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Insécurité dans le centre du Mali : La main invisible du « Diable »
Publié le mardi 20 septembre 2016  |  Le Tjikan
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© aBamako.com par Momo
Marche de la Comode
Bamako, le 03 octobre 2015 la Comade a marché pour dénoncer la partialité de la Minusma et Barkhane
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Après la publication de notre article, titré « Rébellion Peulh et Touarègue et Mouvement djihadiste dans le centre du Mali : Du même au pareil », le vendredi 09 septembre dernier, l’ancien président de l’Assemblée nationale, le professeur Aly Nouhoum Diallo a réagi, le lendemain samedi au micro du correspondant de l’AFP et de RFI au Mali, le malien naturalisé originaire du Bénin, Serges Daniel. Rompant avec son devoir de réserve et de neutralité en sa qualité d’ancienne personnalité du pays, le Pr. Aly Nouhoum Diallo a défendu ses frères peulhs qui selon lui, sont victimes des exactions de la part des Forces Armées Maliennes (FAMa).
Est-ce à dire que les masques sont en train de tomber sur les vrais acteurs des conflits inter communautaires dans le Delta central du Niger ? La question mérite qu’on s’y arrête un peu.
L’Association des ‘’Donsons’’ (chasseurs traditionnels), dans une correspondance adressée à toutes les Autorités maliennes, dont nous nous sommes procurés une copie (à lire en annexe), indexa certains leaders politiques peulh, établis à Bamako comme des présumés complices des éléments armés auteurs des attaques contre les FAMa dans cette partie de notre territoire. Cette correspondance est le fruit d’une longue série d’enquêtes minutieuses réalisée sur le terrain. Les recoupements effectués leur ont permis d’établir une liste de personnalités peulh avec leurs numéros portables impliqués directement ou indirectement dans ce conflit. Selon les Donsons, il y a deux types de complicité relevée : certains auraient fait passer des consignes d’attaques. D’autres se font les avocats des bandits armés. A chaque fois, qu’un d’entre eux se fait appréhender par les FAMa et remis à la Justice, ils s’activent pour obtenir leur libération. Dans quelle condition, nul ne saurait le dire. Mais, le constat est qu’ils sont relaxés peu de temps après leur arrestation. Au retour au village, ces présumés auteurs d’attaques contre les FAMa viennent se moquer d’eux au pire des cas, ils abattent froidement les présumés dénonciateurs dans les villages sans cri égard. Cette liberté de main de la Justice commence à avoir raison sur la détermination de nos forces. Au lieu de dénoncer cette situation en sa qualité de dirigeant politique, notre ancien président de l’AN fait fi de son devoir de réserve pour prendre partie aux côtés des présumés criminels sans foi ni loi en s’en prenant par voie de presse à des agents assermentés, qui ont décidé de sacrifier leur vie pour défendre celle de leurs frères et sœurs du Mali, y compris celle de leurs agresseurs.
Le hic qui fait tilt ici, c’est qu’Aly a superbement ignoré ou fait semblant d’ignorer les supplices que ses frères font subir aux sédentaires Bambaras cultivateurs et les Bellas nomades originaires de la région de Tombouctou. Selon nos sources, tout comme leurs frères Bambaras, à la fois propriétaires terriens et éleveurs, les Bellas aussi qui viennent pour les foires hebdomadaires sur les marchés du cercle de Ténenkoun, sont battus parfois tués pour s’accaparer de leurs biens, notamment les troupeaux de bœufs ou de petits ruminants. Ces animaux volés sont conduits en destination des pays voisins pour y être vendus. C’est un commerce très florissant dans la zone actuellement. Tout comme au Madagascar, le vol de bétail dans le Delta central procède d’une volonté et d’une stratégie d’appauvrissement des sédentaires pour les rendre vulnérables. Le circuit, qui a ses ramifications dans les pays voisins est bien organisé et implique des personnalités parfois insoupçonnées. C’est dire que le phénomène ne peut se réduire de façon caricaturale comme Serges Daniel l’a fait toute la semaine dernière, en un simple conflit territoriale entre Bambaras sédentaires agriculteurs, qui manquent de plus en plus de terre de culture à cause des changements climatiques et les peulhs pasteurs nomades en manque d’espace de pâturage pour nourrir leur troupeau.
La réalité est à chercher d’abord dans l’interférence étrangère qui a exacerbé une plaie déjà béante en second lieu la paupérisation des peulhs. Car du fait de la sécheresse dans le Delta central du Niger, les peulh ont tout perdu.
