La CMA aux abois en appelle à la médiation internationale
L’ultimatum des communautés Imghad et sympathisantes à l’endroit des Ifoghas de la CMA ayant expiré, le GATIA et alliés sont donc passés à l’action samedi dernier plus précisément à In Tachdaïte à environ 80 km de Kidal. Même s’il est encore trop tôt de livrer un bilan exhaustif (le siège continue), l’on est en droit de parler d’une véritable raclée administrée à la CMA au regard des dizaines de morts et blessés dans ses rangs et du butin de guerre récupéré par Elhadj Gamou et ses hommes : plus de dix (10) Pick-up surmontés de mitrailleuses 12/7, deux (02) camions remplis de BM21, un canon 106 mm… Une lourde défaite qui contrait la CMA à solliciter l’aide de la Médiation Internationale (lire communiqué). Pendant ce temps à Bamako, les familles fondatrices ainsi que les religieux en l’occurrence le prêcheur Cherif Ousmane Madani Haïdara et l’Imam Mahamoud Dicko s’efforcent de faire valider un document de conciliation entre les deux parties. Document devant être parapher à Kidal par tous les protagonistes à condition, bien entendu que les armes se taisent. Mais la PLATEFORME semble bien dans une autre logique. Et quelle logique !
In Tachdaïte (en Tamasheq «zone du palmier») est une oasis située à un peu moins d’une centaine de kilomètres de Kidal. Jusqu’au samedi dernier, il constituait l’une des plus importantes bases militaires du MNLA. C’est d’ici que les jihadistes du groupe ançar-dine sont venus en renfort à ceux du MNLA dans leur assaut contre les FAMAS à la suite de la visite du premier Ministre Moussa Mara à Kidal. C’est dire qu’il s’agit d’une base stratégique et par conséquent bien protégée. Mais pas suffisamment contre l’assaut de la PLATEFORME laquelle, faut-il le rappeler a bénéficié d’un soutien de taille.
Le «Mouvement pour le salut de l’Azawad» rejoint la Plateforme
Il s’agit de l’adhésion de Moussa Ag Acharatoumane et Assalat Ag Habi, deux ex-principales figures de proue du MNLA ayant décidé de créer leur propre groupe armé dénommé «Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA)». Ils ont rejoint la Plateforme avec armes et bagages (400 pick-ups et des armes lourdes) à la fin du mois d’août dernier. La même période a été marquée par d’autres défections des rangs des sécessionnistes au profit des unionistes. Plusieurs chefs de tribus, las des exactions commises par les Ifoghas ont, eux aussi, décidé de faire cause commune avec la Plateforme. Il s’agit, entre autres d’Abdoul Majid Ag Mohamed Ahmad dit Nasser, chef de la tribu Kel-Antessar ainsi que du chef des tribus des Chamanamas, des Dawsahak.
Pour tout dire, la nouvelle coalition est composée, outre de la communauté des Imghad et sympathisants, mais aussi de nombreux ex-officiers supérieurs de l’armée malienne originaires des régions de Menaka, de Gao et de Tombouctou ayant, en 2011, rejoint les rangs du MNLA en 2011. C’est bien cette nouvelle force qui a pris d’assaut la base militaire d’In Tachdaïte.
Et en croire nos sources, In Tachdaïte n’est qu’une étape. L’objectif restant la libération totale de Kidal sous le joug des Ifoghas.
Sentant certainement la fin proche, ceux de la CMA ont publié un communiqué appelant visiblement la communauté internationale à l’aide (lire communiqué). Mais aux dernières nouvelles, la Plateforme maintient l’étau autour de Kidal.
Mahamoud Dicko, Cherif Ousmane Madani Haïdara et les membres des familles fondatrices de Bamako tentent d’éviter le pire
Une, ou du moins, plusieurs rencontres pour le moins discrètes se sont tenues dans la seule journée du Samedi 27 aout 2016 aux environs de 16 heures au domicile d’un des leaders religieux de la capitale. Les médiateurs officieux, puisqu’il faut les appeler ainsi, ont écouté les principaux protagonistes de la crise. Il s’agirait d’El HADJ Gamou, d’un représentant de Bilal Ag Cherif Gabass de la CMA et d’El Gabas de la tribu des Kel-Antassar.
