Le vendredi 9 septembre 2016, les députés ont adopté avec une large majorité la nouvelle loi électorale par 78 voix contre 28. Un vote qui intervient après des débats très houleux qui en disent long sur l’incapacité d’une classe politique à se remettre en cause pour consolider le processus démocratique au Mali. Contre toute attente, l’éternel présidente de l’APDF s’est mêlée au débat et a fait usage de chantage.
Un candidat incapable d’avoir le parrainage de 15 députés, de mobiliser 35 millions de F CFA mérite-t-il de briguer la magistrature suprême de notre pays ? Notre réponse est sans équivoque : non ! C’est pourquoi nous ne pouvons pas comprendre que la nouvelle loi électorale ait suscité autant de débats sur deux articles qui traitent de ces questions. Finalement, comme l’analysent des observateurs, «les députés ont plutôt coupé la poire en deux» pour surtout se donner bonne conscience.
Ainsi la loi adoptée maintient à 10 députés, comme dans la précédente, au lieu des 15 proposés dans le projet de loi. Quant à la caution pour chaque candidat à la présidentielle, elle passe de 10 à 25 millions de francs CFA. Le projet de loi avait raisonnablement proposé 35 millions de francs CFA avant son amendement et son adoption.
Aux yeux de l’opposition, ces deux points étaient plus importants que toutes les autres innovations comme une meilleure représentation des femmes sur les listes électorales en conformité avec la loi instituant des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives.
Il s’agit d’élire les conseillers de cercle au suffrage universel direct comme pour les autres niveaux de collectivités territoriales ; de proposer toute mesure utile de nature à assurer plus de cohérence entre la loi électorale et les textes qui régissent la décentralisation…
La nouvelle loi intègre également quelques innovations comme notamment l’institution de la Commission électorale régionale parmi les démembrements de la CENI ; l’extension de la possibilité d’organiser les élections à des dates différentes à toutes les autres élections des collectivités territoriales et le vote par anticipation des militaires.
Le nouveau texte prévoit également que le candidat aux futures élections présidentielles «doit être de nationalité malienne d’origine».
Ce projet de loi avait été adopté par le Conseil des ministres en sa séance du 15 juin 2016. Selon le gouvernement, cette relecture de la loi électorale visait à prendre en compte les orientations politiques et institutionnelles de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger. Des échanges vifs sur le texte avaient conduit à la suspension des séances le jeudi 8 septembre 2016.
Heureusement que le ministre Abdoulaye Idrissa MAIGA et des élus de la nation n’ont pas cédé aux chantage politique de l’opposition et surtout de certains militants de la société civile comme la présidente de l’Association pour le progrès et la défense des droits des femmes (APDF) pour qui le vote de la nouvelle loi est la fin du Mali démocratique.
Elle pousse le chantage jusqu’à dire que son adoption prouve que «les députés ont oublié les Martyrs et l’esprit du 26 mars 1991», c’est-à-dire l’insurrection populaire qui avait conduit à la chute du régime dictatorial du parti unique et à l’avènement de la démocratie.
«En tant que présidente d’une organisation de femmes et membre de la société civile, je pense que ce projet de code électoral va à l’encontre de notre processus démocratique. C’est comme si les gens qui ont initié cette loi n’ont pas participé au combat démocratique du 26 mars 1991», ose-t-elle critiquer.
Et d’ajouter, «je n’arrive pas jusqu’à présent à comprendre dans un pays pauvre comme le Mali qu’on demande d’élever la caution à 35 millions de F CFA, cela pour être candidat dans une élection présidentielle et avoir aussi le parrainage de 15 députés ou des conseillers nationaux».
«Je pense que ce projet de code électoral sera enfin de compte une loi d’exclusion sociale, dans la mesure où seuls les riches pourront se présenter aux élections présidentielles. Et pourtant ce sont les pauvres qui votent pour les riches. Cette loi, si jamais elle est adoptée par l’Assemblée nationale, sera une régression totale de notre démocratie» ! Voilà l’analyse volontairement erronée de la présidente de l’APDF dans une interview accordée à un journal de la place.
Pis, cette responsable d’une chapelle sans fidèles menace de mobiliser la société civile pour ne pas voter pour ces «riches» qui pourront payer la caution pour briguer la présidence de la République.
Boucliers contre les candidatures fantaisistes
«Si aussi on adopte ce projet de loi comme tel, nous, à travers la société civile, nous allons mener une campagne pour que personne ne sorte pour aller voter pour ces riches car la mobilisation de ces 35 millions F CFA sera un facteur de corruption. Pour la simple raison que les hommes d’affaires ou les réseaux mafieux peuvent se cacher derrière des candidats pour financer leur campagne en attendant le retour de l’ascenseur», poursuit-elle sans comprendre qu’elle est en train de perdre le peu de crédit qui lui reste par ce genre de déclarations démagogiques.
Depuis l’avènement de la démocratie au Mali, les campagnes électorales sont-elles financées autrement que par ce jeu de renvoi de l’ascenseur ? Les enveloppes, les pagnes, les tee-shirts, le thé où les Sotramas louées les jours de vote ne sont-ils pas déjà cette forme de corruption qu’elle tente de dénoncer maladroitement ?
