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Effritement de l’autorité de l’état : Les vérités du Président Younous Hamèye Dicko du RDS
Publié le lundi 19 septembre 2016  |  Le Pouce
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© aBamako.com par A.S
Dans le cadre des concertations avec les forces vives de la Nation, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a rencontré hier à Koulouba les responsables des partis de la majorité présidentielle.
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Le Mali notre pays vit une crise de société depuis des décennies marquée par l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat. Les raisons de cette situation sont multiples et variées. Sur le sujet, nous avons approché le professeur Younous Hamèye Dicko, Président du Rassemblement pour le Développement et la Solidarité(RDS). Dans cet entretien/analyse, il insiste sur la refondation de l’outil de défense pour que l’Etat se fasse respecter.
« C’est une question difficile. Je voudrai surtout dire quelques généralités avant de passer à la question qui nous concerne directement, pour que notre démarche soit scientifique et faire en sorte que personne ne doit se sentir concerner sauf la scientifique et l’étude. C’est ça notre travail. L’autorité qu’elle soit de l’Etat ou de quoi que ce soit, c’est le pouvoir. Et le pouvoir est basé sur trois principes. Le premier, c’est le pouvoir de commander. Le second, c’est le pouvoir de décider. Et enfin c’est avoir le pouvoir de se faire obéir. C’est ça l’autorité et c’est ça aussi le pouvoir. Tout ce qui touche à ses principes affaiblit l’Etat.
Notre Etat ou tout autre Etat peut commander et peut décider à partir du bureau. Mais se faire obéir est une autre histoire. Et c’est justement là qu’on met le doigt sur la faiblesse de l’autorité de l’Etat. Je vais donner quelques dates. En 2006, suite aux premiers accords d’Alger, l’Etat s’est dégagé du nord. Tous les postes d’avant-garde, les postes de sécurité ont été vidés des hommes qui les tenaient.
L’Eta a laissé la place à tous les types d’aventuriers qui pouvaient s’installer méthodiquement, sans risque et avec impunité. Ces gens y étaient déjà. Mais quand on a retiré toutes les forces qui étaient dans la zone, c’était le gâteau offert à l’ennemi. On verra se développer dans la zone le groupe salafiste pour la prédication et le combat. On verra aussi AQMI, Ançardine et le MUJIAO se développer dans la zone.
Par la suite, on verra le MNLA se développer dans la zone. Ces mouvements font de l’osmose entre eux. Tantôt ils sont dans un camp ou l’autre. Ils sont toujours dans le camp gagnant, ils vident toujours le camp perdant. C’est dans cette condition que la zone est devenue la zone de tous les abus, de tous les calculs. Et petit à petit, ces gens se mettent en guerre contre la nation malienne. Ils voulaient détacher cette zone pour en faire un pays.
En 2012, c’était Aguel Hoc, qui a sonné le départ de l’armée de la zone avec tous les crimes qui ont eu lieu et la débandade généralisée de nos troupes. Ensuite, au fur et à mesure vous avez constaté la déliquescence de l’Etat de ses forces armées, de ses forces de sécurité et de sa société civile. Ceci dit, le désastre de 2012 ne s’est pas arrêté. Les djihadistes ont pris tout le pays jusqu’à konna.
Ensuite quand un pouvoir a été mis en place grâce à l’opiniâtreté de notre peuple et du coup de main de la communauté internationale, nous croyions partir sur de nouvelles bases. Mais le désastre de mai 2014 à Kidal a freiné cette relance.et ça continue. Nampala l’autre jour. Hier la commune IV. Donc pour vous dire la concomitance entre nos problèmes et le désastre que notre armée a connu.
Dans tous les pays du monde, l’autorité de l’Etat c’est de se faire obéir. Et personne ne peut se faire obéir et aucun pays ne peut se faire obéir si ses forces de sécurité n’existent pas. Sans la présence de ces forces, vous ne pouvez pas réagir. C’est le cas dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. La première chose à faire dans le pays, c’est de restaurer les forces armées et de sécurité.
