L’un des objectifs du plan d’actions national pour la mise en oeuvre de la Résolution 1325 de l’ONU est de renforcer le rôle et la participation des femmes et des jeunes affectés par le conflit dans le programme de relèvement économique. Dans ce cadre, le département en charge de la promotion de la femme a initié plusieurs projets qui participent de l’autonomisation de la Malienne. Il s’agit du projet « WISE » (Femmes investissant dans les environnements plus sécurisés) lancé à Tombouctou et financé par l’USAID à hauteur de 99 millions Fcfa. Ce projet s’attache à soutenir les femmes et les filles dans la réalisation d’un futur pacifique et productif. Il contribue efficacement à résoudre définitivement la crise. Il intervient dans quatre Cercles : Gourma Rarhouss, Diré, Goundam et Bourem. Le projet « Promouvoir la résilience, l’autonomie et la cohésion sociale et la cohésion entre communautés hôtes et populations déplacées, particulièrement les femmes et les filles au Mali » est financé par la République fédérale d’Allemagne pour un montant de 984 millions Fcfa, explique Amadou Yaya Diallo, conseiller technique au ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Les régions de Sikasso, Mopti, Gao sont concernées par le projet. Il prendra en charge plus de 8200 femmes et enfants dans les domaines de l’autonomisation et de la prévention contre les violences basées sur le genre (VBG). Dans la Région de Mopti, le projet « Appui à la promotion des femmes engagées dans le commerce transfrontalier et transrégional sur « la route du Poisson » (Mopti-Sévaré-Bandiagara-Bankass-Koro, frontière du Burkina Faso » est un bel exemple de réussite. Il s’inscrit en parfaite ligne de l’axe IV du plan d’actions national pour la mise en oeuvre de la R1325. Démarré en 2013, le projet contribuera à l’autonomisation économique des femmes et leur protection contre les violences basées sur le genre. Il est financé par le Fonds Nepad/ Espagne pour l’autonomisation des femmes africaines. Il est piloté par le Groupe d’animation action au Sahel-Mali (GAAS-Mali) avec le concours du ministère de la Promotion, de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. Commerçante, depuis plus de 20 ans, Mme Oueleguem Aïssata Bannian a bénéficié de l’appui du Fonds Nepad/ Espagne pour l’autonomisation des femmes africaines, à travers l’association «Bendougou de Bandiagara». Veuve et mère de 6 enfants, elle est installée à Bandiagara. Elle emprunte l’itinéraire Bandiagara, Koro-Ouagadoudou-Ghana pour vendre des ustensiles de cuisine en aluminium. Le projet a été d’un grand apport pour elle. « Auparavant, je n’avais pas accès au crédit bancaire. Actuellement grâce au fonds de garantie (4,5 millions de Fcfa) déposé par GAAS-Mali, je bénéficie de prêts pour pratiquer des activités génératrices de revenus », a- t-elle confié. Notre interlocutrice estime que cet appui lui a permis d’avoir une meilleure connaissance des produits d’importation et d’exportation, mais aussi de l’environnement juridique des affaires. «Grâce au projet, mes revenus ont augmenté. Je suis autonome et je parviens à subvenir aux besoins de ma famille. Actuellement je vole de mes propres ailes sans l’appui du projet», se réjouit-elle. L’association « Bendougou de Bandiagara » a organisé une foire – exposition dans le Cercle, participé à la foire-exposition du festival sur le Niger, à la Journée des femmes rurales. L’association a reçu un diplôme du mérite décerné par le ministère de la Promotion de la Femme et de l’Enfant. Mme Dougnon Hawa Ouédraogo est la présidente de l’association « Dembaniouman de Koro. » Tout comme Mme Oueleguem, elle aussi a reçu un appui financier du projet «Appui à la promotion des femmes engagées…. » Avant de découvrir le projet, Hawa vendait des petits condiments au marché de Koro. «Mère de cinq enfants, mes revenus ne suffisaient pas à couvrir les frais de scolarité, d’habillement, de soins. J’étais endettée tout le temps. Mon fonds de commerce ne dépassait pas 150.000 Fcfa », se rappelle-t-elle. Présentement avec le concours du projet, qui a regroupé les femmes en association, Mme Dougnon Hawa Ouédraogo pratique l’embouche, le commerce des chèvres et des moutons. Notre commerçante importe des races de moutons du Tchad qu’elle revend au Mali. Les produits de l’embouche sont vendus au Togo. Souvent les marchands d’animaux viennent les chercher sur place. Aujourd’hui, Mme Dougnon dispose d’un fonds de roulement de plus de 2 millions de Fcfa. Elle possède un carnet d’adresses très riche, qui lui facilite la tâche. Mme Dolo Djenèba Ouédraogo est membre de l’association « Dembayouma ». Cette mère de 5 enfants ne se plaint pas du tout. Elle est vendeuse de céréales à Koro. Avant, Djenèba ne savait pas comment fructifier ses revenus. Les nombreuses sessions de formation de l’ONG GAAS Mali lui apprendront à maîtriser le circuit du commerce céréalier jusqu’au-delà des frontières du Mali. Elle achète les céréales (mil, maïs, fonio), l’arachide et le haricot au moment opportun. Elle les revend sur les marchés burkinabè. Au retour, Djènèba achète les tissus, la pomme de terre et les légumes du Burkina Faso pour les revendre à Koro. Ce commerce a été bénéfique, car son fonds de roulement est passé de 300.000 Fcfa à 1,5 million Fcfa. Le seul point de friction est que toutes ces commerçantes sont confrontées aux tracasseries routières. A chaque poste de contrôle, elles sont obligées de payer des pots-de-vin, que leurs marchandises soient en règle ou pas, révèle Bannian Ouleguem. En plus, le trajet Ouagadougou-Ghana est très pénible pour les femmes. Souvent elles voyagent arrêtées. C. D.