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Reconstruction de la nouvelle armée nationale: le chemin du renouveau
Publié le dimanche 25 septembre 2016  |  Info Matin
Commémoration
© aBamako.com par A S
Commémoration du 22 Septembre à Kati
Le Président de la République, SEM Ibrahim Boubacar KEITA a présidé le 22 Septembre 2016, les festivités de la fête de l`indépendance à Kati.
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Malgré le contexte hostile marqué par des attaques répétées contre ses bases, les nombreuses pertes en hommes enregistrées à la suite des attentats et des attaques terroristes, tous les observateurs avertis sont unanimes à reconnaître que notre armée nationale a pris, inexorablement le chemin du renouveau. À l’origine de cette mutation au sein de « la grande muette », la volonté politique affichée par les plus hautes du pays de bâtir une armée nationale à la hauteur des défis du temps
Cette volonté se traduit, essentiellement par les nombreuses réformes envisagées, notamment la Loi d’orientation et de programmation militaire, le nouveau statut général de la fonction militaire, etc.
À la faveur des festivités de la célébration du 22 septembre, nous avons tenté de comprendre ce qui se passe réellement au sein de la grande muette, à travers des entretiens avec certains acteurs.
Les raisons d’une déconfiture
De l’avis de spécialistes avec l’avènement de la démocratie, la philosophie politique des autorités de notre pays a été que le dialogue et la négociation étaient le mode de règlement de tous les conflits au sein de la République. Ainsi, bon nombre de ces démocrates ont cru que le temps des coups d’État et des conflits armés était révolu, d’un moins dans une République démocratique à l’image de la nôtre. D’où, l’apparition d’un nouveau concept, ‘’ soldat de la démocratie’’ opposé au combattant.
Une des conséquences désastreuses de cette vision a été le désagrégement de la puissance de feu de l’armée, laissant la place à la création des groupements de maintien d’ordre au sein de l’armée.
Ainsi, ces dernières années, il n’y a pas eu d’acquisition, en termes de matériels d’équipement des forces armées et de sécurités de notre pays. Pour preuve, depuis les années 1980 jusqu’en 1990, les mirages et autres appareils volants ont disparu du ciel de Bamako pendant les défilés militaires.
La politisation de l’outil de défense
Elle s’est manifestée par un comportement négatif des hommes politiques vis-à-vis de l’armée, qui, au lieu d’être vu comme un instrument de défense de la patrie, était considérée comme un adversaire politique. Pour mieux s’assurer de son soutien, les différents régimes ont procédé à la politisation de notre outil de défense, à travers la nomination de hauts gradés à des postes politiques. Progressivement, des chefs militaires ont été coptés pour faire d’eux des pions des béquilles politiques dans les casernes. Dorénavant, on devrait sa promotion, à cet engagement politique.
Pendant ce temps, il y avait la menace irrédentiste terroriste qui s’installait progressivement au nord du pays. Les velléités de ces chefs de guerre étaient gérées par les pouvoirs politiques à coup de billets de banque. La conséquence est qu’il y a eu ce que tout le monde sait le 22 mars 2012, un événement suivi de l’occupation des 2/3 du territoire.
Autres facteurs aggravants de cette insécurité au nord de notre pays, la chute du guide libyenne qui a libéré beaucoup de combattants d’origine malienne. Tous ces combattants ont été accueillis avec armes de bagages et le combattant sans frontière a été installé chez nous, relèvent plusieurs observateurs.
La perte du nord est due, selon certains spécialistes, au fait que ce n’était plus la valeur conquérante militaire qui comptait dans l’armée, mais plutôt les accointances avec le régime en place.
Le mode de recrutement indexé
Dans une armée politisée, il est évident que les bases du recrutement étaient tout sauf la valeur guerrière de l’homme. On a recruté ce qu’on appelle dans le jargon « des fils à papa », dans la logique d’avoir accès aux opportunités de promotion.
« Les fils de rien qui en voulaient n’ont pas été recrutés alors que ceux qui n’en voulaient pas ont été recrutés », a déploré un officier.
Comme pour ne rien arranger à la chose, la défaite de nos soldats a été amplifiée par la crise politique et institutionnelle qui a suivi le coup d’État de mars 2012, sans oublier les querelles intestines entre les différentes composantes de l’armée.