Les causes profondes
Il suffit d’interroger notre histoire récente pour savoir les raisons profondes de la décadence qui nous frappe. L’histoire remonte à la politique d’Ajustement structurel que nous a imposée le Fonds monétaire international (FMI), sous la direction du français Michel Candesus dans les années 90, après la chute du régime du général Moussa Traoré. En son temps les réformes proposées étaient de transformer les Offices de développement en des entreprises publiques à caractère administratif (EPA) avec une autonomie de gestion. La réforme concernait l’Office du Niger, les Offices Riz de Ségou et Mopti, pour ne citer que ceux-ci.
Mais, ayant vu le manège de paupérisation de nos populations derrière ces réformes chimériques, Moussa Traoré a refusé la réforme des Offices tel que le modèle proposé par le FMI. Car, ces structures découlaient d’une vision stratégique de développement à la base, certes d’option socialiste, mais qui assuraient à notre pays son autosuffisance agricole, en terme économique : sa souveraineté alimentaire. Car, aucun pays ne saurait aspirer au développement économique et social, s’il n’est pas indépendant sur le plan alimentaire. Les Offices étaient donc des projets et programmes intégrés impliquant divers volets alliant les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. L’exemple du Mali-Lait suffisait pour se convaincre de la vision de la politique économique du moment. La mise en place de cette unité de transformation du lait avait boosté toute la filière laitière au Mali.
Les Offices de développement étaient destinés à booster le développement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche dans notre pays. Ils s’occupaient également de la mise à niveau des infrastructures routières dans les zones relevant de leur encadrement en vue de faciliter les échanges entre les zones de production et les zones de consommation. Ils combinaient également avec un volet formation : l’alphabétisation des exploitants agricoles pour leur permettre de tenir la comptabilité de leur organisation coopérative et d’être informer des nouvelles du pays à travers des journaux spécialisés. En claire faire des paysans des véritables entrepreneurs agricoles. Ils sont ainsi encouragés à rester sur place pour s’occuper de leur propre développement. Ce qui a permis une certaine maitrise du flux migratoire.
Mais avec le changement de régime en 1991, le nouveau locataire du Palais de Koulouba, Alpha Oumar Konaré, qui avait hérité de ce modèle d’organisation paysanne, avait un autre calendrier que celui du développement agricole. Aussi, sait-il laisser convaincre par le FMI de se débarrasser des Offices de développement intégré. Le plan de destruction était très subtil. Il a consisté à transformer ces Offices en Entreprise publique à caractère administratif (EPA). La thérapie proposée a consisté à les démanteler en les dépouillant de toutes leurs prérogatives pour les ramener en simple gestionnaire de l’eau. Tous les autres volets ont été confiés soit à des privés, ou à des Organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres structures de l’Etat dont les compétences restaient à prouver dans ces domaines. « L’expression employée à cet effet était recentré leur mission ». Un jeu de mot pour asphyxier notre économie.
La réforme a eu donc comme principale conséquence la chute du niveau de subventions de l’Etat (financières que techniques et professionnelles) accordées à ces structures de développement. Le retrait de l’Etat s’est accompagné par l’arrêt du volet d’encadrement qu’il assurait. Ce volet a été laissé aux ONG. Ainsi sous la forme juridique actuelle « EPA » avec autonomie de gestion, les Offices sont obligés de vivre des ressources propres qu’ils génèrent en terme de redevances d’eau. Encore que ces ressources sont très mal gérées. Or, c’est avec elles que s’effectuent le paiement des salaires du personnel, l’entretien des ouvrages agricoles et la planification de nouveaux aménagements, etc. Ce qui n’était pas évident et le FMI le sait bien. Car, tout changement de vocation nécessite un temps d’adaptation.
L’échec des reformes d’AOK et du FMI
Il devrait donc permettre une certaine mixité dans la gestion de ces structures pour leur permettre de s’affranchir du joug politique. Mais, malheureusement, ils les ont laissés à la merci des hommes politiques qui en ont fait une gestion partisane. Conséquence, 20 ans plus tard tous ces Offices se sont cassé le nez. Car, les ressources mobilisées n’étaient pas suffisantes pour leur permettre de faire face à toutes leurs charges a fortiori financé les activités extra professionnelles. Faire donc des ingénieurs agronomes des gestionnaires de projets n’était pas un pari gagné d’avance. Ainsi, n’’ayant pas la compétence requise, les nouveaux gestionnaires se sont fait piqué le nez. Dès lors, tous les Offices gisent dans des difficultés financières incommensurables. Ils ont de la peine à payer les salaires à plus forte raison entretenir les ouvrages d’irrigation. A Ségou, ça va un peu.
