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Le maire de Gao parle de la situation du Mali d’aujourd’hui… :« La sécurité, et le recouvrement de l’intégrité territoriale du Mali, doivent être la priorité absolue du gouvernement et des maliens…»,
Publié le vendredi 23 septembre 2016  |  Mali Demain
Arrivée
© AFP
Arrivée du maire Saidou Diallo à Gao apres 10 mois d`exil à Bamako
26/01/2013. Gao
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C’est un élu consterné, remonté de la cité des Askias, non moins homme politique avisé qui a toujours pris les devants sur les questions nationales, qui aujourd’hui, dénonce les violences quotidiennes dont sont victimes nos populations et l’armée, a décidé de parler sans porter de gang, une fois de plus et sans détour, de la vie de la nation malienne, meurtrie par des années d’insécurité au nord et qui aujourd’hui, gagne outre le centre présentement embrasé, et petit à petit, le sud, sans que, malgré la présence de Barkhane, de la MINUSMA, la sécurité des personnes et de leurs biens, ne devienne une réalité et qui du coup, est en passe de devenir un conte de fée. Dans cet entretien exclusif, le maire de Gao, M. Sadou Harouna Diallo, rappelle que ce qui prévaut et de toute urgence, est la sécurité des personnes et de leurs biens et non des concertations nationales. C’est un élu communal et non le moindre, qui tire sur la sonnette d’alarme en interpelant l’opinion internationale pour qu’elle arrête son prétendu appui au Mali, et aider véritablement notre pays à sortir de cette situation, de ni guerre, ni paix, malgré la signature d’un accord d’Alger qui était censé ramener une paix durable. Lisez plutôt l’entretien réalisé par Bokari Dicko !







Mali Demain : Comment voyez-vous la situation du Mali d‘aujourd’hui ?

Sadou Harouna Diallo: Ce qui me préoccupe aujourd’hui, c’est la sécurité des personnes et de leurs biens ; tout comme le recouvrement de l’intégrité territoriale de notre pays qui vit une situation incroyable et inadmissible pour un état souverain. C’est cela qui devrait être la préoccupation première de nos autorités, de tous les maliens de l’intérieur, comme de l’extérieur et de nos partenaires puisqu’on ne peut pas parler de développement, sans sécurité. Je suis bien placé de le dire puisque depuis 2012, le nord du Mali où e réside, est soumis à une insécurité grandissante avec son corolaire de morts, de blessés, de dégâts matériels très importants. En tant que maire de Gao, mes populations sont meurtries, déboussolées par la situation sécuritaire de notre région et au-delà malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics. Par exemple, tous les deux jours, un car est braqué par des gens motorisés et les biens emportés de ces citoyens qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. Si nous ne faisons pas attention, le sud sera bientôt coupé du Nord, malgré la volonté des nordistes de rester dans un pays uni et qui, tenez-vous bien se déplacent en grand nombre en faisant des va et vient aux risques de leur vie, des routes en très mauvais état. Pour moi, les autorités maliennes en tant que telles, ne peuvent pas assurer la sécurité de nos populations. Il faut pour ce faire et dès maintenant, un sursaut national de tous les fils du Mali pour combattre l’insécurité sur toutes ses formes. Donc, pour moi, l’organisation de concertations nationale, vient en second plan.

Nous devons aider l’armée et les autorités

L’armée à elle seule, ne peut pas assurer sa mission régalienne puisque dépourvue de matériels, voire de moyens, sans compter les conditions de vie et de travail de nos soldats qui laissent à désirer. Il faut que tous comme un seul homme, nous nous levons pour aider les autorités à faire face à cette question récurrente de l’insécurité au Mali et qui, si rien n’est fait, va contaminer toute la sous région ouest africaine. Comment expliquez-vous que de la chute d’ATT, à l’élection d’IBK à Koulouba, de la signature de l’accord aux forceps et qui n’a pas reçu l’assentiment de toutes les forces vives de la nation en guise de rappel, l’insécurité a gagné presque tout le territoire ; cela après un an de signature en grande pompe de cet accord d’Alger?

Le centre du pays s’embrase

De nos jours, après le nord qui est toujours chaud avec la guerre fratricide GATIA/CMA, sans compter des attaques meurtrières, c’est autour du centre du pays, de prendre le relai avec des attaques quotidiennes de l’armée, des personnes et de leurs biens, malgré la présence de Barkhane et de la MINUSMA. En clair, il s’agit à titre d’exemples des cercles de Tenenkou, de Douentza, dans la région de Mopti, qui s’embrasent avec son lot de violences. Je veux dire qu’outre le centre du pays, plus précisément, la région de Mopti est entrée dans un cycle de violence, comme tout le reste du Mali, si nous ne prenons pas garde.