Les chantiers du renouveau
Contrairement à l’image du soldat malien d’hier, sans casques avec des éléments en tenue différente sur le théâtre d’opérations militaires, notre armée, grâce à la volonté politique du président de la République Ibrahim Boubacar Keita est désormais résolument engagée sur le chemin du renouveau.
Faisant le point des réformes engagées au sein de notre armée, un officier supérieur a insisté sur le constat d’un vent du renouveau qui souffle actuellement sur « la grande muette ». Mais pour le moment, a-t-il dit, le changement n’est pas encore très perceptible pour le citoyen lambda parce que, justement, il y avait trop d’immatériels à gérer.
Selon lui, un effort important a été fait par les plus hautes autorités du pays dans le sens de cette révolution de nos forces de défense et de sécurité.
Selon notre interlocuteur, le premier élément de renouveau perceptible et qui mérite d’être salué, est la volonté politique réaffirmée par les autorités de faire bouger les choses.
Le nouveau soldat attendu
De la fin de l’année 2013 à aujourd’hui, les FAMA ont bénéficié de l’appui, de l’autorisation et de l’accompagnement des plus hautes autorités pour mener à bien leur mission.
Avec des experts, l’appui des partenaires et des personnes ressources, un diagnostic sans complaisance a été posé. Toute chose qui a abouti à la conclusion qu’il nous faut un nouvel outil de défense. Cela suppose qu’il faut un nouveau type de soldat, une nouvelle formation qui nécessité aussi un nouveau type d’équipement. Aussi, un nouveau type de soldat, exige-t-il une nouvelle posture mentale et psychologique du militaire, nous a-t-on confié. C’est en tout cas, selon un officier, tout le sens de la réforme engagée.
Cette réforme a débouché déjà sur la Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM). La LOPM est basée sur 3 piliers, dont la ressource humaine est le facteur le plus important, nous a-t-on signalé.
Une armée qui reprend confiance en elle-même
Aujourd’hui, la nouvelle mentalité est en pleine renaissance. Au-delà des pertes en vies humaines, l’armée est en train de reprendre confiance et de redevenir professionnelle, s’est réjoui un responsable proche du département.
« Faisons en sorte que nous ne reculons plus », a-t-il conseillé. Il y a aujourd’hui, la formation, mais les opérations nous ont montré que la gestion du stress n’est pas une chose aisée en temps de guerre, dit-il. Aujourd’hui, au sein de notre armée, il y a des spécialistes capables de prendre en charge toutes sortes de stress en plus de la spécialisation approfondie des services de santé militaires, s’est réjoui un officier des Famas.
Pour rapprocher davantage les services de santé des hommes au front, il est prévu désormais la création des hôpitaux de campagne.
Un statut général novateur
Pour permettre à la réforme d’avoir les résultats escomptés, les autorités ont aussi élaboré des textes d’accompagnement. Notamment, la révision du statut général de la fonction militaire. Selon l’un des officiers que nous avons rencontré, dans le statut général de la fonction militaire, pour la première fois, dans les textes de l’armée, il est clairement consigné la prise en charge des militaires tombés sur le théâtre des opérations. Aussi, il est contenu dans ledit document, la prise en charge de leur famille et de leurs ayants droit.
De même, en vue de renforcer les opérations sur terrain, le nouveau statut prévoit de renforcer la capacité des hommes de commandement sur le terrain. Il est aussi attendu, une procédure très brève de radiation des militaires fautifs sur le terrain. Le nouveau texte formalise les critères de promotion dans l’armée.
Décentralisation et déconcentration des centres de recrutement
Désormais, l’engagement au niveau de l’armée est basé sur des critères de valeurs intrinsèques des candidats et non autre considération. Pour donner la preuve de ce changement des choses, le prochain recrutement au niveau de l’armée réserve une part belle aux jeunes ruraux désireux de s’engager pour la nation. Toutes les tentatives de corruption au moment du recrutement seront sévèrement réprimées, nous rassure-t-on au niveau de la hiérarchie.
Il y’aura une commission dédiée au recrutement avec des critères bien définis. De même, Bamako ne sera plus le seul centre de recrutement, mais tout le Mali. D’ailleurs, il est envisagé d’introduire l’IRM (moyen scientifique pour déterminer l’âge, à travers les ossements) au moment du recrutement.