Mais, dans la région de Mopti, le mal est encore plus profond particulièrement dans le Delta central du Niger, où tous les aménagements de l’Office Riz Mopti se sont totalement dégradés. Les ouvrages agricoles sont si abîmés, que l’espoir d’un retour de prospérité des exploitants agricoles de cette zone semble s’éloigner à jamais. Dans les zones inondées de Mopti, Djénné, Tenenkoun, Youwarou, Konna, etc. la pauvreté s’est durablement installée. Car, faute de moyens pour entretenir les ouvrages agricoles et l’engorgement des canaux d’irrigation par la boue, l’immense plaine (rizicole et bourgoutière, etc.) qui s’étendait de Ségou à la lisière du Sahara, jadis prospère s’est asséchée avec elle l’espoir d’une vie meilleure. Or par le passé, cette immense étendue de terre agricole et de pâturage faisait vivre des millions d’agriculteurs, d’éleveurs et de pêcheurs. Autour desquels gravitaient également divers autres métiers, notamment le négoce et l’artisanat, bref toute une cohorte d’activités économiques attachant les populations à leur terroir. Au lieu donc de donner un coup d’accélérateur au développement de cette zone, la réforme a plus donné un coup de frein à son processus de développement, précipitant ces sociétés dans l’abîme, et obligeant certaines populations à migrer à la quête d’une vie meilleure.
Le jeu trouble de la France
Les sédentaires agriculteurs qui avaient commencé à s’essayer dans l’élevage ont su s’adapter au changement. Par contre nombre de leurs frères peulhs (transhumants ou non) ont perdu leur bétail du fait de la sécheresse qui s’est installé avec l’assèchement des plaines. Aujourd’hui, appauvris et humiliés par des réformes sauvages à nous imposer par le FMI dans les années 90, la plus part des jeunes peulhs sans activités sont devenus des proies faciles pour des aventuriers de tout acabit. Le mal est visible partout dans toute cette partie, jusque dans le Sahara.
Or, la zone du Delta central était le verrou entre le septentrion de notre pays, géographiquement constitué de sahel herbacé et désert épineux et l’ouest occupé par la savane arborée. Le Centre, qu’est la région de Mopti appartient à la bande sahélienne, propice à la fois à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche, contrairement au deux extrêmes où dans l’un comme dans l’autre un seul de ces domaines d’activités économiques y est possible. Le septentrion est seulement propice à l’élevage à cause des conditions climatiques. Pour également des raisons climatiques, l’Ouest n’est propice qu’à l’agriculture. Parce qu’il y pleut abondamment contrairement à la partie septentrionale, où il pleut rarement. La combinaison de ces facteurs à la fois endogène (écologiques) qu’exogène font que la vie est particulièrement difficile dans cette partie de notre territoire. Au lieu d’aider notre pays à trouver des solutions à ces difficultés à la fois écologiques que politiques parce que découlant d’une mauvaise politique économique imposée à notre pays, les néo colonisateurs français en complicité avec des politicards tapis dans l’ombre quelque part à Bamako, amplifient cette crise pour nous pousser à bout afin de s’approprier nos ressources (minières et agricoles).
Pour preuve, la France a tout fait pour empêcher la mobilisation du financement de la construction du Barrage de Taoussa par les arabes. Et, lors que le Mali a pu convaincre les bailleurs de fonds arabes à financer le projet, elle encouragea l’éclatement d’une rébellion touarègue dans la même zone à travers le MNLA, obligeant les partenaires arabes à se garder la main. Depuis, l’instabilité est devenu le compagnon des Maliens tant dans le Septentrion qu’à l’Ouest du pays. Elle s’est également employée à empêcher la réalisation du Projet sucrier de Markala. Qui aurait pu assurer à notre pays sa souveraineté sucrière et même fournir le marché africain. Comme si cela ne suffisait pas, elle contribue à entretenir un climat d’insécurité généralisée dans toute la partie septentrionale de notre pays jusque dans le sahel couvrant toute la partie centrale de notre territoire (la région de Mopti), « ce nouveau bastion de la rébellion peulh ». Que Dieu sauve le Mali.

M. A. Diakité
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