S’ il y a une politique étrangère qui a ce don d’être difficile à définir et à situer, c’est bien celle de la France. Si elle a tendance à se rapprocher de tel ou tel autre des camps en conflit dans un pays, sans jamais le reconnaitre offi- ciellement, au moins on sait d’elle qu’elle tient compte de certains para- mètres parmi lesquels ses intérêts et le rapport des forces en conflit sont en pole position. Et ce n’est pas la situation dans le septentrion malien qui fera cas d’exception. En effet, alors qu’elle entamait ses offensives dans le désert malien pour en dénicher les terroristes qui s’y sont retranchés après leur éviction des régions qu’ils avaient sous leur commande- ment, la force Barkhane s’était accommodée la collaboration des groupes armés du Nord du Mali. Allant jusqu’à fermer les yeux sur cer- tains de leurs mauvais agissements et empêcher l’armée régulière de faire entendre ses bruits de bottes dans plusieurs localités de la zone. Mais, le temps a passé et beaucoup de choses ont changé: la cohésion entre les groupes armés est ébranlée; la conni- vence de certains d’entre eux avec Iyag Ag Ghaly est établie; une marche violente anti-Barkhane à Ber, avec drapeau fran- çais brûlé et slogans antifrançais, est passée par là; l’armée régulière ma- lienne est mieux gérée; et surtout, trois soldats français ont été tués en avril dernier suite à l’ex- plosion d’une mine. Maintenant, c’est l’ar- mée malienne qui semble bénéficier de la «bonne compagnie» des Fran- çais. Ainsi, le 6 septembre 2016, un officier français aurait, non officiellement, menacé la CMA de représailles si elle se refusait à laisser notre armée entrer dans la ville de Ber. Ce qui a été confirmé par Ous- mane Ould Sidi, un offi- cier de la CMA à l’hebdomadaire Jeune Afrique. Sacrée poli- tique!