L’équipement de l’armée doit être une priorité absolue…

Pour moi, la priorité absolue, demeure l’équipement de l’armée et que les forces étrangères épaulent nos FAMAs. Je veux dire que sans sécurité, point de développement. Et dieu sait que notre pays regorge de potentialités qui pourront nous permettre d’avancer, de préparer un avenir radieux pour les générations futures. Le Mali est un pays sous développé certes mais, il a ses richesses qui peuvent le faire vivre mais, ce que nous ne pouvons pas assurer, c’est notre sécurité. Ce qui demeure, c’est la sécurisation du territoire national. Sinon, le malien est connu pour être un gros travailleur. Les autorités quelque soit leurs volontés, ne pourront pas à elles seules, assurer notre sécurité avec les moyens actuels. Pour ce faire, il faut que nos partenaires nous viennent en aide pour aller à l’essentiel qui est l’équipement de l’armée, le recouvrement de notre intégrité territoriale. Il faut que nos partenaires (l’opinion internationale) arrêtent de jouer aux sapeurs pompiers puisqu’en quatre (04) ans, ce qu’elle a injecté dans les foras, les sensibilisations, pouvait permettre à notre armée d’être rééquiper pour enfin assurer sa mission régalienne. Notre rébellion, en quatre ans, nous cherchons à savoir ce que sait, sans rien savoir. Est-ce une affaire de géopolitique internationale? Est une escroquerie internationale à notre détriment? Nous ne comprenons plus cette situation qui se complique de jour en jour ?

Mali Demain : Pourtant, un accord de défense a été signé avec la France. Malgré cela, l’insécurité s’aggrave au Mali? Que comprenez-vous dans cette affaire ?

Sadou Harouna Diallo : Nous l’avons appris comme tout citoyen lambda. Nous n’avons pas reçu officiellement en tant qu’opposant, ce document. Je veux dire que nous n’avons pas été associés. En tant citoyen, je l’ai appris comme telle. J’ai été surpris que la France ne puisse pas donner de moyens conséquents à notre armée pour qu’elle assume sa mission.

Mali Demain : Est-ce que l’état malien est vraiment présent dans votre région, voir dans le septentrion?

Sadou Harouna Diallo : Je dirai non parce que la présence seulement d’un gouverneur ou d’un Préfet qui ne sont pas accompagnés de l’arsenal administratif que sont le trésor, la Douane, les impôts, ne suffit. Elle doit être accompagnée des finances, le contraire, affaiblie l’administration. Une situation que nous vivons présentement. En clair, si cet arsenal n’est pas présent, nous vivons un danger au nord parce que cette situation permet à certains citoyens (une minorité) de s’enrichir sur le dos de la république. Ce qui constitue un danger pour la République, c’est-à-dire un lobby très puissant qui empêchera le retour de l’autorité de l’état parce que le trafic et la spéculation auront de beaux jours devant eux. Cela constitue un obstacle pour une République forte qui se veut démocratique. Ce que nous vivions au nord, est plutôt, un retour partiel de l’administration malienne. Ce qui est un danger qui crée ces nouveaux riches qui, en toute impunité, exercent des activités délictuelles au grand dam de nos populations déjà meurtries.

Mali Demain : Un dernier mot ?

Sadou Harouna Diallo : Je veux que l’opinion internationale comprenne qu’au Mali nous, qui avions hérité d’une très vieille civilisation, ne comprenions plus ce qui se passe dans notre pays. Il est grand temps que l’opinion internationale soit concrète, c’est-à-dire aider nos autorités à sécuriser le territoire malien. Enfin, un peuple qui est calme, silencieux comme le nôtre après tout ce qu’il a subi et continue de subir, s’il se lève, peut être extrêmement dangereux et que rien ne pourra arrêter. Le Mali est la vitrine de l’Afrique occidentale. S’il s’embrase, c’est toute la sous région qui va l’être puisque nos frères africains ont compris ce dont nous sommes victimes. Et quand le peuple malien se lèvera dans ces conditions, c’est toute l’Afrique qui va le suivre puisque trop, c’est trop. Dans ce cas, c’est le moment pour l’opinion internationale pour se racheter pendant qu’il est temps.

Propos recueillis par Bokari Dicko
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