Afin de ne pas susciter un malaise entre les appelés, les médiateurs les ont écoutés séparément. Il nous revient que toutes parties ont déploré la faiblesse notoire de l’Etat dans le conflit en cours. C’est, ont-il, dit, parce que les autorités du pays ont failli que les autres tribus et chefferies ne prenant pas part au conflit ont finalement pris l’initiative d’y adhérer.
Pour leur part, les médiateurs les ont exhortés à épargner les vies et arrêter les hostilités. Les parties ont théoriquement accepté le principe. Mais sur le terrain, c’est une toute autre paire de manches.
A l’issue des différentes rencontres à Bamako, un document a été produit. Il est intitulé «Synthèse des résultats des travaux du processus de médiation des leaders religieux et coutumiers entre les parties prenantes de l’imbroglio de Kidal».
Parmi les points saillants discutés et théoriquement approuvés, on note ceci :
La cessation sans délai des hostilités
Le respect d’un cessez-le-feu et sa consolidation par la communauté internationale pour permettre à tous de célébrer la fête de Tabaski à Kidal.
Organiser une rencontre avec les parties de préférence à Kidal sous l’égide des leaders religieux et des autorités traditionnelles et coutumières pour préparer et sceller un pacte d’honneur entre les protagonistes pour un retour de la confiance et de la paix à Kidal
La reprise des initiatives par l’Etat en toute impartialité
La mise en œuvre des dispositions, de toutes les dispositions de l’Accord dans la bonne foi par les parties signataires en conflit
L’implication de la société civile à travers à travers les leaders religieux, les autorités traditionnelles et coutumières à tous les niveaux en vue de leur appropriation des dispositions de l’accord…
Ces points, faut-il le rappeler ont certes fait l’objet d’un accord de principe. Mais au regard de la reprise des hostilités samedi dernier, l’on se pose des questions. Aux dernières nouvelles l’un des médiateurs, à savoir Ousmane Cherif Haïdara après le constat de l’échec du projet de célébration de la fête à Kidal, s’est finalement rendu chez lui à Tamani et entamé d’autres activités de cultes (ZIHARA).
L’accord obtenu par les leaders religieux et coutumiers n’en est pas pour le moins caduc. Ses initiateurs ne désespèrent nullement et s’engagent dès cette semaine à le ramener au goût du jour et éviter le pire à Kidal.
Force est cependant d’admettre que le rapport des forces a désormais changé sur le terrain où c’est le GATIA et alliés qui contrôlent la situation et désormais en mesure d’imposer la paix aux Ifoghas. Lâcheront-ils prise ? Ce, d’autant qu’une guerre se gagne sur le terrain et non dans les salons feutrés.
On notera, dans cet imbroglio, l’absence totale de l’Etat. A la rencontre du samedi 27 aout 2016, n’était en effet présent aucun représentant de l’Etat. Le médiateur officiel (Diagouraga) dut se contenter d’un compte-rendu. Piètre consolation !
A suivre !
B.S. Diarra α Bamana
COORDINATION DES MOUVEMENTS DE L’AZAWAD – CMA.
COMMUNIQUÉ N°11/CMA/2016.
La Coordination des Mouvements de L’AZAWAD informe l’opinion nationale et internationale que le GATIA groupe membre de la Plateforme a lancé ce vendredi 16 Septembre 2016 une attaque sur un poste de la CMA sis à Intachdayte (85 Km Nord-ouest de Kidal).
Il s’agit là d’une énième violation du cessez le feu et de l’accord de paix de la part de la Plateforme qui survient au moment où les parties devaient s’efforcer de maintenir le calme et s’interdir tout acte de provocation comme elles s’y étaient engagées devant l’équipe de la médiation internationale le 03 septembre 2016 à Bamako.
La Coordination des Mouvements Azawad appelle la Médiation internationale garante de l’Accord à prendre toutes ses responsabilités face à ses violations répétées et qui ont pour but d’empêcher la mise en œuvre de l’Accord.
La CMA prévient qu’elle ne peut demeurée indifférente à ces agressions des milices qui bénéficient des équipements et de la logistique de l’armée nationale du Mali.