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Plateforme/CMA: paradoxes et intox
Publié le mercredi 21 septembre 2016  |  Info Matin
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)
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Après les violents affrontements du 16 septembre dernier, avec le Groupe d’Autodéfense Touareg, Imghad et alliés (GATIA), la Coordination des mouvements armés (CMA) s’est fendue d’un communiqué qui met à nu de nombreux paradoxes, son option pour l’intoxication et surtout sa terreur.

Presque systématiquement les affrontements entre la CMA et le GATIA tournent à l’avantage du dernier. Il en a été de même le 16 septembre dernier à Intachdayte, à 85 km nord-ouest de Kidal quand le GATIA a démantelé une base des ex-rebelles (MNLA et MAA-dissident) et djihadistes (HCUA).

Une mission de sécurisation
Pour le secrétaire général du GATIA, Fahad Ag Almahmoud, son groupe est intervenu uniquement à des fins de sécurisation de la zone. Ce qui implique qu’elle était en proie à une insécurité croissante sur laquelle la CMA a fermé les yeux. Si elle n’en était pas à l’origine. Ce, d’autant plus que pour des mouvements qui se sont battus bec et ongle, au sein du Comité de suivi de l’Accord, pour l’organisation de patrouilles mixtes, il ne devrait pas y avoir de frictions, a fortiori des affrontements sur la question de la sécurisation d’une zone.
Ce qui est clair, c’est que de nombreux paradoxes sont apparus après les affrontements de Intachdayte.
La CMA, dans sa stratégie de minimisation, qui révèle également une grande capacité de déformation des faits, parle d’un poste qui a été attaqué.
Par contre, la CMA très peu portée sur une telle stratégie parle de base.
Dans son communiqué, la CMA déclare : « Il s’agit là d’une énième violation du cessez-le-feu et de l’accord de paix (…) ». Effectivement, la reprise de la belligérance est une violation du cessez-le-feu et de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger. Ce, d’autant plus que dans la « Déclaration de cessation des hostilités », signée à Alger le 24 juillet 2014, le premier point était : « la cessation immédiate de toutes les hostilités ».

Le rejet de la violence
Dans la même veine, dans l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, il est stipulé dès l’article 1er : « rejet de la violence comme moyen d’expression politique et recours au dialogue et à la concertation pour le règlement des différends ».
Il est cependant effarant qu’une telle observation vienne de la CMA qui a attaqué la Plateforme à Ménaka, qui était à l’origine des affrontements d’Anéfis et qui entretient la flamme belliqueuse en créant une situation confuse autour de Kidal sur fond de trahison de ses engagements pris lors des concertations d’anafif qui ont donné lieu à un ‘’Pacte d’honneur’’.
Pour les événements récents, c’est pertinent ce que dit la CMA : « (…) au moment où les parties devaient s’efforcer de maintenir le calme et s’interdire tout acte de provocation comme elles s’y étaient engagées devant l’équipe de la médiation internationale le 03 septembre 2016 à Bamako ».
Il n’en demeure pas moins que c’est cette même Coordination qui a transporté les revendications politiques (gestion consensuelle de la ville de Kidal) et sécuritaires (contrôle des check-points) sur le terrain dangereusement tribal. Ce qui crée toutes les conditions pour faire voler en éclats les dispositions relatives à la nécessaire retenue des parties pour donner toutes ses chances à la paix.
Visiblement aux abois, après les lourdes pertes enregistrées au cours des différents combats, la CMA crie au secours. Elle en appelle à la Communauté internationale : « la Coordination des Mouvements Azawad appelle la Médiation internationale garante de l’Accord à prendre toutes ses responsabilités face à ses violations répétées et qui ont pour but d’empêcher la mise en œuvre de l’Accord ». Face à l’escalade de la violence, la Communauté internationale est bien interpellée quant à la stabilisation du Mali que les affrontements entre groupes armés mettent à rude épreuve.

La panique de la CMA
Ce qu’il faut souligner, d’une part, c’est que les ex-rebelles et djihadistes semblent oublier que c’est contre plusieurs de leurs responsables que des mandats d’arrêt avaient été émis par le Procureur général Près la Cour d’Appel de Bamako. Cela, même si dans ses multiples gages de bonne volonté le Gouvernement a levé les mandats d’arrêt émis par la justice contre certains responsables de la CMA. Cela pour leur permettre de prendre part à la cérémonie solennelle de signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, le 15 mai 2015.
Almou Ag Mohamed, porte-parole de la CMA, a confirmé à l’AFP, sans voile, l’information et a expliqué que « le Mali a très bien levé les mandats d’arrêt contre quinze personnes de la CMA » en vue de « créer un climat propice autour des négociations ».
D’autre part, la sollicitation de la Communauté internationale au moment où le rapport de force lui est défavorable atteste à quel point la CMA est terrorisée et désemparée. Cela au regard des lourdes pertes subies, mais également de la stratégie d’encerclement du GATIA. Ce qui l’asphyxierait.
Tout aussi paradoxal, la CMA, tout en quémandant l’intervention de la communauté internationale s’autorise une forfanterie en proférant des menaces et des mensonges éhontés : « la CMA prévient qu’elle ne peut demeurer indifférente à ces agressions des milices qui bénéficient des équipements et de la logistique de l’armée nationale du Mali ». Ainsi, la CMA promet de sévir contre le GATIA. Pourtant, elle n’a jamais subi ; elle n’a jamais évité un affrontement. Pour un mouvement qui perd à tous les coups, l’on se demande où peuvent bien mener ses menaces. À moins qu’il ne compte sur ceux que tout le monde connaît qui lui ont sauvé la mise en mai 2014 face aux FAMAS ; à Ménaka (création de toute pièce d’un accord) ; à Annefif (menace directe de faire partir le GATIA par tous les moyens (y compris la force)) ; à Kidal (installation d’une zone tampon de 20 km ; interposition partiale) ; sur l’axe annefif-Almoustarat (zone temporaire de sécurité de 10 km de chaque côté).
Pour ce qui est de l’équipement de prétendues milices par l’armée, la sagesse devrait imposer à la CMA de faire l’impasse. Parce qu’une telle évocation amène à se poser certaines vraies fausses questions : comment la CMA s’arme-t-elle ? Comment entretient-elle ses combattants n’ayant aucune ressource officielle ? Comment la CMA approvisionne-t-elle ses véhicules en carburant, n’ayant aucun puits de pétrole et ne pouvant pas le faire à partir de Bamako ? La main invisible qui est la réponse à ces questions est connue de tous. Alors, sachons raison garder. Ce n’est pas parce que la CMA mord la poussière face au GATIA qu’elle doit se défouler sur l’armée nationale et masquer par la même occasion son incapacité notoire.

Par Bertin DAKOUO
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