoivent aussi des équipements de radiodiffusion de la Voix de l’Amérique (VOA). D’après Milovanovic, une coopération étroite avec les leaders musulmans est importante, elle permet de tisser des relations personnelles qui peuvent être utiles. Le simple fait d’être présent aux grandes fêtes musulmanes démontre, selon elle, le respect du gouvernement américain envers l’islam.

Avec leur mission de sensibilisation, les américains espèrent convaincre les maliens que les États-Unis ne sont pas islamophobes et que les maliens doivent continuer à rejeter l’extrémisme religieux. Pour atteindre ce but, ils n’hésitent pas à utiliser tous les moyens à leur disposition.

Amadou O. Wane
Collaborateur externe,
Floride, Etats-Unis
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