Amélioration substantielle des conditions de vie et de travail
Autres progrès à souligner, c’est l’amélioration des conditions de vie et de travail du soldat. Ainsi, aujourd’hui chaque militaire malien a, au moins 3 tenues et les jours sont indiqués pour chaque couleur par semaine. Il y a une révision substantielle des conditions de vie de travail. Aujourd’hui, chaque miliaire sur le théâtre des opérations a une arme individuelle. Toute chose qui était un lux, dans un passé récent. De même, chaque combattant sur le terrain a un gilet pare-balles, un équipement qui coûte entre 600 et 700 000 F CFA l’unité. Chaque militaire a également des casques lourds.
Aujourd’hui, en attendant la réalisation des dortoirs dans les casernes, l’État a instauré des primes de logement pour les soldats, appelées indemnité compensatrice de logement (ICL).
En plus d’une augmentation de 15 % déjà accordée, pour les primes de risques liés à la vie militaire, l’État a également accordé une augmentation de 15 % sur le salaire.
L’équipement, un souci constant
Pour l’équipement, beaucoup d’efforts ont été faits. À ce niveau, on peut souligner le MOC, qui a été doté de 50 véhicules pour faciliter les patrouilles mixtes. Aussi, l’habillement à tous les éléments.
Ces engins sont appelés les consommables en terme militaire et on peut en perdre assez au cours d’une seule opération. C’est pourquoi la question de véhicules est une préoccupation constante au sein de l’armée.
La question de la couverture aérienne est aussi en bonne voie et des actions ont été menées dans ce sens. Seulement, un avion ne se vend pas au marché préfabriqué. Et le minimum de temps de fabrication d’un avion, c’est au moins un an. C’est pourquoi on a beau parler d’avions pour l’armée, ça n’arrive jamais aussi vite que l’on puisse le souhaité, nous a-t-on confié. ‘’Sinon, il n’y a pas de doute que des commandes ont été passées dans ce sens’’, a rassuré un officier.
Le défi de la perfection de la chaine de commandement
L’un des chantiers majeurs pouvant aboutir au renouveau de notre outil de défense reste la perfection de la chaine de commandement. À ce niveau, des efforts restent à faire, a reconnu un des hauts gradés de l’armée. Au nombre desquels, la gouvernance. Aujourd’hui, c’est « les fils à papa », qui tiennent le commandement de l’armée et ne sont pas, le plus souvent, là par vocation, regrette-t-on au sein de la grande muette.
La formation, fer de lance
Le renouveau au sein de nos forces armées et de sécurité passe nécessairement par la formation des hommes. Aujourd’hui, l’armée malienne dispose de 2 centres d’aguerrissement. Ces formations d’aguerrissement sont en cours. Aujourd’hui, l’EUTM nous a permis de recycler 12 GTIA.
Certes, ces formations sont très utiles puisqu’elles nous permettent de procéder à la mise à niveau des hommes, mais force est de reconnaitre qu’elles sont, pour le moment loin de la ligne de front. Au moment où il est question du démarrage de la troisième phase de cette formation, les autorités compétentes et les partenaires (l’EUTM) ont décidé de délocaliser les sessions de Koulikoro à Ségou, puis Sikasso et Kayes, etc.
Autre signe du renouveau, aujourd’hui, la réalisation d’un camp digne de ce nom est en construction à Nampala après les événements du 17 juillet dernier.
Ce qui est évident, c’est qu’aucun régime ne peut réussir sa mission de paix de sécurisation du territoire, des personnes et de leurs biens sans une armée forte.
Le pilier de la paix et de la réconciliation nationale
Si une armée, à l’image de la nôtre, n’arrive pas à surmonter ses divisions, il sera difficile pour elle de jouer le rôle qui est le sien dans le cadre de la réconciliation nationale. En ces temps du renouveau, le clivage béret vert béret rouge est en passe de devenir un lointain mauvais souvenir pour enfin laisser la place à une vraie fraternité d’armes, nous a-t-on indiqué.
Dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord de paix, le DDR constitue un passage obligé. Et cela constitue une autre question de la vitalité de notre armée. C’est pourquoi l’armée a pris le devant en élaborant une politique nationale de DDR qu’elle a déjà partagé avec les groupes armés, les partenaires et la société civile. Une commission nationale travaillera sur la base de ce document au moment de l’intégration.
La redynamisation de ces relations actions civilo-militaires est aussi un défi majeur pour la réussite des opérations sur le terrain. Cette redynamisation passe par une étroite collaboration entre les FAMA et les populations.
Par Abdoulaye OUATTARA
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