Le premier pouvoir qui se faisait respecter c’est celle de Modibo Keïta. En ce moment, il n’y avait pas la démocratie au sens ordinaire du terme. Il n’y avait pas le multipartisme. Il se trouvait que c’est le parti de l’indépendance qui est venu au pouvoir avec les aspirations du peuple. Les gens pensent que leur problème était déjà pris en compte, ils ne posaient pas de question. Si l’autorité dit levez-vous pour aller à Kidal, les gens seraient prêts pour se lever comme un seul homme pour y aller même à pied.
Mais d’abord avec le coup d’Etat militaire, l’armée s’est affaiblie parce que ses meilleurs éléments voulaient être ministres, ambassadeurs pour jouir. En ce moment, il n’y a plus d’armée. Depuis ce moment, cette situation avait affaiblit l’autorité de l’Etat. Sinon qui est fou pour envahir le Mali à cette époque-là. Il a fallu l’arrivée de l’autorité militaire pour que le Burkina pense qu’il pouvait occuper une partie du territoire Malien sous Moussa. Si Sankara l’avait fait, c’est parce qu’il pensait qu’on était affaibli. La révolution des palais entre les militaires affaiblissait aussi le système militaire. L’armée ne vit plus comme une armée.
L’armée ne vit plus comme une force politique qui pour le pouvoir. Même les préparatifs militaires ne sont plus vus. Je n’entends plus les jeunes parler du parcours du combattant. Même en Europe, le parcours du combattant est dans le cœur des débats. C’est dire que l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat c’est l’affaiblissement de son système de défense. On ne peut pas se faire obéir si on n’a pas l’instrument qui fait qu’on vous obéit.
Je crois qu’Obama a raison en disant que l’Afrique n’a besoin d’hommes fort, mais qu’elle avait plutôt besoin d’institutions fortes. La première d’une nation c’est son armée, sa défense. Dès que cette armée ne remporte plus de victoire, ça va de soi que les gens perdent confiance en elle. Depuis 2006, tous les chocs sont des défaites pour nous. Comment voulez que les peuples qui ont d’habitude d’être commandé vous obéissent désormais dans ces conditions. Ce peuple voit en l’Etat qu’il ne peut pas faire régner la justice encore moins la sécurité.
Ce qui s’est passé en commune IV est éloquent pour l’autorité de l’Etat. Vouloir faire rendre gorge à l’Etat est très grave. Les choses sont très claires. L’affaiblissement de l’autorité de l’Etat vient du fait que l’Etat ne peut plus se faire obéir. Tout simplement parce que notre Etat n’a pas d’armée pour se faire obéir. Au jugement du général Moussa Traoré, on a posé la question de savoir qui a donné l’ordre de tirer. Quand vous dites cela aux militaires comment voulez qu’ils tirent encore. C’est bon que justice soit rendue mais il ne faut pas s’attaquer à l’outil de défense.
C’est un instrument intact au service de tous les régimes qui gouvernent au nom du peuple. Il faut une nouvelle politique pour leur faire comprendre que c’est comme çà qu’il faut faire. Il y a aussi la présence des organisations caritatives de défense des droits de l’homme auxquelles nos forces de défense et de sécurité ne sont pas s’adaptées. En ce moment le recours aux balles ne doit toujours pas être toujours nécessaire. Tous ces éléments indiquent la faiblesse de l’Etat.
L’autre instrument c’est la justice. La justice n’est pas juste au Mali. Il faut une justice qui instruit le respect, parce que son glaive ne doit tomber que sur ceux qui sont réellement fautif. La loi et justice doivent être là pour tous .C’est en ce moment que l’Etat pourra se faire obéir. Tout ça n’est pas une histoire politique, mais c’est une histoire matérielle. Si vous n’avez pas d’armée, vous ne fonctionner pas. Ces facteurs sont réels et ne visent pas tel ou tel homme politique. Tous les hommes seront visés de la même manière. Nos forces armées et notre justice doivent être reprises en main et réorganisées. En ce qui concerne l’armée, elle doit être entrainée. Dans la situation actuelle, on n’a pas le choix ».
Entretien réalisé par Jean Goïta
Source: Le Pouce
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