Pour qui roule-t-elle, sommes-nous tentés de lui demander ? Avait-elle la prétention de briguer la magistrature suprême du pays en 2018 ? Si telle est son intention, pourquoi craint-elle la caution de 35 millions et le parrainage de 15 députés si elle est capable de mobiliser autant pour barrer la route à d’autres candidats ? Que du verbiage pour juste occuper le devant de la scène médiatique et ne pas sombrer dans l’oubli.
Cette nouvelle loi électorale contribue au renforcement de la démocratie ! C’est notre intime conviction ! Et Nous qui avons toujours souhaité une certaine moralisation de la vie politique du pays en évitant surtout des candidatures fantaisistes pour par exemple briguer la magistrature suprême du pays comme nous l’avions déploré en 2013.
La Cour constitutionnelle, chargée de valider les dossiers, avait reçu 36 candidatures. Cependant, huit candidatures ont été rejetées par la Cour constitutionnelle pour défaut de paiement de la caution de dix millions de francs CFA ou insuffisance de parrainages (dix députés ou cinq élus communaux dans chacune des régions et du district de Bamako. Qu’a fait notre «Nyeleni» pour empêcher l’invalidation de la candidature de Sidibé Aminata Diallo ?
Connait-on la source de la fortune de ceux qui ont pu réunir la caution de 10 millions de F CFA depuis 1992 ? Doit-on continuer à tolérer que des présumés leaders politiques se portent candidats aux présidentielle juste pour se positionner derrière le favori afin d’espérer un portefeuille ministériel ?
Ils sont combien les anciens candidats de 2013 à être au gouvernement aujourd’hui ou à avoir occupé un portefeuille ministériel depuis le 4 septembre 2013 ? Doit-on continuer à mobiliser des millions du contribuable pour financer des gens qui ne sont même pas capables d’avoir le suffrage de 1 % de l’électorat ? Ce n’est pourtant qu’une caution remboursable quand on enregistre un meilleur score, même si on n’est pas élu.
Nos Martyrs ne sont pas un fonds de commerce politique
Est-ce cela la démocratie souhaitée par tous ces Martyrs ? Pas du tout ! Les élections ont un coût que les seuls contribuables ne doivent pas continuer à assumer.
On n’enrichit pas un débat démocratique avec la passion et en restant figé derrière des intérêts personnels ou claniques inavoués. Mais avec le cœur et la raison. Nos élections sont de plus en plus en onéreuses contraignant le gouvernement à solliciter des Partenaires techniques et financier qui nous imposent leurs conditions sans tenir compte de nos réalités et surtout des vraies préoccupations.
Contrairement à ceux qui fustigent la nouvelle loi électorale, nous ne sommes plus fiers de cette démocratie financée de l’extérieur par des prétendus partenaires qui, par la suite, vont nous imposer même la taille de notre gouvernement. Si ce n’est pas imposer leurs marionnettes.
A notre avis, notre souveraineté commence par notre capacité et notre volonté de financer nous-mêmes nos élections. Peut-on objectivement continuer à solliciter les PTF pour financer nos élections et exiger d’eux qu’ils se tiennent loin du processus ?
Mais, nous savons tous qu’il est utopique de vouloir financer les élections sur nos propres ressources avec tant de candidatures fantaisistes. Quoi de plus normal que de mettre à contribution ceux qui souhaitent diriger notre pays.
Comment un candidat qui n’est pas capable de mobiliser honnêtement 35 millions de F CFA peut-il espérer les ressources indispensables à la concrétisation de son projet de société.
Après plus d’un quart de siècle de pratique, il est temps de tourner le dos à ces hommes politiques sans ambitions mais qui ne pensent notre démocratie qu’à leur image. Des supposés leaders politiques pour qui la politique est un ascenseur socio-financier… Ils ne conquièrent le pouvoir que pour se servir et servir leurs clans au lieu de faire résolument face aux vraies préoccupations des peuples ainsi qu’aux vrais défis de développement socioéconomique de nos Etats.
Ce sont ces loups voire des crocodiles, aux crocs aussi aiguisés et qui ont des ambitions démesurées, déguisés en politiciens qui protestent contre le progrès démocratique que symbolise la nouvelle loi électorale.
Un projet bien défendu par le ministre de l’Administration territoriale par intérim, Abdoulaye Idrissa MAIGA. Nous osons espérer que le président Ibrahim Boubacar Kéita ne va pas regretter de l’avoir fait partir à la Défense au moment où notre pays a besoin de réformes aussi cruciales qu’audacieuses et se préparer à organiser des élections capitales. Face à une opposition dilettante et qui ne jure que par ses propres intérêts, il fallait un ministre courageux comme Abdoulaye Idrissa MAIGA qui, sans jamais fermer la porte au dialogue et qui est toujours disposés à prendre en charge les propositions pertinentes de ses interlocuteurs, défend les intérêts du pays et de la démocratie sans atermoiement !
Quand on a l’ambition de diriger son pays, on se donne les moyens d’y parvenir au lieu de perdre son temps dans le chantage sur la mémoire de nos Martyrs.